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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 31 mars 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Nous ignorons superbement le réseau dont nous disposons dans le monde : non pas le réseau institutionnel, sur laquelle la charité commande de ne pas s'attarder, mais le réseau de ceux qui aiment la culture française et pratiquent la francophonie.

Je prendrai l'exemple des étudiants indiens, qui sont au nombre de 80 000 aux États-Unis et 4 500 en Allemagne, mais seulement 1 400 en France. Alors que l'Inde a besoin d'exporter ses étudiants, ne pouvant pas les former tous, au point qu'elle encourage l'installation d'universités étrangères sur son territoire, ceux-ci ont du mal à obtenir un titre de séjour des autorités françaises. Même les universitaires américains – je tiens l'information de vous, monsieur Compagnon – ont tant de difficulté à obtenir un visa qu'ils s'en passent, n'étant de toute façon jamais expulsés de France.

Ce n'est que depuis quelques années que Campus France fait l'effort de recenser, pays par pays, les anciens élèves de nos établissements d'enseignement : c'est bien, mais c'est un minimum. En revanche, notre ambassadeur aux États-Unis ignore qui sont les anciens élèves de l'université française. Il ne dispose pas non plus d'un recensement des anciens boursiers. De même pour notre ambassadeur en Inde : il ignore même que le plus grand homme d'affaires que l'Inde ait jamais connu était français. Et on prétend avoir un réseau à l'étranger !

Quant à la question de la défense de la langue française, elle est obscurcie par la confusion la plus totale. Le rayonnement culturel du français ne pourra être assuré que par la qualité des écrivains francophones, même si on peut déplorer qu'il n'existe pas en France d'équivalent du New York Review of Books. En revanche, au contraire du latin, de l'anglais et de l'arabe, le français n'a jamais été et ne sera jamais lingua franca, c'est-à-dire la langue du monde des affaires, des échanges économiques ou du droit. Il n'a même jamais été, au contraire de ce que prétend un absurde poncif, langue diplomatique, en dépit des deux ou trois traités passés en français entre deux nations non françaises. Essayons de défendre le rayonnement de la culture francophone dans le monde, mais n'essayons pas de faire du français la langue du droit des affaires.

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