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Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Je souhaite revenir sur un point essentiel : on parle d'aide à la Grèce, de remboursements… mais traite-t-on la cause du mal grec ? On peut certes déplorer un manque de rigueur de la part des dirigeants de ce pays, mais tout n'est pas là. Vous le savez d'autant mieux que la France est confrontée à la même difficulté, à savoir la baisse de sa compétitivité.

Je me suis procuré un petit graphique très parlant qui a été établi par Eurostat – gage de sérieux. Il montre, depuis 2000, de quelle manière les pays gèrent leur balance des paiements courants, et retrace leur déficit de compétitivité. La balance des paiements courants de la Grèce s'effondre ; celle de l'Espagne également ; celle de l'Italie baisse fortement et celle de la France l'accompagne. À l'inverse, la balance des paiements courants allemande progresse de façon continue. Pourquoi ? Parce qu'on ne traite pas la cause du problème.

Si l'on se limite à une course au dumping social et fiscal au sein de la zone euro, une récession globale permanente est inévitable. C'est le déficit de notre balance des paiements courants, nourri par notre consommation, qui a fait le succès des exportations allemandes et permis de maintenir dans la zone euro un semblant de croissance.

Le jour où tous les pays agiront de même, que se passera-t-il ? La zone euro s'enfoncera, comme elle commence d'ailleurs déjà de s'enfoncer, dans la croissance lente.

On semble considérer la dévaluation ou, du moins, la dépréciation monétaire, comme une catastrophe. Mais que font les États-Unis ? Que fait le Royaume Uni ? Que fait la Chine ? Ces pays profitent de la dévaluation monétaire ou de la dépréciation de leur monnaie pour gagner des positions à l'export, pour renforcer leurs excédents commerciaux, cependant que la zone euro est celle du chômage maximum. Comment pouvez-vous imaginer que le système puisse ainsi tenir à la longue ? À combien de sacrifices va-t-il falloir soumettre les peuples européens, leur jeunesse ? Combien de retard allons-nous continuer d'accumuler en matière d'investissements productifs, décisifs pour gagner la compétition mondiale du XXIe siècle ? Combien de temps allons-nous subir ce malthusianisme économique qui nous enfonce tous, les uns après les autres ?

Vous ne voulez pas voir la cause du mal, à savoir la manière dont est géré l'euro, cette monnaie unique qui ne correspond pas aux intérêts des différents pays. Quand vous aurez administré trop de potion amère aux pays de la zone euro, il ne restera qu'une solution : en finir avec la monnaie unique. (Murmures sur les bancs du groupe NC.) Vous allez faire détester l'Europe aux Européens alors même que l'Europe devrait être le moyen de nous aimer les uns les autres et de construire l'avenir, de bâtir le XXIe siècle scientifique et industriel en investissant massivement, comme le font bien sûr la Chine et les États-Unis qui, eux, jouissent d'une liberté monétaire que nous interdit l'euro.

La création prévue de cette nouvelle section « Prêts aux États membres de l'Union européenne dont la monnaie est l'euro » risque de concerner bien vite d'autres pays que la Grèce, à moins que le système n'explose avant.

(L'article 1er est adopté.)

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