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Intervention de Geneviève Fioraso

Réunion du 19 janvier 2010 à 17h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeneviève Fioraso :

La semaine dernière, un article du Nouvel Observateur opposait la capacité d'expertise de notre pays, son potentiel de recherche et son aptitude à mener à bien de grands projets, à son inefficacité en matière d'exportation. L'analyse m'a semblé assez juste : les patrons de nos grands groupes, formés dans nos grandes écoles, fabriquent d'excellents produits, mais qui ne sont pas toujours adaptés à la demande des pays dans lesquels on exporte. En outre, comme j'ai pu le constater dans certains pays de l'Est, leurs représentants peuvent faire preuve d'arrogance vis-à-vis de leurs interlocuteurs, ce qui n'est pas le meilleur moyen de vendre. Surtout, alors que les Allemands pratiquent le « tir groupé », Siemens par exemple tirant profit de ses positions pour vendre aussi des voitures, les Français donnent plutôt l'impression de se nuire mutuellement. Ce défaut d'entente, la cacophonie que l'on observe dans le domaine du nucléaire ne donnent pas confiance aux opérateurs ou aux grands équipementiers étrangers, qui n'ont pas envie d'acheter français.

On a parlé, avec raison, de la taille critique des entreprises, s'agissant de nos PME-PMI. On a fait remarquer aussi que ces dernières ne bénéficiaient pas suffisamment de l'effet d'entraînement des grands groupes, à la différence de l'Allemagne, où ces entreprises sont en outre plus grandes et mieux à même d'innover, grâce notamment à l'action de l'Institut Fraunhofer. Chez nous, un seul pôle de compétitivité, Minalogic à Grenoble, a signé un Small Business Act avec Oseo et Schneider Electric : ces derniers ont conclu un pacte aux termes duquel tous les sous-traitants de Schneider Electric et toutes les PMI-PME adhérant au pôle bénéficient du réseau à l'export de ce grand groupe. Il serait intéressant de généraliser cette pratique vertueuse, dont Ubifrance pourrait s'inspirer. Certains groupes de la microélectronique, comme STMicroelectronics, recevant le soutien des pouvoirs publics et des collectivités territoriales pour leurs projets de recherche, pourquoi ne pas en faire une contrepartie à l'aide ainsi accordée ?

L'attitude de l'Union européenne à l'égard de la filière de la microélectronique pose également problème : non seulement elle ne considère pas ce secteur comme stratégiquement intéressant, mais il faut lui demander la permission pour aider un projet de développement, ce qui est une aberration. La DG Concurrence prime totalement sur la DG Industrie. Il n'y a pas de stratégie industrielle européenne. Or, pour ce qui est de la compétition internationale, l'Europe est le bon niveau. Nous manquons de volontarisme. Il ne s'agit pas d'être protectionniste, mais simplement d'exister vis-à-vis du reste du monde. En l'occurrence, la microélectronique contribue à l'innovation dans tous les secteurs industriels et représente 12 % de la recherche et développement d'un pays.

Enfin, la France très en retard dans l'apprentissage des langues, y compris dans les grandes écoles d'ingénieurs. Or ne pas pratiquer une langue signifie ne pas s'intéresser à la culture d'un pays et ne peut que conduire à de mauvais résultats dans le commerce extérieur.

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