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Intervention de Yves Vandewalle

Réunion du 25 novembre 2009 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Vandewalle, rapporteur :

Le Livre blanc a servi de feuille de route dans notre travail sur les drones.

Ces aéronefs pilotés à distance sont une assistance majeure pour les décideurs et les combattants. Ils ont connu des développements rapides, notamment à l'occasion de la première guerre du Liban, avant d'être massivement utilisés en Irak et en Afghanistan. Cela explique qu'Israël et les États-Unis soient les deux pays en tête dans ce domaine.

Il n'existe pas de classification officielle des drones, mais un consensus s'est dégagé pour les répartir en plusieurs segments. Le premier est celui des drones de haute altitude et longue endurance (HALE), volant à plus de 20 000 mètres d'altitude, dont le seul exemple est le Global Hawk américain. Il s'agit d'un segment peu intéressant pour la France qui dispose de moyens satellites suffisants. Opérant entre 5 000 et 15 000 mètres, les drones de moyenne altitude et longue endurance (MALE) sont certainement les plus importants. Notre SIDM-Harfang en fait partie. L'autonomie de certains des drones MALE peut s'élever jusqu'à une trentaine d'heures. À plus basse altitude, les drones tactiques sont déployés en soutien aux forces engagées en opération. Enfin, les minidrones, tels que le DRAC français et les microdrones sont de petits engins, d'une portée maximale d'une dizaine de kilomètres, destinés à des usages tactiques et de renseignement.

Il s'agit d'un marché émergent à forts enjeux politiques et industriels. L'Europe compte des acteurs industriels relativement nombreux sur le segment tactique. Mais seule l'entreprise EADS a une production sur le segment MALE, en s'appuyant sur une plateforme israélienne produite par la société Israel Aerospace Industries (IAI). IAI a quant à elle investi près d'un milliard de dollars dans le développement de ses drones, au point de disposer d'une gamme complète, éprouvée par près de 500 000 heures de vols. Elle est aujourd'hui à la recherche de partenariats.

Les coûts de développement des drones MALE s'élèvent à plusieurs centaines de millions d'euros et ce marché se caractérise par des effets d'échelle importants. Aux États-Unis, l'entreprise General Atomics fabrique quatre Predator B dits Reaper par semaine, lorsque le SIDM-Harfang français a été produit à quatre exemplaires seulement.

Ces investissements se justifient par les nombreux atouts des drones, dont la principale valeur ajoutée est l'endurance, qui permet la permanence sur zone. Ils peuvent être employés à des actions très diverses, telles que la surveillance ou l'écoute des communications. Cela est rendu possible par la modularité de ces appareils, leur deuxième atout majeur. Ainsi, les opérateurs du SIDM-Harfang envisagent de substituer des pods de transmission de données ROVER aux radars.

Nous avons peiné à obtenir des informations claires sur les coûts. S'agissant de nos drones MALE, les coûts de possession sont clairement élevés, le soutien industriel d'une heure de vol s'élevant à près de 12 600 euros. Mais cela vient en grande partie d'effets d'échelle. L'administration américaine du Homeland Security estime quant à elle le coût d'une heure de vol de Predator B à 3 600 dollars, soit deux fois mois que pour leurs avions de surveillance maritime, les P3 Orion.

Les drones s'insèrent dans un système global de renseignement, aux côtés des Awacs ou encore du renseignement humain, ladirection du renseignement militaire jouant un rôle important pour la synthèse des informations. En effet, ces appareils permettent la diffusion d'informations en temps réel, dès lors qu'ils sont équipés des dispositifs de transmission des images adéquats. Cela soulève des enjeux industriels non négligeables, notamment en termes d'interopérabilité. On a vu notamment que des standards de fait se sont imposés sur le théâtre afghan. Pour sa part, le système de drone tactique intérimaire (SDTI) français sera bientôt équipé par un dispositif conçu par la société Sagem.

À côté de ces missions traditionnelles de surveillance, les drones assurent également des missions de combat. S'il était difficile d'approfondir ce sujet en Israël, nous avons pu obtenir des informations précises aux États-Unis. En outre, le rapport aborde les usages futurs, et notamment les potentialités des drones en matière d'aérolargage, d'héliportage ou encore d'évacuation des blessés. Nous avons rencontré les représentants d'une PME alsacienne produisant un drone pouvant transporter 250 kilogrammes qui pourrait être employé pour des usages humanitaires ou pour le ravitaillement de bases avancées.

Si en Israël c'est la composante aérienne de Tsahal qui opère les drones, chaque arme gère les sienne de façon très cloisonnée aux États-Unis. En France comme au Royaume-Uni, chaque armée opère également les siens. Cela fonctionne bien ainsi, mais nous souhaitons que soit désigné un seul et même pilote pour la maintenance et le soutien.

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