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Intervention de Marie-Hélène Amiable

Réunion du 12 novembre 2009 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2010 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Hélène Amiable :

Madame la présidente, monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs, chers collègues, cinq minutes par groupe pour expliquer son vote sur les crédits de l'enseignement scolaire pour 2010, voilà le temps octroyé aux députés pour débattre en séance publique du premier budget de l'État, voilà le signe de l'estime que porte ce gouvernement à l'avenir de la nation, à l'éducation de sa jeunesse, à la formation des futurs citoyens et citoyennes, voilà la réponse de la majorité présidentielle aux attentes de ceux et celles qui sont les acteurs ou les bénéficiaires de l'enseignement : élèves, parents, enseignants et personnels de l'éducation.

La pauvreté du projet du Gouvernement est inversement proportionnelle à la communication dont il fait l'objet. Avec 16 000 suppressions de postes en 2010, le Président de la République continue à dégraisser !

Peu importent les difficultés constatées sur le terrain, les classes surchargées, les problèmes de remplacement et la dégradation des conditions de travail des enseignants, vous offrez tellement mieux : de l'emploi précaire, l'explosion des heures supplémentaires et une réforme des IUFM qui permettra à 50 000 étudiants en master de s'entraîner à être enseignants, seuls, sans tuteur, sans concours, sans formation, sans assurance, sans statut, devant des élèves durant 108 heures par an !

Peu importe l'avis de la majorité des parents qui jugent que les réformes Darcos ne vont pas dans l'intérêt des élèves ou le rapport de l'inspection générale de l'éducation nationale qui conclut que la semaine de quatre jours entraîne fatigue des élèves et réduction du temps consacré à l'enseignement – cent quarante jours, alors que la moyenne de l'OCDE est de cent quatre-vingt cinq jours !

Peu importe le rapport de la Cour des comptes qui pointe le risque de ghettoïsation lié à l'assouplissement de la carte scolaire. Selon le Gouvernement, l'autonomie et la concurrence entre établissements et entre élèves, c'est l'avenir !

L'école maternelle fait l'admiration de nos voisins européens. Pourtant, vous organisez son recul et la baisse de la scolarisation des moins de trois ans. Désormais, les jardins d'éveil, payants, occuperont les enfants dont les parents pourront se le permettre. L'égalité des chances attendra et la même punition est appliquée à l'éducation prioritaire dont les moyens restent très faibles.

L'efficacité des RASED est objectivement prouvée pour aider les élèves en difficulté à progresser dans les acquisitions scolaires et les compétences cognitives. Or vous décidez de ne pas pérenniser le dispositif et continuez de bricoler de la même façon avec les accompagnants scolaires.

L'orientation n'est pas évidente pour un jeune de quatorze ans. Grâce aux plates-formes régionales d'orientation en ligne, il pourra désormais savoir quel métier l'attend dans sa région.

Les crédits pédagogiques du premier degré permettaient la mise en place des activités complémentaires à l'enseignement et les partenariats dans les domaines artistique, littéraire, culturel et scientifique. Or vous les diminuez de 50 %. Et vous prévoyez sûrement que les collectivités locales, amputées d'une partie de leurs recettes par la suppression de la taxe professionnelle, prendront toujours plus le relais.

Rien n'est prévu pour pallier la situation dramatique de l'EPS. 5 % des établissements sont dans l'impossibilité aujourd'hui d'assurer à toutes les classes les horaires prévus. Quant à la médecine scolaire, elle reste bradée. 30 % des enfants ne bénéficient toujours pas du bilan de santé obligatoire à l'entrée en CP.

Peu importent, enfin, les mises en garde du rapporteur spécial de l'UMP de la commission des finances qui appelle à doter des programmes de crédits plus proches de la prévision de dépense. Fermons les yeux et prions pour le salut du service public, pendant que l'enseignement privé bénéficiera cette année de 476 créations d'emplois !

Enfin, permettez-moi de demander solennellement que soit respecté le droit à l'éducation de tous les enfants présents sur le territoire national et que tout jeune ayant engagé sa scolarité puisse la terminer sans se voir menacé d'expulsion.

Avec les membres du groupe de la gauche démocrate et républicaine, les député-e-s communistes, républicains et du parti de gauche, sont responsables. Ils refusent cette vision libérale, élitiste et marchande de l'éducation. Ils ont une autre ambition pour l'école : le service public d'éducation et la réussite de tous les jeunes. C'est pourquoi ils n'adopteront pas ce projet de budget 2010 pour l'enseignement scolaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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