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Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 8 décembre 2009 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Le fait que l'Indonésie se joigne aux opérations est effectivement positif. Pour donner à notre présence une coloration un peu moins occidentale et chrétienne, il faudra aussi étendre la coopération à d'autres pays musulmans.

Deux mois ont été nécessaires pour compter les résultats du premier tour et ma mission en a été retardée d'autant. L'appréciation de la mission des Nations unies a fait l'objet de dissensions au sein de la coalition. Je pense qu'un deuxième tour aurait abouti au même résultat. La première partie de la campagne s'est bien passée, avec des réunions et des débats télévisés. Même si on a déploré des victimes sur le terrain et même si la participation a été très faible, le scrutin s'est déroulé d'une manière à peu près satisfaisante. Mais malheureusement, au final, les résultats ont été peu crédibles.

Abdullah Abdullah a adopté la meilleure tactique : il a capitalisé sur son nom pour l'avenir et représente désormais un recours, alors même qu'Hamid Karzaï, normalement, ne peut prétendre à un troisième mandat. Il a montré une certaine maturité, auprès de la population comme des partenaires occidentaux en calmant ceux qui, parmi ses supporters, notamment dans le Nord du pays, voulaient prendre les armes, évitant ainsi la constitution d'un second front, à l'intérieur du camp légaliste.

Le grand succès est que le processus a été totalement pacifique, malgré la polémique relative au décompte des voix. M. Abdullah n'a pas fait un mauvais calcul car il en sort grandi et, de toute façon, étant tadjik, il aurait certainement perdu, même s'il bénéficie d'une certaine popularité en occident. De surcroît, dans le climat actuel, participer au gouvernement ne présente aucun intérêt – de même qu'en France, pour ceux qui rejoignent un gouvernement de coalition, en général, cela finit mal.

Le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN n'a pas de conséquence sur le terrain mais il contribue certainement à améliorer le climat avec les Britanniques et les Américains. Le général Druart, par exemple, témoigne de l'absence de problème avec le grand allié américain, même si nous n'engageons sur place que 3 750 hommes, soit 4 à 5 % du contingent total. Il faut préciser que les troupes françaises sont très appréciées car elles ne sont pas contraintes par des caveat (restriction à l'emploi des forces) : leurs effectifs sont certes limités mais ils sont reconnus pour leur travail et leur professionnalisme.

La concentration géographique de tout notre effort a un avantage et un inconvénient. Nous pouvons vraiment suivre le cheminement des crédits, jusqu'à la distribution dans les villages. Du reste, la plupart des ONG intervenant dans notre zone étant françaises, les détournements sont faibles. Je le répète, seule fait exception notre contribution de 8 millions d'euros au programme national de solidarité géré par le gouvernement afghan. Toutefois, des ONG intervenant ailleurs nous reprochent de les oublier. Je pense notamment à une structure française implantée en Afghanistan depuis très longtemps, Humana Terra, essentiellement financée par des crédits japonais, qui gère l'hôpital d'Herat et concentre son action vers les femmes s'immolant par le feu. J'ai d'ailleurs reçu récemment un collectif d'une quinzaine d'associations qui demande un effort plus dilué du point de vue géographique. Mais nous suivons une logique : auparavant, l'action civile succédait à l'action militaire ; aujourd'hui, nous cherchons à développer l'action civile pour sécuriser la force.

Le général Mc Chrystal, que j'ai rencontré à deux reprises, n'a cessé de me parler de Lyautey, de la tradition et de l'exemplarité française. Sans sous-estimer leurs talents de communicants, je me réjouis d'entendre les commentaires positifs de nos alliés américains, avec lesquels les rapports sont vraiment bons.

1 commentaire :

Le 16/01/2010 à 19:55, Le Canard Déchaîné (Lecteur averti) a dit :

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Remarquée par la Canard du 30 décembre 2009, cette présentation de la situation en afghanistan par le député Mariani, représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan, illustre les conséquences concrètes en termes décisionnels de la réintégration de la France dans l'OTAN: l'engagement des militaires français ne dépendra désormais plus d'une décision et d'un accord formel de leurs généraux comme Chirac l'avait décidé en 2003.

Mariani aurait par ailleurs complété son témoignage du général Marcel Druart sur l'absence de problèmes avec les hauts responsables de l'OTAN en affirmant que les généraux US ne lui disent pas tout.

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