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Intervention de Jean-Yves Leclercq

Réunion du 11 février 2010 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Jean-Yves Leclercq, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris :

L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris constituant juridiquement un ensemble unique, nous ne procédons pas à des fusions mais à des rapprochements hospitaliers qui y ressemblent.

Si la relative proximité géographique est une des premières clés de la réussite, vous avez tout à fait raison d'insister sur le projet médical.

Je prendrai l'exemple de deux hôpitaux à la fois très proches et très différents, Saint-Louis et Lariboisière, qui forment aujourd'hui un groupe hospitalier. Le premier est orienté vers la médecine programmée, la cancérologie et l'hématologie ; le second est plus généraliste, même s'il exerce des activités de pointe comme la neurochirurgie, et il est orienté vers les urgences et la médecine non programmée. Nous avons décidé de constituer des pôles de grande taille, en particulier en ORL, domaine dans lequel nous avons transféré vers le service beaucoup plus important de Lariboisière celui qui existait à Saint-Louis, tout en maintenant dans ce dernier établissement des antennes de consultation et de liaison. De la sorte, nous avons pu atteindre dans cette discipline une masse critique, ce qui a paradoxalement permis d'améliorer l'offre de soins grâce au nombre de médecins présents, à une meilleure continuité des soins et au développement des compétences hospitalo-universitaires. Cela a été possible parce que ces projets médicaux ont bénéficié de l'implication des équipes, notamment des présidents des comités consultatifs médicaux, élus par leurs pairs.

Outre qu'une forte volonté de la direction générale est bien évidemment nécessaire, une autre condition de succès tient à la possibilité d'instituer une gouvernance médico-administrative et une équipe de direction uniques. Pour reprendre l'exemple de Saint-Louis-Lariboisière, l'ensemble des deux hôpitaux est désormais géré par un seul directeur et par un seul directoire médical et administratif. Cela ne signifie pas que les fonctions de proximité ne sont plus assurées dans chacun des deux établissements, mais que les ressources humaines, les affaires financières, les affaires économiques, la qualité, la sécurité, la technique, sont désormais regroupées et gérées à ce niveau, comme dans n'importe quel centre hospitalier universitaire, ce qui permet de réunir les forces et les compétences et de gagner en productivité.

Le succès de la fusion suppose aussi de doter le groupe, dans le cadre de la gestion du projet et de la délégation de compétences, d'outils de pilotage permettant d'atteindre les objectifs médicaux, organisationnels, économiques, financiers et sociaux.

Une politique très pointue d'accompagnement social de la mobilité me paraît également nécessaire. Nous y travaillons avec l'aide du Fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés, qui apporte un soutien financier à la mobilité interne et, éventuellement, externe.

Enfin, même à Paris, nous devons travailler avec les élus locaux afin d'expliquer que notre logique n'est pas comptable mais fondée sur la recherche de la performance et de l'efficience médicale. Il est par exemple évident que l'hématologie pratiquée à Saint-Louis n'est pas une activité de proximité et que notre seul souci est de faire en sorte qu'elle fonctionne bien et que les regroupements nous permettent d'atteindre des masses critiques. Nous ne parvenons pas toujours à convaincre les élus, mais au moins faisons-nous passer le message que la réduction de voilure n'est pas destinée à diminuer l'offre mais à la maintenir et à la développer tout en l'améliorant qualitativement, par l'accroissement des compétences, et en préservant, j'y insiste beaucoup, la continuité et la permanence des soins.

Tout cela s'inscrit dans un contexte de fort déclin de la démographie médicale : 45 praticiens hospitaliers de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris partiront en retraite en 2010, le double en 2011 et le triple en 2012. Par la suite, jusqu'en 2015, ce sont chaque année 200 médecins qui partiront en retraite, soit 18 % de nos effectifs, et nous savons bien qu'ils ne seront pas tous remplacés. Nous devons donc anticiper cette évolution et, dans cette perspective, les regroupements nous permettront de mieux utiliser le temps médical.

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