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Intervention de Bruno Le Roux

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Certes, mais les élections municipales interviendront à la même date qu'en métropole, c'est-à-dire cinq semaines après le premier scrutin. On mesure à quel point le calendrier que vous avez fixé est incohérent.

En fait, monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement nous propose une nouvelle réforme du mode de scrutin territorial de la Polynésie chaque fois que M. Temaru est sur le point d'accéder au pouvoir ou qu'il a une chance de s'y maintenir, au détriment de vos amis politiques. C'était déjà le cas en 1996, alors que le parti indépendantiste poursuivait sa progression et obtenait 30 % des voix. C'était encore le cas en 2004, quand il s'agissait pour vous d'empêcher le Tavini Huiraatira d'accéder au pouvoir. L'instauration d'une prime majoritaire devait en effet assurer la suprématie du Tahoera'a, parti de M. Flosse, qui représentait vos intérêts en Polynésie. J'ai décrit longuement le contre-effet produit par cette décision sur le peuple polynésien. Votre manoeuvre fut couronnée de succès dans les archipels mais pas à Tahiti, où Oscar Temaru avait appelé à un rassemblement des partis d'opposition, autonomistes et indépendantistes.

Vous nous avez accusés de soutenir quelqu'un qui souhaitait mener la Polynésie à l'indépendance. Mais je rappelle que M. Temaru considère que l'indépendance doit non seulement faire l'objet d'un référendum d'autodétermination, mais en tout état de cause être différé jusqu'au moment où les conditions économiques et sociales la rendront possible, au terme d'une période qu'il estime devoir être de dix à quinze ans.

Pour avoir eu à ce sujet de nombreuses discussions avec lui, moi qui respecte trop le peuple polynésien pour être indépendantiste, je pense que tout dépend de nous. Si nous savons conduire dans les prochaines années une politique qui rende à la Polynésie la fierté d'appartenir à la République, si celle-ci fait tout son travail, qu'elle se serve dans le Pacifique de la formidable culture maohi, si nous savons déléguer de véritables pouvoirs et respecter les choix démocratiques, nous pourrons discuter avec les Polynésiens d'un avenir commun et leur faire oublier leur actuel rejet de certaines pratiques auquel l'État a cédé durant ces dernières années. Ce n'est pas sans raison que, en Polynésie plus qu'ailleurs, élus et électeurs refusent ce qu'il a incarné, et la façon qu'il a eue d'agir et de considérer, voire de soutenir des pratiques locales insupportables. Si l'État montrait au contraire une image irréprochable et faisait tout ce qu'il faut pour le développement, nous pourrions évacuer – je l'espère en tout cas et je serai peut-être à vos côtés pour l'expliquer à mes amis – une indépendance qui ne me semble pas aujourd'hui un processus possible, maîtrisable, à même d'assurer le développement de la Polynésie tel que nous l'imaginons.

Pour revenir aux élections, je remarque que, curieusement, chaque fois qu'Oscar Temaru est élu président de la Polynésie française, l'État agit de la même manière. Quand M. Temaru est arrivé à la tête de la Polynésie, la première déclaration de votre prédécesseur, monsieur le secrétaire d'État, fut d'affirmer que les opérations électorales n'étaient pas terminées et que les robinets seraient fermés ! Ces paroles se sont vérifiées : dès le lendemain de l'élection, il n'y avait plus personne au standard du ministère de l'outre-mer ni de l'Élysée pour répondre au nouveau président de la Polynésie.

La situation se reproduit en 2007, puisque, immédiatement après la censure du gouvernement Tong Sang, vous annoncez une énième modification du mode de scrutin et « l'abréviation du mandat ».

Il paraît évident que ce nouveau mode de scrutin est destiné à favoriser l'émergence d'une majorité autour d'un homme, grâce à un rassemblement de petits partis prêts à apporter leur soutien à votre protégé du moment en Polynésie.

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