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Intervention de Frédéric Mitterrand

Réunion du 3 novembre 2009 à 17h00
Commission élargie des affaires économiques, de l’environnement et du territoire et des finances

Frédéric Mitterrand :

ministre de la culture et de la communication. Je suis le premier à leur rendre hommage.

Le Louvre, comme les autres grands établissements de cette sorte, a accompli de nets progrès en matière de comptabilité analytique. Cela va permettre de déterminer plus précisément qu'auparavant la ventilation de ses coûts de fonctionnement, notamment entre ses activités muséales et ses activités annexes – cinéma, lecture et surtout édition. Parallèlement, une réflexion approfondie est en cours pour développer les mutualisations et mieux articuler l'ensemble de ces activités. Ces deux axes de travail nous font percevoir que la rentabilité de certaines activités pourrait être améliorée. Peut-être serait-il souhaitable par exemple que, comme c'est le cas pour le musée Guimet, le très important fonds photographique du Louvre soit désormais géré par la Réunion des musées nationaux, qui accomplit un travail remarquable et qui assure notamment le rôle de principal éditeur pour plusieurs établissements. J'attendrai pour vous donner une réponse plus précise que ce travail soit achevé.

Mme Tabarot a soulevé la question passionnante de la dévolution des monuments d'État aux collectivités territoriales qui souhaitent en développer l'activité ou la rentabilité. L'exemple typique est celui du château du Haut Koenigsbourg, en Alsace, qui a profité de la première vague de dévolutions il y a quelques années. Le résultat est une réussite. Ce château dont on ne savait pas quoi faire est devenu un lieu extrêmement visité, siège de divers expositions, colloques et manifestations.

Le projet de loi de finances prévoit la poursuite de cette politique. J'y suis tout à fait favorable, dans la perspective d'une dynamisation de la vie culturelle locale et de la mise à disposition du public d'un patrimoine remarquable. Il faudra néanmoins garder à l'esprit la nécessité de conserver une présence directe de l'État sur tout le territoire, dans l'hexagone et outre-mer, ainsi que la cohérence de la politique culturelle générale. Parallèlement, il faut mener une réflexion sur l'ensemble de nos monuments. J'ai demandé à la directrice des monuments nationaux de procéder à une évaluation de la façon dont les 96 monuments qui dépendent directement de son administration et les 200 autres sont gérés et mis à la disposition du public, afin d'optimiser leur rentabilité économique et leur impact culturel. C'est un travail très compliqué parce qu'il n'est pas possible d'établir des règles générales pour l'ensemble des monuments – il faut prendre en considération les particularités de chacun – mais qui nous donnera une vision encore plus fine des dévolutions à autoriser ou non. Il ne devrait pas être terminé avant six mois, mais nous disposerons d'un rapport d'étape dans trois mois. À terme de ces travaux, on peut espérer éviter des situations comme la fermeture de la superbe citadelle de Carcassonne à 17 heures en plein mois d'août par exemple.

Donc, madame la présidente Tabarot, oui à la dévolution, voulue par le Gouvernement, oui à l'activation locale lorsqu'elle peut donner à ces monuments et à ces lieux une vie nouvelle pour le bien de tous. Nous devons cependant conserver une réflexion sur le maillage général du territoire français et travailler à l'amélioration de la rentabilité économique et de l'impact culturel de chacun de ces sites et monuments.

Monsieur Dell'Agnola, la caisse des congés spectacles m'a été d'un grand secours pendant des années. J'attache une grande importance au fonctionnement de ce dispositif. Je n'avais pas idée qu'il puisse mal fonctionner. Des questions m'ont fait prendre conscience qu'il présentait peut-être des difficultés. Je ne peux répondre à votre question aujourd'hui. Trois options font l'objet d'une réflexion en cours. Les conclusions ne sont pas encore remises.

Je souhaite profondément que, pour toutes les actions menées par le ministère de la culture et de la communication en matière de spectacle vivant, des instruments d'évaluation puissent être mis en oeuvre ; je pense que je rejoins là l'une des préoccupations du président Migaud. Nous disposons au ministère de tels instruments. Les équipes qui les mettent en oeuvre sont extrêmement compétentes. Cependant, ils sont strictement comptables et économiques. Des difficultés d'adéquation peuvent exister entre eux et ceux qui nous sont fournis par nos partenaires privilégiés, établissements, théâtres, institutions du spectacle vivant. Un effort reste à faire pour faire mieux converger les critères d'évaluation des uns et des autres. Nous devons expliquer que notre action d'amélioration de l'évaluation est conduite dans un but, non pas de contrôle de l'activité artistique, mais de connaissance économique et de bonne comptabilité. Nous devons arriver à savoir combien de spectateurs sont venus assister à un spectacle ou visiter une exposition, à déterminer exactement pour chaque opération les parts dévolues respectivement à la création et au fonctionnement. Cette démarche suscite parfois de l'inquiétude et la peur de l'intrusion. Nous devons expliquer que notre objectif est simplement d'affiner nos capacités d'intervention, d'accompagnement et de suivi des initiatives.

Vous le savez, les « Entretiens de Valois » avaient conduit à envisager la création d'un observatoire général du fonctionnement du spectacle vivant. La tâche de l'évaluation comptable lui aurait été attribuée.

Je salue le travail remarquable fait au ministère pour la tenue de ces entretiens sur une longue période. Il a permis aux acteurs du spectacle vivant de s'exprimer, notamment sur les points qui leur paraissaient les plus importants pour la poursuite de leur travail et le maintien de sa qualité.

Pour autant, je ne suis pas très favorable à la mise en place de cet observatoire. Je crains que ne soit une nouvelle fois créée une administration supplémentaire qui pourrait s'institutionnaliser. J'en suis intimement persuadé, le ministère de la culture comporte les personnels et les agents capables de procéder à ces analyses. L'observatoire sera donc en quelque sorte interne. Cependant, la volonté qui avait présidé au projet de sa création reste intacte.

Le remarquable travail des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) nous permettra aussi de peaufiner les outils d'évaluation comptables et économiques que je souhaite voir mis en place. Une directive très précise sera rédigée à leur attention dans les prochaines semaines. Je les ai déjà rencontrées. Elles vont, je pense, resserrer et préciser leurs dispositifs d'évaluation. Les DRAC sont en contact permanent avec les acteurs artistiques, notamment ceux du spectacle vivant.

La conférence régionale du spectacle vivant qui s'est tenue en région Rhône-Alpes a été une réussite. J'étais un peu dubitatif sur l'intérêt de telles rencontres. J'avais peur d'un fonctionnement de type bureaucratique. Je me trompais totalement. Pendant cette conférence, tous les acteurs se sont parlé ; ils sont allés au-delà des conclusions des Entretiens de Valois. Un travail remarquable a été conduit pour préciser la façon de décliner, dans une région précise, les préconisations des Entretiens de Valois.

Une autre conférence régionale, dans le Nord, s'est achevée voici quelques jours. Elle semble s'être très bien passée. J'en attends les résultats avec beaucoup d'impatience.

Organiser ce type de manifestation au moins une fois par an dans chaque région, non pas au sein même des DRAC mais entre les DRAC, les collectivités territoriales et les acteurs du spectacle vivant, d'une manière qui ne soit pas trop contraignante, me paraît aujourd'hui éminemment profitable. En prenant connaissance des résultats de la conférence régionale en Rhône-Alpes, j'ai eu le sentiment qu'une vitalité extraordinaire pouvait s'y exprimer, à travers des échanges un peu plus informels et moins solennels qu'au ministère, un peu plus proches de la réalité aussi, faisant surgir une sorte de vie nouvelle de l'existence culturelle.

Je rencontre demain les principaux responsable du marché de l'art. L'inquiétude qui s'était fait jour dans les galeries envers les grandes maisons de vente, comme Sotheby's et Christie's, semble s'être apaisée. Vous avez évoqué le Royaume-Uni ; nous avons adopté des dispositions pour permettre aux collectionneurs modestes de bénéficier d'avantages identiques à ceux des collectionneurs importants ; nous allons favoriser la mise en place de collections à leur intention. Je compte aussi insister auprès des sociétés qui achètent des oeuvres d'art pour qu'elles les montrent. Les grandes maisons japonaises, on le sait, exposent dans leur siège social, au bénéfice de leurs visiteurs, les oeuvres d'art qu'elles achètent. Je regrette que telle ne soit pas toujours la pratique des sociétés françaises. Ce point fera partie de mes entretiens de demain.

Contrairement à l'idée issue d'une sorte d'autodénigrement français, le marché de l'art en France est actif, même s'il fonctionne selon des règles différentes de celles des marchés de l'art américain et anglais. Malgré la crise économique, la dernière édition de la Foire internationale d'art contemporain, cette année, a été une réussite. Que, pour des raisons qui ne relèvent pas du débat d'aujourd'hui, bien des galeristes soient restés assez discrets sur le montant de leurs transactions ne les empêchait pas d'avoir l'air plutôt satisfait.

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