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Intervention de Hind Khoury

Réunion du 23 février 2010 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France :

Permettez-moi de rappeler qu'en 1988 le Conseil national palestinien a accepté un compromis historique : la création d'un État palestinien d'une superficie correspondant à 22 % seulement de la Palestine historique, et une solution juste à la question des réfugiés. Ces conditions n'ont pas varié. C'est l'État que nous exigeons, et c'est notre droit, que reconnaît le droit international ; la communauté internationale dans son ensemble est sur cette ligne, à l'exception d'Israël. C'est ce schéma qui figure dans la feuille de route et c'est aussi le sens de la déclaration de décembre dernier dans laquelle l'Union européenne affirme qu'elle ne reconnaît aucun des faits accomplis par Israël dans les territoires occupés depuis 1967, Jérusalem-Est inclus.

Le Hamas a déclaré plusieurs fois qu'il accepterait l'établissement d'un État palestinien dans les frontières de 1967. Après les élections de 2006, le président Abbas avait donné tout pouvoir au Hamas pour former un gouvernement. Le problème auquel nous nous sommes alors trouvés confrontés, ce fut la réaction de l'Union européenne. L'Union, qui se trouve souvent incapable de prendre des décisions politiques, a pris dans ce cas une décision spectaculaire en nous imposant des sanctions. Etant donné leur dureté et leur ampleur, il n'est pas surprenant, vu le contexte, que des divisions soient apparues entre Palestiniens. Mais nous insistons sur la nécessité d'une réconciliation sans laquelle il n'y a pas de futur possible, et le Président Abbas a signé le document présenté par l'Egypte à cette fin. On attend toujours que le Hamas le signe. Maintenant, des élections doivent avoir lieu en Juin 2010, nous espérons en priorité que le Hamas accepte de tenir ces élections, car c'est l'élément le plus important pour sortir de l'impasse de la division Palestinienne.

Historiquement, la Palestine et actuellement Gaza sont des lieux où se jouent des intérêts régionaux et même internationaux, ce sont des terrains où différents pouvoirs jouent leurs partitions politiques au lieu de le faire chez eux, et les aides reçues de l'étranger influencent les décisions des partis politiques. Telle est la situation, mais il n'y a pas lieu de se focaliser sur le manque d'unité palestinienne qui est une question interne aux Palestiniens. Le Hamas reconnaît que les négociations sont de la responsabilité du Président Abbas et indique qu'il acceptera un accord signé par lui.

Les problèmes de fond sont connus : c'est l'absence de paix et une occupation croissante depuis 1967. C'est à cela qu'il faut mettre un terme en priorité.

Nous avons été déçus que la demande du Président Obama de geler la colonisation comme préalable aux négociations n'ait pas été suivie d'effet. Maintenant, les États-Unis suggèrent la reprise de proximity talks, ou de pourparlers indirects de proximité. Pour notre part, je l'ai dit, nous voulons des négociations qui soient porteuses de résultats, qui aboutissent à la paix et à un État palestinien. Cela veut dire des négociations qui sont basées sur des références du droit international, avec un calendrier précis.

Que se passera-t-il si nous tentons des négociations et que dans trois mois on se rend compte qu'on n'arrive à rien ? Faudra-t-il tout reprendre à zéro ? Les États-Unis doivent dire clairement quelle sera leur position dans ce cas. Nous allons discuter de ces questions au sein du comité de suivi de la Ligue arabe. Le Président Abbas était satisfait de la déclaration de l'Union européenne de décembre dernier ; il espère que les États-Unis adopteront la même position.

S'agissant de l'absence supposée d'interlocuteurs palestiniens, je rappelle à nouveau que les Palestiniens ont accepté de négocier sur la base d'un compromis historique. Seize ans de négociations n'ont abouti à rien. Les Israéliens ne peuvent donc sérieusement pas prétexter d'une division entre Palestiniens intervenue il y a deux ans et demi alors qu'ils poursuivent l'occupation depuis 42 ans. Les choses doivent être clairement dites : l'obstacle majeur à la négociation et à tout progrès politique, c'est la colonisation qui, en grignotant progressivement le territoire de l'État palestinien, rendra très vite géographiquement sa création impossible ; à vous d'en tirer les conclusions. Quant a nous, nous entendons poursuivre le programme de reconstruction de nos institutions, de notre économie, de nos finances et de notre sécurité ; nous avons besoin d'aide pour rebâtir des institutions publiques démocratiques et nous avons besoin que des élections se tiennent. Si Israël ne comprend pas qu'il est dans son intérêt à long terme, comme le disent les présidents français et américain, d'avoir comme voisin un État palestinien viable, démocratique et indépendant, vous devrez aussi tirer les conclusions de cette attitude. Le compromis que nous avons accepté forme un tout. Les Palestiniens ne sont pas prêts à accepter un État ghetto et totalement morcelé et qui n'aurait pas Jérusalem-Est comme capitale ; nous ne reviendrons pas sur ce point.

Nous avons salué la déclaration de M. Kouchner, qui en appelle à la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967. Nous espérons qu'Israël reconnaîtra que c'est l'objectif de toute négociation, mais le président Abbas veut bien envisager de définir avec les pays arabes comment faire progresser cette négociation, éventuellement par le biais de proximity talks. Si les négociations sous cette forme ont lieu sur une base claire et acceptable, on saura très vite si l'on doit aller vers la demande de reconnaissance d'un État palestinien. Dans tous les cas, nous n'agirons pas seuls mais avec les pays arabes. Je suis certaine que l'Union européenne reconnaîtra alors l'État palestinien et j'espère que les États-Unis n'opposeront pas leur veto.

Certains considèrent que nous n'avons guère de choix. Mais les Palestiniens resteront chez eux. Nous avons fait la preuve de notre capacité de résilience ; s'il n'y a pas d'État palestinien, il y aura d'autres options.

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