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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 9 décembre 2009 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir organisé cette audition, mais je proteste de la manière la plus ferme contre le débat cadenassé qui aura lieu la semaine prochaine en séance plénière. Ce n'est pas ma conception de la revalorisation du Parlement et je vous prie de le faire savoir à la Conférence des présidents.

En Afghanistan, nous assistons à une fuite en avant. Nous sommes pris dans un engrenage : comme c'est le cas dans toute guerre asymétrique où une armée régulière fait face à une guérilla, les militaires vont nous demander d'envoyer toujours plus de troupes, si bien que nous apparaîtrons de plus en plus comme une armée d'occupation. Il n'y a aucune solution militaire possible, et vous le savez fort bien, monsieur le ministre, vous qui insistez sur le fait que la France doit davantage former que combattre. La stratégie américaine est confuse, l'OTAN, devenu le gendarme du monde, est dans une impasse. Tout cela aura des résultats catastrophiques et nous ne pourrons pas nous retirer dans deux ans. Al Qaïda, en déroute en Afghanistan, est beaucoup plus fort en Somalie et en d'autres lieux. Le problème est que l'Afghanistan compte douze millions de Pachtounes, mais qu'ils sont trente millions de l'autre côté de la frontière, ce qui a pour conséquence la déstabilisation du Pakistan. Cette situation est néfaste et tout cela se terminera mal, comme dans toute guerre de ce type - même si nous obtenons des succès militaires, nous devrons nous retirer.

Et, après tout, il ne nous revient pas de choisir le modèle de société que veulent les Afghans. On peut regretter leur choix, mais nous n'avons pas à imposer notre modèle de société, voire de croyance ; plus longtemps nous restons en Afghanistan et plus nous aggravons l'incompréhension entre le monde arabo-afghano-musulman et les sociétés occidentales. La lutte contre le terrorisme peut prendre d'autres voies, et commencer chez nous, en Europe, que ce soit en Grande-Bretagne ou en France. Nous nous sommes mis dans un mauvais cas et nous le paierons très cher.

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