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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 15 décembre 2009 à 17h30
Commission des affaires sociales

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

Les questions sont nombreuses – certaines presque philosophiques, d'autres très pratiques. Comment un grand pays avancé mène-t-il des campagnes de santé publique ? Notre système de santé est-il capable de faire face à l'organisation d'une telle campagne ? Comment réfléchir à notre système de santé ?

En la matière, les comparaisons avec les pays étrangers sont toujours hasardeuses. En effet, les systèmes et les mentalités, ainsi que l'adhésion à l'autorité de l'État et à sa légitimité à intervenir dans le colloque singulier entre le patient et le médecin, sont très différents. De surcroît, le faible taux d'adhésion, dans notre pays, de l'opinion publique et des personnels soignants – en particulier des infirmières – à la vaccination est bien antérieur à l'apparition de la grippe. En revanche, les campagnes que nous avons menées ont permis une meilleure adhésion des professionnels de santé, bien supérieure à celle que nous enregistrions au début de la vaccination grippale. Chez les infirmières, je le rappelle, les taux étaient catastrophiques.

Pour ce qui est des médecins généralistes, il n'est pas question de remettre en cause leur capacité à pratiquer l'acte de vaccination, qui est du reste extrêmement simple. Les seules difficultés sont d'ordre logistique, du fait de la présentation du vaccin en flacon multidoses. Les généralistes sont bien évidemment les bienvenus, lorsqu'ils vaccinent dans les centres de vaccination, où ils sont d'ailleurs très nombreux. Ils ne sont nullement mis à l'écart.

Je tiens cependant à rappeler les données qui ont fondé notre choix d'organisation. Elles tiennent notamment à notre histoire et à la structuration de notre système de santé. On ne change pas un système de santé une semaine avant une campagne vaccinale. Il n'est guère pertinent d'invoquer le succès de la vaccination en Suède ou en Angleterre, où le système de santé est totalement étatisé, avec des médecins salariés. Il est assez étonnant d'entendre vanter ce système par certains tenants d'une médecine ultralibérale !

Nous avons également dû nous adapter à certaines contraintes. En effet, la presque totalité des vaccins dont nous disposons nous ont été livrés, je le rappelle, en boîtes de 50 flacons de 10 doses. C'est ce qui nous a permis de recevoir ces vaccins avec deux mois d'avance par rapport à une livraison sous forme d'unidoses. Nous disposons certes de vaccins de ce type, réservés à des cas particuliers – par exemple à nos concitoyens à l'étranger –, mais si nous avions fait le choix d'une vaccination unidose, nous n'aurions encore reçu que très peu de vaccins. La présentation actuelle fait du reste partie des éléments qui contribuent à la sécurité de la chaîne.

Enfin et surtout, n'allez pas croire que je sois assise devant un gigantesque frigo qui contiendrait 94 millions de doses de vaccin. Les livraisons des vaccins sont échelonnées, de sorte que nous n'avons pas pu appeler en une seule fois l'ensemble de la population, et que nous l'avons fait en commençant par les plus fragiles de nos compatriotes. Là encore, il est plus facile d'observer ce principe éthique et médical de « public prioritaire » dans des centres de vaccination que dans la filière de la médecine générale. Voilà pour l'amont.

Quant aux 57 000 médecins généralistes, ils nous ont fait savoir qu'ils n'étaient certainement pas tous disposés à vacciner. Ainsi, selon un sondage du Quotidien du médecin publié le 21 septembre, la moitié d'entre eux refusait de le faire. De même, une union régionale des médecins libéraux a fait savoir au ministère que, tous syndicats confondus, ses médecins se refusaient à la vaccination.

Une campagne de vaccination par l'intermédiaire des généralistes aurait donc supposé une consultation préalable des 57 000 médecins, pour leur demander s'ils voulaient vacciner et quel volume d'activité ils étaient prêts à consacrer à la vaccination. De fait, il n'est pas question de vacciner un quart d'heure de temps à autre – une vaccination demande au moins 20 minutes à des équipes rodées, si l'on compte le temps d'entretien avec le patient, l'injection et les opérations liées à la traçabilité. Nous sommes loin de l'image de la caserne où l'on vaccinait les appelés à la chaîne après les avoir mis à poil.

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