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Intervention de Jean-Michel Boucheron

Réunion du 3 novembre 2009 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Boucheron, rapporteur pour avis :

Au sein de l'Europe de la défense, tout ce qui ressortit à une démarche collective est pour l'heure au point mort, l'Agence européenne de défense comme l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement. Les réticences britanniques sont importantes. Il s'agit même d'un veto de leur part à propos du commandement opérationnel permanent. Le Royaume-Uni récuse en effet ce qui s'apparente selon lui à une duplication des structures de l'OTAN. On aurait pu penser que notre place nouvelle dans l'OTAN permettrait de lever ces réticences ; il n'en a rien été et l'esprit de Saint-Malo semble bien loin. Quant à l'écriture d'un livre blanc européen sur la défense, il s'agit d'une idée intéressante mais il est à craindre que le consensus ne soit pas très large… En effet, parmi les États membres, on compte des atlantistes « traditionnels » comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Italie et le Portugal, mais aussi les « super-atlantistes » que sont les États de l'Est de l'Europe, et enfin des États du Nord de l'Europe, à l'image de la Suède, dont l'effort de défense a été drastiquement réduit avec la disparition de la menace russe. Par conséquent, un livre blanc peut toujours être envisagé mais son contenu sera d'autant plus difficile à déterminer que les visions de départ sont très divergentes. Formaliser les réunions régulières des ministres européens de la défense serait une très bonne chose. Instituer un état-major européen également, mais le veto britannique semble difficilement surmontable. S'agissant de nos exportations, il convient de distinguer les livraisons payées des commandes et projets de commandes. Si les premières ne sont pas très satisfaisantes actuellement, les perspectives à court terme sont bonnes et elles sont même excellentes à moyen terme grâce aux succès remportés à Abou Dabi et au Brésil. Par conséquent, restons vigilants. Enfin, je me garderai de dire que les auditions que je mène auprès des hauts responsables de l'armée reflètent fidèlement l'état d'esprit de nos soldats. Il est certain que ceux-ci sont confrontés à des difficultés dans le cadre de la réorganisation territoriale en cours. La constitution de bases de défense est incontestablement une bonne réforme mais elle entraîne, pour les familles, de nombreux déménagements qui sont autant de déracinements, pour les militaires mais plus encore pour les personnels civils. Le rapport sur le moral des armées n'est pas, de ce point de vue, une source d'information aussi concrète que les témoignages que peuvent recevoir les élus sur le terrain. Des efforts ont été accomplis pour améliorer la condition militaire ; en particulier, le dispositif d'aide au départ fonctionne mieux que prévu, à tel point que l'on peut se demander si la motivation en est seulement pécuniaire ou si elle est plutôt la traduction d'une ferme volonté de quitter le métier.

Notre défense nationale est organisée sur une base territoriale, ce qui suppose un regroupement selon la logique des bases de défense car une importante concentration de moyens administratifs est nécessaire si l'on veut diminuer ces coûts fixes. La lutte contre le terrorisme à l'échelle nationale est pour l'heure couronnée de succès car les trois conditions de sa réussite sont réunies : la déstabilisation d'Al Qaïda en Afghanistan et au Pakistan – l'organisation ne disposant plus réellement de base arrière –, le bon travail accompli par nos services de renseignement dont la connaissance du terrain et la surveillance des menaces potentielles se sont affinées, et enfin le « facteur chance ».

Les 7 930 suppressions de poste programmées en 2010 se décomposent de la manière suivante : 468 officiers, 3 413 sous-officiers, 1 890 militaires du rang, 234 volontaires et 1 925 civils, dont 1 564 ouvriers d'État.

En Côte d'Ivoire, peu de changements politiques se profilent dans l'immédiat. Incidemment, le volume de nos forces prépositionnées est sans doute trop important dans ce pays, de même qu'au Liban.

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