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Intervention de Yves Bur

Réunion du 12 janvier 2010 à 21h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Bur :

Mon analyse rejoint en partie celle de Dominique Dord : il y a dans ce débat beaucoup d'excès et de passion, alors que nous devrions aborder cette question avec beaucoup de responsabilité. L'heure des bilans n'est pas encore venue, car les risques de l'épidémie ne sont peut-être pas encore totalement écartés. Soyons donc prudents. Le moment venu, en revanche, il sera de notre devoir de nous interroger collectivement et d'analyser les faits.

À la différence de certaines crises sanitaires passées, pour lesquelles nous avons cherché des coupables qui n'avaient pas assez anticipé les réponses, certains sont tentés aujourd'hui de chercher des coupables qui les ont trop anticipées. Si donc je suis favorable à la mise en place d'une mission d'information, que nous pourrions mener sereinement comme nous avons l'habitude de le faire, je ne le suis pas à la création d'une commission d'enquête qui chercherait des coupables. À l'évidence, nous devrons tirer les conclusions de ce qui s'est passé et analyser l'ensemble des choix qui auront été arrêtés, mais faisons-le, je le répète, dans la sérénité et la responsabilité, en évitant les polémiques inutiles.

Quelles seront les conséquences de la gestion de cette crise, notamment sur l'attitude des Français vis-à-vis de la vaccination ? Je suis inquiet du discrédit jeté sur la vaccination par tous les docteurs Diafoirus de l'Internet, que nous risquons de payer très cher en termes de santé publique dans les années à venir. On observait dès avant la crise des refus de vaccination contre la rougeole ou la coqueluche. Ce sera peut-être un jour le tour de la rubéole. Nous pourrions voir réapparaître des catastrophes qui avaient disparu.

Nous sommes donc confrontés à un problème de santé publique en devenir, que nous devons avoir le courage d'affronter ensemble.

Il conviendrait de savoir – et il me semble que Mme la ministre, qui est venue devant notre commission chaque fois que nous en avons exprimé la demande, est prête à aborder cette question – si l'organisation actuelle nous permettrait d'affronter une pandémie beaucoup plus sévère. De fait, et pour l'exprimer d'une manière un peu caricaturale, si la pandémie avait été plus virulente, nous aurions dû placer des CRS devant les centres de vaccination. La question se pose d'ailleurs dans d'autres pays. Ainsi, en Allemagne, où je me trouvais début novembre, on disait que le nombre de doses de vaccin était insuffisant. La crise a été, me semble-t-il, gérée au jour le jour.

Sans doute devrions-nous nous interroger, d'autre part, sur la gouvernance mondiale de l'OMS et sur la manière dont sont édictées ses recommandations et ses règles. En effet, je vois mal un gouvernement passer outre pour définir ses propres règles. Quelle confiance pouvons-nous accorder à la gouvernance mondiale ?

En tant que rapporteur de la loi de financement de la sécurité sociale, j'ai le souci de savoir combien tout cela a coûté. Le moment venu, nous étudierons sereinement cette question pour évaluer la part prise en charge par chacun. Nous avons bien noté, par exemple, que les assurances complémentaires ont tiré argument de leur contribution à la vaccination pour augmenter leurs tarifs, alors que leur situation financière ne l'exige absolument pas.

Enfin, nous devrons nous demander comment affronter un autre épisode pandémique. Il faut le faire en capitalisant sur la confiance de l'opinion publique. Dans la crise actuelle, cette confiance n'a pas toujours été au rendez-vous ou a été fluctuante. Le refus de vacciner manifesté par certains médecins pose aussi la question de la responsabilité de certains responsables syndicaux et de la part de politique politicienne dans l'action syndicale. Comment pourrait-on capitaliser sur des médecins généralistes majoritairement opposés à la vaccination ?

Il est de la mission de notre commission que nous nous posions toutes ces questions et je souhaite que nous le fassions, en parfaite complémentarité avec le Gouvernement.

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