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Intervention de Bernard Faivre d'Arcier

Réunion du 31 mars 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Faivre d'Arcier :

J'interviens dans cette table ronde à plusieurs titres. Administrateur civil au ministère de la culture et directeur du théâtre et des spectacles, j'ai une expérience de l'administration. Créateur du pôle français d'Arte, j'ai dirigé pendant quinze ans le festival d'Avignon puis, commissaire de saisons culturelles étrangères en France, j'ai régulièrement utilisé les services du réseau culturel français. C'est sans doute la raison pour laquelle le ministère des affaires étrangères m'a chargé il y a un an et demi de rédiger une étude comparative sur les réseaux culturels européens.

Lorsque Donald Morrison a parlé de mort de la culture française, il se référait à des secteurs où la France n'exerce plus la même influence, depuis le début du XXe siècle pour la littérature, depuis le milieu des années 1960 pour les arts plastiques. Mais surtout, il mesurait le déclin grâce à un étalon nouveau, l'économie. Si l'on adhère à cette vision, il est vrai que les marchés de l'édition, de l'art – comme le montrent Catherine Lamour et Danièle Granet dans Grands et petits secrets du monde de l'art – et les industries culturelles produisent des résultats à la mesure de ceux de l'économie française dans le monde. Pour autant, je ne pense pas que l'on puisse dire que la culture française se porte mal : il existe des secteurs comme l'architecture, la danse, la musique ou le théâtre où la France est particulièrement influente.

La situation serait désespérée si la puissance publique cessait d'agir en faveur de l'expansion culturelle française. Ce n'est pas le cas, et il faut organiser cette action de la manière la plus efficace possible. L'action du ministère des affaires étrangères et européennes mérite d'être complètement repensée. Ces dernières années, le personnel culturel s'est vu imposer une baisse constante de ses crédits d'intervention, au point d'en acquérir le sentiment de sa propre inutilité. Le ministère de la culture opère également à l'international. De grands établissements, comme le Louvre ou le Centre Pompidou, mènent des actions à l'étranger, mais de façon peu coordonnée. Les collectivités territoriales jouent quant à elles un rôle croissant, avec des actions moins dépendantes du réseau diplomatique, mais peu recensées et parfois mal expliquées à l'opinion publique.

S'agissant de la grande agence, j'ai longuement hésité : faut il que la culture soit au service de la diplomatie ou la diplomatie au service de la culture ? Le débat est sans fin. Pour des raisons d'économie, les services de coopération et d'action culturelle sont fusionnés avec les centres ou instituts culturels français, ce qui a pour effet de rapprocher l'action culturelle du poste diplomatique. Sans doute l'autorité de l'ambassadeur doit-elle s'exercer sur l'ensemble des services français à l'étranger, mais ce n'est pas en ce sens que les Britanniques ou les Allemands ont organisé leur action culturelle.

Si grande agence il doit y avoir, sa première mission doit être de professionnaliser les agents qui se dévouent pour défendre la culture française à l'étranger. Nos futurs attachés culturels ignorent souvent tout de la gestion d'un établissement à autonomie financière et connaissent mal l'actualité culturelle française. Ils reviennent en France après avoir épuisé leurs possibilités de postes à l'étranger, et se retrouvent au chômage. Leurs homologues anglais ou allemands reçoivent, eux, une formation de six mois dans leur administration centrale et développent une carrière au cours de laquelle ils occupent des postes tant dans leur pays qu'à l'étranger. Si nous parvenions à former des équipes expertes, notamment dans la levée de fonds européens, l'efficacité de nos services s'en ressentirait immédiatement. C'est en cela que résiderait tout l'intérêt d'une agence.

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