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Intervention de Edwige Antier

Réunion du 16 septembre 2009 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEdwige Antier :

En tant que députée et pédiatre, je souhaite apporter mon témoignage sur la façon dont on vit la grippe A dans les cabinets médicaux. Je peux notamment dire ce qu'il est advenu des masques « bec de canard » : depuis le mois d'août, ils sont distribués par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) à tous les médecins, afin qu'ils puissent se protéger. Par ailleurs, la situation est de plus en plus compliquée pour les médecins de ville : chaque année, en effet, les mois d'octobre à décembre sont ceux pendant lesquels surviennent la plupart des virus respiratoires. Et même si ce ne sont pas des virus grippaux, le virus respiratoire syncytial (VRS) – qui donne les bronchiolites –, le virus adéno-pharyngo-conjonctival (APC) ou les coxsakies ressemblent fortement à la grippe. Un médecin n'a pas la possibilité, faute de pouvoir procéder à un test virologique, de distinguer une grippe A (H1N1) d'un autre virus. Mais les parents, eux, ne pensent qu'à cela. Le problème apparaît particulièrement aigu lorsque l'enfant fréquente une crèche. Ce matin encore, on m'a appelé à propos d'un enfant atteint, selon son médecin traitant – mais celui-ci a jugé au « pifomètre » – de la grippe A (H1N1). Quand pourra-t-il retourner à la crèche ? Un médecin n'acceptera jamais la responsabilité de signer un certificat de non-contagion. J'ai donc inventé un formulaire comprenant la mention : « ne présente pas de signe clinique contre-indiquant la collectivité ». Il reste que si le personnel de la crèche comprend une femme enceinte, on prend une responsabilité importante.

On pourrait donc souhaiter que lorsque la fermeture d'un établissement est en jeu, il soit possible de vérifier biologiquement au moins un cas. Je sais que vous avez étendu le nombre de centres de diagnostics spécifiques à Paris – Necker, Bichat et La Pitié –, mais ils peuvent au mieux délivrer 500 diagnostics par jour. Les médecins de ville sont confrontés à cette limite, et c'est pourquoi les patients sont en attente d'un vaccin. La communication négative autour du vaccin est donc, pour nous, lourde à porter. On parle des adjuvants, mais j'administre depuis quarante ans le vaccin DT-polio, qui a longtemps contenu de l'alumine. Les milliers de patients qui en ont bénéficié n'ont jamais été malades. Cette attitude négative à l'égard du vaccin me semble extrêmement nocive, et il convient donc de ne pas laisser toute la place à ceux qui diffusent des informations alimentant la peur.

Quant aux femmes enceintes, vous avez raison d'en faire un public prioritaire. Mais les gynécologues sont en attente d'une lettre qui leur soit spécifiquement destinée, afin de préconiser certaines mesures particulières d'hygiène et de vie : diminution des visites en maternité, recommandation aux femmes enceintes de ne pas laisser leurs enfants en bas âge en collectivité, etc. De même, les gynécologues aimeraient pouvoir procéder à la vaccination en maternité, afin d'éviter d'envoyer les femmes enceintes dans des centres. Mais les conditionnements prévus ne le permettent peut-être pas.

Quoi qu'il en soit, je vous remercie pour votre action, car selon moi, la situation commencera à être difficile dans un mois. Avoir les « poumons blancs », comme disent mes confrères, peut en effet être dramatique.

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