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Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 3 décembre 2009 à 15h00
Droit au revenu des agriculteurs — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le débat, qui nous réunit ce soir, et dont l'initiative revient à notre collègue André Chassaigne, est essentiel en raison du contexte actuel. Chacun a entendu les cris d'alarme lancés par les éleveurs laitiers, qui sont à la pointe de la contestation depuis plus d'un an. Le monde agricole subit une crise globale aux conséquences dramatiques pour l'emploi et l'aménagement du territoire. L'ensemble de la filière est touchée par la pression exercée sur les prix des productions agricoles. Si nous n'y prenons garde, les prédictions funestes des économistes qui envisageaient le futur agricole autour d'une centaine de milliers d'exploitations seulement se réaliseront très rapidement.

Chers collègues, le groupe socialiste, radical et citoyen soutient l'initiative du groupe GDR. Elle est le signe de notre solidarité et témoigne de notre engagement commun à défendre la dignité des travailleurs qui se lèvent tôt et travaillent désormais pour rien, parfois même pour perdre de l'argent.

Il ne suffit pas de vanter la « valeur travail » en faisant de beaux discours. Encore faut-il donner aux travailleurs les moyens de vivre normalement de leurs efforts. Or ce n'est pas ce à quoi la doctrine libérale nous a conduits. Au contraire, cette logique que vous êtes si nombreux à soutenir dans la majorité impose de travailler toujours plus pour vivre moins bien. En fait, vous promouvez la société du bas coût, incompatible avec le progrès social.

En présentant la loi de modernisation de l'économie en 2008, l'UMP nous expliquait que l'objectif était de faire baisser les prix à la consommation. Il faudra tout de même un jour nous expliquer comment l'on fait pour faire baisser les prix sans que les travailleurs de la chaîne économique, à un stade ou à un autre, en souffrent. Il y a soit de la naïveté, soit de l'aveuglement volontaire à croire que les décideurs économiques rogneront sur leurs marges sans rien dire. Il est à espérer que l'affaire de la TVA sur la restauration ouvrira les yeux des naïfs et aura un effet sur la suffisance dont Président de la République fait preuve. Cela n'en prend pas le chemin, mais l'autosatisfaction n'a jamais résolu les problèmes des Français.

Monsieur Chassaigne, nous soutenons votre proposition, mais je ne vous cache pas un certain pessimisme quant à la capacité de la majorité d'accepter votre proposition de loi. (Sourires.) Toutefois, nous voulons accompagner votre premier pas en vous proposant quelques amendements, sans doute trop modestes d'ailleurs. Je les présenterai tout à l'heure.

En attendant, monsieur le ministre, je veux vous faire part de notre utopie, du rêve que nous faisons pour l'agriculture de demain, et vous demander que la France convainque ses partenaires européens d'édifier les fondements de la future politique agricole commune.

Je veux également vous parler de l'urgence qu'il y a à relocaliser relocalisation des productions agricoles. Je reviens ce matin du Togo où j'ai participé à un atelier sur le développement durable, organisé par l'Assemblée parlementaire de la francophonie. Chaque fois que j'aborde ce sujet, j'ai l'impression d'être entendu.

Il ne suffit pas, comme le Président de la République, de faire semblant de quitter le dogme libéral pour appeler à une nouvelle régulation sans en définir les contours. Il est urgent de promouvoir une nouvelle régulation mondiale qui s'appuie sur la relocalisation des productions agricoles.

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