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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 9 décembre 2009 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

… il nous faut trouver une stratégie qui nous permette d'être utiles.

M. Bascou a souligné que les règles d'engagement en Afghanistan diffèrent selon les pays. C'est exact.

Les promesses faites par M. Karzaï lors de son récent discours d'investiture seront-elles tenues ? Que vous dire à ce sujet ? Que nous avions beaucoup de difficultés avec le gouverneur de la province où nos troupes sont déployées, qui n'était pas notre favori ; que nous avons demandé qu'il soit remplacé ; que cela n'a pas été fait ; qu'il a été prolongé dans ses fonctions. Ce n'est pas bon signe. De même, je sais qui étaient les vice-présidents de M.Karzaï et je constate qu'il les a reconduits, mais je sais aussi ce qu'est la politique, même en Afghanistan, et qu'il est plus facile de constituer une majorité avec ceux qui y sont prêts qu'avec M. Abdulah Abdullah. J'espère que M. Karzaï tiendra ses promesses, les trois personnalités civiles dont je vous annonçais la nomination y veilleront, comme le font les ambassadeurs. De plus, la France a proposé que le secrétaire général de la présidence soit chargé d'harmoniser les grands ministères, ce qui permettrait un dialogue plus facile. J'espère que cette proposition sera suivie d'effet.

La situation actuelle, monsieur Bacquet, n'est pas celle qui prévalait du temps du Politburo. La France l'a dit dès la conférence de Paris : nous ne gagnerons pas militairement, nous gagnerons avec les Afghans, pour réaliser des projets civils. Nous continuons à agir en ce sens.

Monsieur Dufau, vous considérez que nous courons à l'échec. Tout dépend de ce que l'on recherche, et nos cherchons une victoire civile. Oui, trois fois oui, il faut lutter contre la misère. On oublie trop souvent que l'Afghanistan est l'un des pays les plus pauvres du monde ; or, dans ce pays, un soldat de l'armée afghane est payé 70 dollars par mois, celui qui s'engage chez les talibans 300 dollars… et un garde d'une société privée américaine Blackwater 15 000 dollars. Aussi longtemps que de telles différences perdureront, la lutte contre la misère sera un échec. L'important, c'est de mener à bien des projets civils ambitieux, tels que l'électrification, l'irrigation, le don de semences, ce que font nos troupes dans les vallées où elles sont déployées. Le terme de « guerre de civilisations » est une expression que je n'emploierais pas, mais il existe des oppositions dans le monde dont il faut bien tenir compte.

Encore une fois, la mission à laquelle nous participons en Afghanistan est une mission des Nations unies pour laquelle la Conférence des donateurs qui se réunira en janvier prochain à Londres marquera, je l'espère, un tournant.

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