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Intervention de Bernard Faivre d'Arcier

Réunion du 31 mars 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Faivre d'Arcier :

En France, les milieux intellectuels et culturels étaient historiquement indifférents, voire hostiles, aux mécanismes du marché : telle était l'opinion dominante, notamment au ministère de la culture, il y a une quinzaine d'années. Les choses changent, et il s'agit désormais de réfléchir aux moyens d'accompagner cette évolution, comme l'ont fait nos voisins et partenaires britanniques. À l'issue d'un travail considérable de réflexion stratégique mené pendant des années par le British Council, les Britanniques ont décidé de soutenir très franchement leurs industries culturelles.

Nous n'avons pas su consacrer une réflexion de grande ampleur aux industries culturelles, alors que ce secteur s'impose désormais par son importance. En témoigne la parution toute récente du livre Mainstream, dans lequel Frédéric Martel analyse les valeurs culturelles dominantes dans le monde. Selon lui, ce mainstream n'est pas uniquement américain, mais multipolaire : il peut être aussi bien indien, africain, chinois, etc. Je pense que tous nos agents culturels à l'étranger devraient s'intéresser à une telle réflexion.

D'une façon plus générale, ceux-ci devraient être formés plus qu'ils ne le sont au fonctionnement de ces marchés culturels, y compris du marché de l'art. Il ne s'agit pas d'en faire des experts en tout, mais d'en spécialiser certains en fonction de nos objectifs stratégiques et tactiques. Si on envisageait il y a encore deux ans de supprimer la fonction d'attaché audiovisuel, c'est que le cinéma français n'utilise plus notre réseau de centres et d'attachés culturels pour se faire connaître : c'est Unifrance qui, en dehors du réseau diplomatique habituel, a désormais la charge de promouvoir notre industrie du cinéma à l'étranger, comme Ubifrance nos entreprises.

Mais nos agents culturels devraient aussi avoir le souci de corriger les conséquences du libéralisme économique dans le domaine de la culture en promouvant une politique culturelle indépendante du marché, notamment dans les domaines artistiques qui ne relèvent pas de l'industrie culturelle, tels que le spectacle vivant – théâtre, danse, mime, opéra, etc. Ils devraient connaître le fonctionnement économique de ces artisanats de prototype. En l'absence de cette formation, le lien avec les institutions culturelles nationales ne s'établit pas. À l'inverse, les programmes de formation permettraient de coordonner l'action des différents ministères.

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