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Intervention de Arnaud Danjean a été fonctionnaire au ministère de la défense et

Réunion du 31 mars 2010 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Arnaud Danjean a été fonctionnaire au ministère de la défense et, président de la sous-commission sécurité et défense au Parlement européen :

Je suis d'accord avec vous : l'implication des parlementaires nationaux va bien au-delà du symbole. C'est une nécessité vitale de trouver une formule pour s'associer, car la défense reste une question relevant des relations intergouvernementales et de la souveraineté nationale. Il est légitime, normal et indispensable que les parlementaires nationaux soient associés le plus possible aux décisions prises au niveau européen.

J'ai précisément essayé d'éviter de faire une peinture mythologique des budgets de défense. Cette approche peut donner l'impression que l'on réduit considérablement la voilure et que l'on aboutit à des choses anecdotiques ou marginales. Je ne crois pas que ce soit le cas. En matière de défense et de sécurité, la politique des petits pas est à la fois frustrante et nécessaire. Autant je me méfie des personnes pour qui la défense européenne est le nirvana, autant je conteste l'idée que l'on ne puisse rien faire. Sans doute, du fait des contraintes capacitaires et budgétaires, faut-il voir le verre plus « à moitié vide » qu'« à moitié plein ».

Les coopérations renforcées, consolidées par le Traité de Lisbonne, permettent de réaliser l'Europe de la défense autour d'un noyau dur de cinq ou six pays que l'on retrouve, d'ailleurs, sur le plan industriel : la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne, mais aussi la Grèce, qui était jusqu'ici un partenaire important, animé d'une réelle volonté de participer et doté d'un budget militaire important.

Il faudra compter avec d'autres pays intéressés. Bien que la Pologne ait des progrès à accomplir en matière de structures et d'infrastructures, le fait de l'arrimer à certains projets européens, y compris à des opérations extérieures – les Polonais ont été de gros contributeurs au Tchad, notamment –, est un élément positif. Les pays de la Baltique ont développé des modèles assez poussés de surveillance et de sécurité maritimes. Alors que beaucoup sont neutres ou réticents à s'engager dans des dépenses militaires, cet aspect de sécurité civile a permis de réintroduire la dimension « défense ». Confrontés à l'immigration illégale et à toutes sortes de trafics, les pays méditerranéens sont aussi susceptibles de s'y intéresser. La PSDC peut s'investir sur ces terrains, ce qui suscitera des besoins capacitaires en bateaux, en hélicoptères ou en radars...

Alors que l'Europe éprouve beaucoup de difficultés à appréhender les questions d'industrie de défense en raison de leur caractère extrêmement sensible, je suis persuadé que l'on peut réintroduire des efforts de recherche et de développement en passant par des technologies à caractère dual – civil et militaire –, plus faciles d'accès au regard de la réglementation européenne que l'industrie de défense stricto sensu. Il y a deux ans, le « paquet défense » visait à fluidifier le marché des industries de défense au niveau intra-européen. Il faut, à terme, un « paquet défense II » plus orienté vers l'extérieur, établissant un concept de « préférence communautaire » – certains pays européens ont en effet la mauvaise habitude d'acheter systématiquement sur étagère les matériels américains sans même prendre connaissance de l'existence et de la qualité des matériels européens – et renforçant la compétitivité des industries européennes dans le monde. Sur ce point, je regrette que le Parlement européen soit plus dans le débat que dans la décision, laquelle relève principalement de la Commission. Reste que celle-ci est maintenant sensibilisée. Nous pouvons jouer le rôle d'aiguillon pour remettre le sujet à l'ordre du jour.

En matière d'industrie de défense, comme constituer des champions européens ? Quelle est la taille critique qui permettra à la fois de conserver l'immense savoir-faire technologique, de maintenir les emplois et d'être compétitif à l'échelle internationale ? La logique de mutualisation est parfois contreproductive. Dans le cas de l'A400M, on a l'impression que la volonté d'associer tout le monde a provoqué de la déperdition. Il convient plutôt d'insister sur la maîtrise d'oeuvre : les champions européens ne doivent pas se créer au prix d'un nivellement par le bas, mais en s'agrégeant au contraire autour de l'excellence d'industries souvent nationales. Sinon, on s'expose à des processus bureaucratiques et artificiels. Le sujet est loin d'être épuisé, hélas.

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