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Intervention de Sihem Habchi

Réunion du 9 septembre 2009 à 9h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Sihem Habchi :

Que voulez-vous alors ? Que nous disparaissions ? Le problème est que nous sommes Françaises.

En tant que citoyenne française, j'ai les moyens, tant que les conditions d'égalité ne sont pas réunies, de me battre. C'est cela le combat permanent. C'est cela la République.

J'affirme donc ouvertement que la circulaire de 1989, même si on peut lui trouver des explications, des justifications, a été une erreur fondamentale qui a ouvert une brèche aux islamistes. Il faut avoir le courage de le dire pour pouvoir rectifier le tir.

La mission sur la burqa est-elle une stigmatisation de l'islam ? Personnellement, je veux simplement donner de la visibilité à une situation. J'estime que, dans une République, on a le droit de tout dire et de tout montrer. De quoi a-t-on peur ?

Oui, je peux faire l'objet de menaces. Mais qu'ont-elles de commun avec celles qui pèsent sur la jeune femme au Soudan ou d'autres qui risquent leur vie ? En France, je suis plus en sécurité qu'au Danemark ou en Grande-Bretagne, par exemple, où je risquerais ma peau.

Il y a deux poids, deux mesures dans ce débat. Nous demandons simplement d'être traitées comme des citoyennes à part entière. Notre République a affronté des mouvements radicaux politiques intégristes dans son histoire. Elle doit faire la même chose avec les relents d'un fanatisme qui utilise la religion musulmane mais qui, pour moi, n'a rien à voir avec elle.

Je demande à la République de me protéger et de protéger mes enfants. Ces derniers vont grandir entre, d'une part, des voiles et des burqas et, d'autre part, une sorte de laxisme appliqué au nom de la liberté individuelle. Ils ne vont rien comprendre.

Ma mère portait la mlaya, grand voile noir typique de la région de Constantine, quand elle allait dans la famille mais pas en France. Elle n'est pas venue dans ce pays pour entendre parler de burqa et de niqab.

Les valeurs inscrites sur le fronton de l'Assemblée nationale ne semblent plus incarnées. Eh bien, s'il faut les incarner, je m'y emploierai car il en va de la survie de nombreuses jeunes filles et jeunes femmes en France et dans le monde entier. Même si cela déplaît à certains, j'irai – nous irons – jusqu'au bout. C'est, au-delà du simple droit des femmes, une question de participation à la vie citoyenne de ce pays.

Je le répète, le chemin le plus court pour l'Assemblée nationale n'est ni le voile, ni la burqa. Quand on me tend un voile aujourd'hui, je me demande quelle combine se cache derrière.

La participation des jeunes issus de l'immigration va compter dans la situation politique de la France. Si l'on veut sacrifier la génération présente et la maintenir dans la victimisation, la relégation et le ghetto, il faut continuer dans la voie suivie jusqu'à présent et accepter la burqa et tout ce qui l'accompagne. En revanche, si l'on veut s'atteler à trouver de nouveaux moyens de participation, il faut clairement lancer un autre message.

Je ne m'étendrai pas sur les propos de M. Sabeg. Il est, depuis le début, le défenseur du communautarisme à l'anglo-saxonne. Il a été très clair sur le sujet. Je considère, personnellement, qu'il commet une grave erreur. Je ne partage absolument pas son avis.

Le témoignage que j'ai cité montre comment se produit une descente aux enfers. Il est fondamental de créer les conditions d'émancipation pour toutes les femmes, pour tous les individus. Nous devons avoir un débat à ce sujet et le trancher, soit par la publication d'arrêtés municipaux permettant au Conseil d'État de se prononcer, soit par le vote d'une loi. En tout cas, je vous encourage à agir.

Il est nécessaire de se pencher sur la condition des femmes car toutes n'ont pas les mêmes possibilités d'émancipation. C'est cela le fond de l'affaire et la parité ne nous a pas aidées. Seule l'éducation peut nous permettre d'en sortir quand on constate un recul par rapport au corps, à la mixité, à la sexualité, à l'avortement, non seulement pour les jeunes filles musulmanes, mais également pour toutes les jeunes filles françaises.

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