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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 16 septembre 2009 à 16h30
Commission des affaires sociales

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

Monsieur le président de la Commission des affaires sociales, mesdames, messieurs les députés, en cette période sensible de préparation à une pandémie de grippe A (H1N1), j'ai tenu dès le mois de juillet à ce qu'une séance spécifiquement consacrée à cette question me permette de vous rencontrer afin de vous présenter la politique cohérente que je mène au quotidien, avec calme et détermination, en collaboration avec Brice Hortefeux et sous les ordres de François Fillon, pour préparer le pays à la crise sanitaire que nous pourrions très prochainement traverser. Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir accédé très rapidement à ma demande.

Le risque de pandémie interpelle toute la société et l'impact en est global. L'inquiétude de nos concitoyens est réelle et légitime et nous l'entendons. C'est pourquoi, en toute transparence, comme je l'ai toujours fait depuis l'émergence de la menace, j'ai voulu vous informer, vous qui êtes au plus près des Français et de leurs préoccupations, vous qui êtes la représentation nationale.

J'attache en effet une grande importance aux échanges que j'ai avec vous car, sur des sujets aussi importants et aussi vastes que celui qui nous réunit aujourd'hui, je n'entends pas prendre de décisions seule. Si l'observation, l'expertise et l'analyse sont scientifiques, les décisions sont politiques et, dans l'un et l'autre cas, l'exercice s'enrichit d'être collégial.

Dès le mois de juillet, j'ai reçu les parlementaires de toutes les familles politiques. Je rencontrerai aussi, dans quelques jours, les présidents des groupes politiques, dans cette même perspective de partage de l'information. Je le répète, parce que c'est ma conviction profonde : c'est ensemble, sans céder aux polémiques partisanes, que nous ferons face à la menace à laquelle nous sommes confrontés.

Le 24 avril dernier, l'Organisation mondiale de la santé – l'OMS – lançait une alerte sur l'émergence d'un nouveau virus de la grippe A (H1N1), ayant acquis une capacité de transmission interhumaine. En décidant de passer, le 11 juin, en phase 6 de son plan de préparation à une pandémie, l'OMS a confirmé que le monde était confronté à la première pandémie grippale du XXIe siècle.

Le 9 septembre, alors que les départements et pays de notre outre-mer étaient déjà en situation épidémique depuis plusieurs semaines, l'Institut de veille sanitaire (InVS), annonçait que nous avions franchi le seuil épidémique de la grippe en métropole. Cet institut, dont la directrice est présente à mes côtés et pourra vous donner plus d'information sur les données qui seront mises en ligne, dira ce soir que cette tendance se confirme et s'amplifie même cette semaine, avec un doublement du nombre de cas.

Nous pouvons considérer aujourd'hui que l'épidémie a débuté en France métropolitaine. Cependant, le Gouvernement n'entend pas passer en situation 6 dans l'immédiat, l'impact de l'épidémie ne le justifiant pas pour l'instant.

Ces événements ne nous ont pas pris par surprise. En effet, dans la perspective d'une pandémie H5N1, nous nous étions préparés.

À cet égard, je saisis l'occasion de saluer l'action de mon prédécesseur, Xavier Bertrand, et de rappeler que le Parlement a été très étroitement associé à ce travail. Certains d'entre vous ont contribué activement à la rédaction du plan – je pense en particulier au remarquable travail de la mission d'information parlementaire présidée par Jean-Pierre Door et Jean-Marie Le Guen. Je pense également au vote de la loi de 2007, qui a créé l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires – l'EPRUS – et la réserve sanitaire. Cette mobilisation parlementaire nous aide chaque jour de la préparation à la crise.

Dans ce cadre, je le disais, un plan national a été élaboré, testé, évalué et actualisé, sous l'égide du Secrétariat général de la défense nationale, par les ministères concernés, avec l'appui du professeur Didier Houssin, directeur général de la santé et délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire.

La France a acquis d'importants moyens de protection : 1 milliard de masques anti-projections destinés aux malades, 900 millions de masques de protection de type « FFP2 », pour les personnes particulièrement exposées et 33 millions de traitements antiviraux. Un programme de renouvellement important des stocks de masques « FFP2 » a été lancé. Un site Internet dédié a été créé, sous l'égide du service d'information du Gouvernement, à l'adresse suivante : pandemie-grippale.gouv.fr. Pour le rendre utile et accessible à tous, j'ai inauguré, en octobre 2008, un espace intégrant des éléments pratiques pouvant servir à chacun de nos concitoyens en situation de pandémie et consultable sur ce site. Nous avons enfin lancé un important chantier de formation et d'information des professionnels de santé et préparé les outils de communication nécessaires auprès du grand public. En un mot, et notamment grâce à vous, la France a su anticiper. Mais beaucoup reste à faire.

J'ai souhaité prolonger cet effort, y compris en dépassant nos frontières nationales. Dans cette perspective, j'ai inscrit la question de la sécurité sanitaire, et plus particulièrement celle de la préparation à une pandémie grippale, parmi les trois priorités de la présidence française de l'Union européenne et un conseil informel y a été consacré. La coordination européenne, dans le cadre du comité de sécurité sanitaire, pour lutter ensemble contre la pandémie qui sévit en est une conséquence directe.

La menace pandémique s'est concrétisée fin avril, avec cependant un visage différent de celui que nous attendions et la part d'incertitudes qui en découle. Mon principe est simple : je vous dirai ce que je sais, je vous dirai aussi ce que je ne sais pas et pourquoi je ne le sais pas et, surtout, quand je saurai.

D'une part, le virus est venu de l'Ouest, alors que nous l'attendions venant de l'Est. D'autre part, il est moins virulent à ce jour que le H5N1, qui circule actuellement principalement dans la faune aviaire et contre lequel nous avions commencé à nous préparer.

Ce virus a toutefois montré sa capacité exceptionnelle à se transmettre d'homme à homme. S'agissant de la première pandémie d'une planète mondialisée, je citerai les propos tenus par Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, dans un entretien qu'elle a donné au journal Le Monde le 31 août : « Le virus voyage à une vitesse incroyable, inédite. En six semaines, il parcourt la même distance qu'un autre virus en six mois ! Le nombre de personnes infectées est aussi sans précédent. Jusqu'à 30 % des habitants des pays à forte densité de population risquent d'être infectés (...). Soigner ces patients est très lourd et très difficile. Dans beaucoup de pays, les services d'urgence et de soins intensifs sont extrêmement sollicités, voire surchargés. Sans plan de préparation, nous serions incapables d'avoir une réponse organisée. Des gens trouvent que l'on en fait beaucoup. Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue. »

Ces propos nous interpellent ; ils nous interdisent un immobilisme coupable, nous encouragent dans nos efforts et confortent la stratégie que nous avons mise en place depuis le lancement de l'alerte.

Permettez-moi ici d'avoir une pensée toute particulière pour nos compatriotes d'outre-mer qui, du fait de leur situation géographique, ont été touchés les premiers et dont nous suivons la situation avec la plus grande attention. C'est pour me rendre compte personnellement de la situation et vérifier l'efficacité des mesures mises en place que je me suis rendue, voici deux semaines, à La Réunion.

Mais revenons au 24 avril. Dès l'alerte donnée par l'OMS, le Gouvernement s'est mobilisé. Comme le prévoit le plan, le Premier ministre a très rapidement confié le pilotage opérationnel de la préparation à la crise au ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, dans le cadre d'une cellule interministérielle de crise, qu'il préside. Les préfets ont été réunis plusieurs fois et des instructions précises leur ont été transmises pour qu'ils prennent toutes les dispositions nécessaires. De nombreuses initiatives ont été menées, en concertation interministérielle, dans les domaines des affaires internationales, des transports et de l'éducation nationale.

Grâce aux travaux préparatoires, le plan est une « boîte à outils ». Il convient d'en faire le meilleur usage, en adaptant les mesures de gestion à notre connaissance de la menace et à l'évolution de la situation épidémiologique. Je le répète, nous nous étions préparés à une pandémie H5N1 et devons donc adapter notre dispositif au virus A (H1N1).

Nous avons maintenu le niveau d'activation de notre plan national en phase 5A et adopté une approche graduée, pragmatique et souple pour les mesures touchant les voyageurs.

Dès le premier jour, mon ministère a activé un dispositif de gestion de crise, que nous avons voulu adapter, dans le champ sanitaire, avec rigueur, souplesse et réactivité, en fonction des caractéristiques du virus et de l'évolution de la situation.

Je pense notamment à la question des modalités de prise en charge des cas. Totalement hospitalière dans un premier temps, pour limiter au maximum l'entrée du virus sur le territoire et nous donner le temps de mieux le connaître, notre organisation a progressivement augmenté le nombre d'établissements de santé en mesure d'accueillir les patients, puis élargi le dispositif au secteur ambulatoire, afin de réserver l'hospitalisation systématique aux seuls cas graves. L'objectif est aujourd'hui de privilégier au maximum le maintien à domicile des formes bénignes, afin de ne pas surcharger nos capacités de prise en charge hospitalière. La prescription systématique d'antiviraux, qui prévalait au départ, a par ailleurs été remplacée par une prescription au cas par cas, sur évaluation du clinicien.

Nous travaillons au renforcement du système de soins et, en particulier, de ses composantes qui pourraient être les plus sollicitées au moment du pic épidémique. C'est ainsi que nous avons renforcé les centres 15 et acquis 100 respirateurs supplémentaires et 34 appareils d'oxygénation extracorporelle sur membrane, ou ECMO, pour la prise en charge des formes graves. Ces nouveaux appareils permettront de traiter, en milieu hospitalier, les cas de syndromes de détresse respiratoire aiguë, liés soit à une surinfection pulmonaire, soit à une atteinte directe des membranes pulmonaires par le virus, qui nécessiteront le recours à une ventilation.

L'analyse que nous avons menée nous conduit à penser que le système hospitalier pourra absorber quantitativement une vague épidémique calculée sur la base d'hypothèses pessimistes, au prix de redéploiements et de déprogrammations. La capacité de respirateurs mobilisables en faveur de patients supplémentaires est en effet d'environ 9 100.

En revanche, les données qui nous sont revenues d'Australie et de Nouvelle-Zélande nous incitent à penser que cette adéquation quantitative peut masquer une difficulté d'ordre qualitatif. Ces pays de l'hémisphère Sud ont, en effet, été confrontés à des formes graves nécessitant le recours fréquent à de l'épuration extrarénale et à des besoins de ventilation sophistiquée, avec parfois la mise en oeuvre d'oxygénation extracorporelle. C'est dans cette perspective que ces acquisitions ont été décidées.

Ainsi, de la simple information délivrée par notre plate-forme téléphonique au traitement des cas les plus graves, en passant par le maintien à domicile des formes bénignes ou l'activation des plans blancs en cas de tension hospitalière, notre dispositif de prise en charge se renforce et s'adapte pour pouvoir faire face à une augmentation significative du nombre de cas.

Nous avons enfin coordonné l'expertise scientifique. À ce titre, je réunis très régulièrement autour de moi un groupe des meilleurs experts scientifiques dans le domaine, afin qu'ils éclairent nos décisions de gestion du plus large consensus scientifique.

C'est dans cette optique que la question de la vaccination a, depuis le début, été abordée. Sur ce point, le Gouvernement n'a pas ménagé ses efforts et, je le crois, a su anticiper. Nous avons ainsi mobilisé les industriels pour que les vaccins soient rapidement mis au point et puissent être proposés à l'ensemble de la population à travers une grande campagne de vaccination. Nous avons décidé d'acquérir une quantité de vaccins suffisante pour nous permettre de proposer la vaccination à l'ensemble de nos concitoyens qui souhaiteront se faire vacciner. Les tout premiers vaccins nous ont été livrés début septembre.

Cependant, ces vaccins ne seront utilisés que dans le cadre d'autorisations de mise sur le marché dûment délivrées par les autorités sanitaires européennes, qui garantiront leur efficacité et leur sécurité. L'Agence européenne du médicament se réunira la semaine prochaine sur le sujet. Si les experts rendent un avis favorable, ces autorisations pourraient être délivrées dans les premiers jours d'octobre.

Je voudrais insister sur certaines questions éthiques que soulève la question de la vaccination.

Comme je l'ai dit, le Gouvernement a décidé de permettre à chacun de se faire vacciner. Le tiers payant sera intégral, afin de faciliter l'accès du plus grand nombre. Les organismes complémentaires seront amenés à couvrir l'équivalent du ticket modérateur selon des modalités qui seront définies dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Cette vaccination ne sera, cependant, en aucun cas obligatoire. Je rappellerai simplement qu'au-delà de la protection individuelle qu'elle procure, la vaccination est aussi un acte altruiste, en ce qu'elle contribue à protéger son entourage, ses proches, ses collègues, ce qui est particulièrement important lorsque ces derniers présentent des facteurs de risque, qui les rendent plus vulnérables ou qu'ils ne peuvent pas être vaccinés eux-mêmes, du fait de contre-indications médicales.

La vaccination pose par ailleurs, alors que les premières doses nous serons livrées progressivement, la question des populations à qui elle sera proposée en priorité. Là encore, le Gouvernement a souhaité s'appuyer sur le consensus scientifique le plus large possible. À cet égard, les travaux du Haut conseil de la santé publique (HCSP), publiés le 7 septembre dernier, intègrent les avis des principales instances internationales, comme l'OMS ou le Centre de contrôle des maladies infectieuses (CDC) aux États-Unis, mais aussi celui du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) rendu en début d'année.

Cet avis, clair, précis et courageux, a été rendu à l'unanimité des votants, ce qui renforce, s'il était nécessaire, sa légitimité. Il décline un ordre de priorité où l'ensemble de la population trouve sa place, du plus jeune au plus âgé, du plus fragile au plus fort. Ce faisant, le Haut conseil valide l'approche adoptée par le Gouvernement depuis le début de la pandémie, qui consiste à se mettre en capacité de proposer la vaccination au plus grand nombre. Il retient d'ailleurs « qu'in fine, toutes les personnes qui désirent être vaccinées devraient pouvoir l'être ».

Cet avis, qui s'appuie sur des considérations exclusivement sanitaires, prend en compte « la probable diffusion large et rapide du virus et les délais de mise à disposition des doses de vaccins ». De ce fait, il estime que « l'objectif principal de la vaccination est la réduction du risque de formes graves et de décès par la grippe, plus que la maîtrise de la dynamique épidémique ». Il en déduit deux critères pour définir l'ordre de priorité des populations à qui la vaccination devrait être proposée : la protection des personnels de santé, médico-sociaux et de secours, afin de préserver la capacité du système de prise en charge des malades et d'éviter que ces professionnels ne contaminent les personnes fragiles avec lesquelles ils sont en contact fréquent, et la vulnérabilité intrinsèque des populations face au virus.

Le Premier ministre rendra son arbitrage dans les prochains jours sur la stratégie vaccinale qui sera retenue. Conformément à l'avis du Haut conseil, cette stratégie pourrait viser à offrir une protection maximale et au plus tôt aux populations figurant en tête de l'ordre retenu, plutôt qu'à vouloir apporter une protection partielle à un plus grand nombre, sauf si la donne devait changer sur le schéma de la double injection.

En effet, le schéma vaccinal envisagé, sur la base des connaissances dont nous disposons, prévoit deux injections séparées de vingt et un jours. Les dernières études, publiées le 17 septembre dernier, et les autorisations de mise sur le marché délivrées hier par la l'agence fédérale américaine (FDA) nous incitent aujourd'hui à être prudents sur cette analyse. Nous avons interrogé les industriels auprès de qui nous avons passé commande sur les dernières données dont ils disposent en la matière et sommes en attente de leur réponse. On ne peut exclure que l'Agence européenne du médicament retienne un schéma à une injection pour certaines catégories de la population.

La définition de la stratégie vaccinale n'emportera cependant pas la décision de déclencher la campagne. Le lancement de cette dernière restera notamment tributaire des autorisations de mise sur le marché et de l'analyse des dernières données épidémiologiques, à laquelle nous procéderons à la fin du mois de septembre.

A contrario, certains pourraient s'interroger, alors que l'épidémie démarre en métropole, sur la date de la vaccination. Je tiens à rappeler que l'action du Gouvernement a visé, depuis le début de l'alerte, à être en mesure de proposer la vaccination le plus tôt possible au plus grand nombre.

Il est en revanche totalement exclu que cette détermination nous conduise à prendre le risque d'utiliser des vaccins qui ne présenteraient pas toutes les garanties nécessaires. Les autorisations de mise sur le marché restent et resteront un pré-requis incontournable. En tout état de cause, dès lors qu'elle vise à protéger les plus faibles, la vaccination n'est jamais trop tardive. L'épidémie démarre aujourd'hui ; nous ne savons pas quand elle s'arrêtera. Les pandémies du passé nous ont appris qu'elle pouvait revenir sous la forme de vagues successives. Il faudra du temps, peut-être plusieurs années, pour que l'ensemble de notre population, ayant croisé le nouveau virus A (H1N1), acquière une forme de protection.

Je sais, par ailleurs, que certaines rumeurs courent sur l'utilisation de vaccins contenant des adjuvants. Je rappellerai simplement que l'avis du Haut conseil, que je viens de mentionner, insiste sur « la pertinence du développement et de l'utilisation d'un vaccin pandémique avec adjuvant ». Il rappelle que « ces adjuvants ont déjà été utilisés en clinique » et « qu'il n'existe actuellement aucun signal permettant de craindre la survenue d'effets secondaires graves suite à l'utilisation de vaccins grippaux adjuvés ».

Toutefois, l'expérience sur les adjuvants restant limitée, il rappelle « le consensus scientifique sur l'intérêt de disposer d'un vaccin sans adjuvant pour les sujets dont le système immunitaire est immature (comme les jeunes enfants) ou modifié (comme les femmes enceintes ou certains immunodéprimés) ».

Les autorisations de mise sur le marché, lorsqu'elles seront délivrées par les autorités sanitaires européennes, nous apporteront des précisions sur ce point. Elles préciseront aussi la question de savoir si le vaccin doit être utilisé selon une stratégie à une ou deux injections.

Au-delà des mesures de prise en charge des cas et des dispositifs sanitaires, nous avons également mis en oeuvre des programmes de prévention et de communication auprès du grand public, en particulier sur les gestes barrières qui permettent de limiter la transmission du virus. Nous avons mis en place un numéro dédié et renforcé le site Internet du Gouvernement, qui reçoit plusieurs dizaines de milliers de visites par jour. Nous avons renforcé l'information des professionnels de santé, par l'ouverture d'un site Internet qui leur est dédié et un dispositif de mailing direct qui permet de les informer en temps réel de toute évolution importante. J'ai tenu par ailleurs à rencontrer régulièrement leurs représentants pour les tenir informés de notre analyse de l'évolution de la situation et discuter avec eux des mesures de gestion mises en oeuvre. J'ai tenu à m'adresser personnellement à l'ensemble des médecins généralistes, ORL, pédiatres et pneumologues, qui sont en première ligne dans la prise en charge des malades de la grippe, en leur envoyant un courrier ciblé. Je prévois de maintenir ces échanges privilégiés à l'approche de la campagne de vaccination.

Ces actions sont indispensables pour renforcer l'efficacité de l'action des pouvoirs publics. La lutte contre la pandémie passera par la mobilisation de tous, professionnels de santé ou grand public, et par l'adoption des gestes nécessaires, dans le but de limiter la propagation du virus.

Aujourd'hui, à la mi-septembre, où en sommes-nous ?

Notre stratégie de réponse est d'ores et déjà mise en oeuvre et pourra faire l'objet d'une montée en puissance, le cas échéant.

Les commandes de renouvellement de masques arrivent. Les stocks d'antiviraux sont prêts. Les vaccins vont commencer à être livrés et le flux régulier va s'initier mi-octobre – les autorisations de mise sur le marché sont attendues, je le rappelle, pour le début du mois d'octobre. Les centres de vaccination s'organisent sous la responsabilité des préfets, sur l'ensemble du territoire. La mobilisation des professionnels de santé et administratifs, qui seront indispensables pour mettre en oeuvre ces centres, est en cours. Je souhaite à cet égard que vous soyez des relais de la mobilisation de ces professionnels, dont la vocation médicale trouvera dans cette campagne vaccinale un rendez-vous historique au profit de la santé de la population. Les établissements de santé se sont mobilisés et s'organisent afin de déprogrammer certaines opérations non urgentes, si l'afflux de patients atteints de la grippe le justifiait.

Vous l'aurez compris, notre système de santé est en alerte afin de réagir de manière maîtrisée à une situation dont nous avons envisagé autant que possible toutes les évolutions, même si la progression de l'épidémie reste incertaine, puisque le phénomène est lié à un nouveau virus.

J'ai tenu, afin de répondre de la façon la plus précise possible à vos questions sur ces différents sujets, à être accompagnée de Didier Houssin, directeur général de la santé, qui pourra présenter des éléments sur la stratégie globale, d'Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, qui pourra évoquer le dispositif de prise en charge en milieu hospitalier, de Françoise Weber, directrice de l'Institut de veille sanitaire, qui pourra répondre aux questions relatives à l'analyse de la situation épidémiologique, et de Jean Marimbert, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, qui pourra traiter de la question des autorisations de mise sur le marché des vaccins. Je n'hésiterai pas, si vous m'y autorisez, monsieur le président, à leur passer la parole au cours de ce débat.

L'ensemble de cette préparation représente un effort financier très important. Au total, les dépenses du périmètre sanitaire approchent 1,5 milliard d'euros.

L'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) supporte l'essentiel des dépenses d'acquisition et de gestion des moyens de protection de la population induits par la menace pandémique. Les dépenses non prévues dans la programmation initiale pour l'ensemble de l'année 2009 au titre de la lutte contre la pandémie A (H1N1) sont évaluées à 876 millions d'euros, dont 808 millions d'euros de vaccins, pour un total de dépenses estimé à 1,136 milliard d'euros.

Au 1er janvier 2009, l'EPRUS disposait de 421,9 millions d'euros en autorisations d'engagement et de 365,1 millions d'euros en crédits de paiement. Le principe d'une avance par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS), pour un montant maximum de 879 millions d'euros, a permis à l'établissement d'engager les acquisitions des vaccins et des consommables – seringues et containers de gestion des déchets – et de couvrir les coûts de gestion de ces stocks.

Compte tenu de cette programmation et afin de respecter l'obligation de financement de l'EPRUS à parité entre l'État et l'assurance maladie, il sera nécessaire de réviser les dotations initiales de cet établissement.

Par ailleurs, la prise en charge du coût de l'indemnisation des professionnels de santé réquisitionnés dans le cadre de la campagne de vaccination va entraîner des dépenses supplémentaires de soins de ville estimées, à ce stade, à 240 millions d'euros pour l'assurance maladie. Cette hypothèse varie néanmoins dans une fourchette importante, qui pourra être affinée lorsque le rythme de diffusion des vaccins sera connu avec plus de précisions. Cette estimation devra également tenir compte des catégories de personnels libéraux et salariés qui seront effectivement mobilisés pour vacciner.

Les dépenses liées à la mise en place du dispositif de suivi de la campagne de vaccination par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS) – pour la conception et la réalisation des bases informatiques – et les frais d'acheminement des courriers aux personnes vaccinées sont estimés à 53 millions d'euros. Ces coûts pourraient être pris en charge par l'assurance maladie à partir d'un redéploiement au sein du Fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaires (FNPEIS).

D'autres dépenses seront vraisemblablement induites par la préparation à la lutte contre la pandémie, tout particulièrement celles qui seront destinées à l'organisation territoriale de la campagne de vaccination, notamment pour la mobilisation des personnels administratifs qui participeront au fonctionnement des centres ou pour la location des locaux lorsque ceux-ci ne seront pas mis à disposition par les collectivités locales. Ces coûts ne relevant pas du champ sanitaire, ils ne seront pas pris en charge par l'assurance maladie ou les crédits du ministère de la santé et des sports.

En aucun cas cependant, la gestion de cette situation ne saurait être exclusivement sanitaire et technique. Les élus ont un rôle majeur à jouer. Parce que vous êtes au contact de la réalité quotidienne, je sais pouvoir compter sur votre capacité à relayer l'information, avec la plus grande pédagogie possible, auprès de la population. C'est également à vous que revient la tâche de mobiliser le tissu social et associatif, que vous connaissez bien et qui est pour nous, dans cette réponse à la pandémie, une force et une chance.

Ensemble, nous devons en appeler à la solidarité et au sens civique de chacun. Pour cela, j'ai besoin de vous. Le Gouvernement s'est mobilisé et a travaillé sans relâche, depuis plus de quatre mois, pour lutter contre la menace grave que constitue cette pandémie.

À présent, la mobilisation doit s'amplifier : elle est l'affaire de tous. Les dernières données de l'Institut de veille sanitaire nous indiquent que l'épidémie a débuté. Les chiffres de cas avérés de grippe A sont en augmentation. Le réseau Sentinelles dénombre cette semaine 103 000 consultations pour syndrome grippal. Nous y ferons d'autant mieux face que chacun se sentira concerné.

D'aucuns ont cru bon de qualifier d'« opaque » notre gestion de la crise. Ils se trompent profondément. C'est précisément parce que je suis très attachée à l'exercice démocratique que je souhaite que chacun soit associé à la mobilisation de grande ampleur que j'appelle de mes voeux.

Je souhaite que le tissu citoyen s'empare du débat que pose ce contexte de pandémie, qui dépasse largement la seule question sanitaire. Face à ce risque sanitaire, social et économique, qui est encore difficile à mesurer précisément, notre devoir est de donner à la nation le meilleur niveau de préparation. Chacun doit se sentir concerné, dans les décisions les plus importantes comme dans les gestes les plus simples du quotidien. Dans ce contexte, je le redis, les gestes de chacun font la santé de tous.

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