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Intervention de secrétaire nationale de la CFE-CGC

Réunion du 12 mai 2010 à 9h30
Commission des affaires sociales

secrétaire nationale de la CFE-CGC :

Monsieur Jacquat, je ne vais pas défendre la solution d'une maison commune des retraites qui n'est pas la mienne. La question d'une réforme de l'architecture du système de retraite ne manque pas d'intérêt, en ce qu'elle permettrait une remise à plat des questions de solidarité et favoriserait une plus grande lisibilité et la convergence des différents régimes ; mais une réforme systémique prendrait des années, et l'urgence d'aujourd'hui c'est la question du financement. La diversité de nos régimes de retraite est l'héritage d'une logique par métiers, qui est encore très prégnante aujourd'hui : la remettre en cause ne sera pas une mince affaire.

Il est vrai que les différences de traitement, qui en sont la conséquence, heurtent les attentes de nos concitoyens en matière d'égalité de traitement : le rendez-vous Retraite 2010 ne saurait faire l'impasse sur cette exigence d'égalité, très forte dans le domaine des retraites. Les salariés du privé ont le sentiment que l'État les laisse tomber, quand ils voient que la question du niveau de leurs futures pensions n'est jamais évoquée. Et ne croyez pas que l'affichage de mesures telles que la prise en compte des vingt-cinq dernières années, au lieu des six derniers mois, pour le calcul de la retraite des fonctionnaires suffise à les rassurer !

Parlons plutôt du taux de remplacement : de ce point de vue, il y a aujourd'hui un fossé entre le traitement réservé aux salariés du privé, soit trente millions de personnes, retraités compris, et ceux relevant d'autres régimes, qui bénéficient d'un taux de remplacement garanti de 75 %. Et si les primes ne sont pas comprises dans le calcul de ce taux, c'est qu'elles n'ont pas été soumises à cotisation. Si on ne parvient pas à faire converger les deux régimes, qu'on rassure au moins les salariés du privé, notamment les jeunes : qu'ils sachent au moins quel niveau de pension ils pourront espérer. C'est l'objectif du bouclier retraite que nous proposons. Or, je crains que ce rendez-vous de 2010, avec ces deux séries de négociations séparées, l'une pour le public, l'autre pour le privé, n'aboutisse, modifications des paramètres de calcul des pensions mises à part, à offrir trop de garanties aux uns et aucune aux autres.

Je me réjouis de ne pas avoir à me prononcer sur le sort du Fonds de réserve pour les retraites en tant que présidente du conseil d'administration de la CNAVTS, les organisations représentées au sein du conseil s'étant prononcées contre notre proposition d'utiliser le fonds pour faire face aux besoins les plus urgents. L'objectif assigné au fonds à sa création était de constituer une réserve destinée à lisser les besoins de financement du système de retraite après 2020 et de faire face aux déficits des régimes. Or, ni les 34 milliards d'euros dont il dispose aujourd'hui, ni les 60 à 80 milliards d'euros dont il devrait disposer à l'horizon 2025, selon les dernières projections, ne lui permettront d'atteindre son objectif initial. Autrement dit, il ne pourra jamais répondre à sa mission fondamentale. Certes, on peut toujours considérer qu'y toucher serait un crime de lèse-majesté. Pour ma part, j'estime qu'il vaut mieux chercher d'autres solutions de financement à long terme et mobiliser le fonds pour faire face aux échéances plus urgentes.

Vous m'interrogez sur la retraite des femmes. Si la mutualisation des risques que permet la répartition apporte déjà des correctifs précieux au bénéfice des femmes – je pense notamment aux droits dérivés –, la retraite ne peut pas corriger toutes les inégalités de la vie professionnelle. Pour ma part, je souhaiterais que les femmes obtiennent davantage de droits propres, les droits dérivés ne reflétant pas une conception de la société qui me convient.

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