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Intervention de Jean-Michel Boucheron

Réunion du 9 décembre 2009 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Boucheron :

Pour que les attentats d'Al Qaïda cessent, trois conditions doivent être réunies. La première est que Al Qaïda soit déstabilisé là où elle a ses bases ; la deuxième que nos services secrets fassent bien leur travail, et je pense que c'est le cas ; enfin, que nous ayons de la chance. Notre présence en Afghanistan vise à déstabiliser Al Qaïda et à rien d'autre. Or, Al Qaïda est active dans quatre zones : dans les zones pachtounes certes, mais aussi en Somalie, au Yémen et au Sud-Sahara.

S'agissant de l'Afghanistan proprement dit, attendre de M. Karzaï qu'il mette un terme à la corruption est aussi fantaisiste que d'attendre d'un poisson qu'il respire hors de l'eau. Cela mis à part, le problème le plus grave est celui des talibans. Or, le message de M. Obama - « Nous allons renforcer nos troupes pendant dix-huit mois puis commencer à les retirer » - est ambigu car si cette stratégie est comprise en Occident comme un renforcement, pour les Afghans elle annonce un retrait, et les talibans vont se sentir confortés par cette déclaration ambivalente. Les talibans sont le bras armé du nationalisme pachtoune, ce qui nous importe assez peu ; seulement, à ce titre, ils sont aussi le bras armé du Pakistan contre l'Inde et contre le gouvernement afghan. A l'inverse, ne serait-il pas souhaitable que les Indiens fassent preuve de discrétion au Pakistan ? Enfin, qui dit « talibans » dit un certain projet de société, ce qui pose un vrai problème. Le monde occidental est-il prêt à ce que, dès les troupes de la coalition parties, on ferme les écoles de filles, et parfois mêmes celles des garçons ? Existe-t-il un moyen de négocier d'ores et déjà avec les talibans afin que notre départ ne se traduise pas par un échec pour la société afghane - car, si tel est le cas, Al Qaïda, tôt ou tard, reprendra des forces ?

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