Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Philippe Douste-Blazy

Réunion du 29 septembre 2009 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Philippe Douste-Blazy, conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies en charge des financements innovants pour le développement, président d'UNITAID :

Madame Martinez, les pays que j'ai cités ont prévu d'instaurer une taxation des billets d'avion.

La fondation de M. Clinton, qui jouit en effet d'une grande visibilité internationale, n'est que l'un de nos partenaires, comptant pour environ 25 % de notre action. Cela étant, je ne demanderais pas mieux que la France, qui est en effet très impliquée dans le financement d'UNITAID, se fasse entendre au plus haut niveau sur le sujet.

A mes yeux, les financements innovants doivent être considérés comme « additionnels ». Si on les intègre dans la masse de l'aide publique au développement, à quoi sert notre travail ? Si vraiment on veut les intégrer, il faut que ce soit, comme le font les Britanniques, en distinguant l'effort budgétaire de l'État et les autres financements.

Je suis tout à fait d'accord avec l'idée d'une contribution volontaire sur les transports ferroviaires. Je vais d'ailleurs rencontrer prochainement M. Guillaume Pepy, et je ne manquerai pas d'aborder ce sujet avec lui.

Que pourrait-on faire de plus ? Les global distribution systems (GDS), Sabre, Amadeus et Travelport, ne sont pas seulement actifs dans le domaine de la vente des billets d'avion, mais aussi dans celui de la location de voitures et celui des réservations de chambres d'hôtels. Sur ce dernier point, des discussions sont en cours avec le président d'Accor, M. Gilles Pélisson, ainsi qu'avec le président de Marriott aux Etats-Unis. Quoique moins avancées, des discussions ont également été ouvertes sur les locations de voitures.

S'agissant du niveau de l'aide publique au développement, je ne vois pas comment les pays occidentaux pourraient, dans la situation de pauvreté actuelle de tant de personnes dans le monde, continuer à donner seulement 0,3 % de leur PIB.

Quant à la taxe sur les transactions de change (CTT), je viens de publier une tribune dans le New York Times pour en demander la concrétisation. L'idée en a été lancée dès l'an 2000. L'idée défendue par les ONG me paraît bonne : on peut très bien envisager d'appliquer un taux très faible sur les seules devises gérées par les banques centrales. Une contribution de 0,005 % rapporterait entre 35 et 40 milliards d'euros – soit à peu près la somme qui nous manque – sans aucune différence perceptible sur le prix de la devise. Mais rien ne peut se faire sans un accord au sein du G20 : un système reposant sur le volontariat est voué à l'échec, car un opérateur gagnant des milliards de dollars par jour aura toujours envie d'en gagner davantage – et donc, si on lui en donne la possibilité, de ne pas payer la taxe.

Merci de vos mots d'encouragement, madame Aurillac. Notre conseil d'administration a décidé de limiter son action à la lutte contre trois grandes pandémies ; nous sommes trop « petits » pour aller au-delà, même si la démarche que nous avons entreprise ouvre d'immenses possibilités.

UNITAID a effectivement un structure légère, composée d'environ 25 personnes, avec des frais généraux inférieurs à 5 % de notre budget – ce qui constitue, me semble-t-il, un record. Nous sommes abrités par l'OMS, dont le fonds fiduciaire gère au quotidien nos ressources.

En ce qui concerne le vaccin contre le sida, il faudra, entre l'annonce faite par Sanofi-Aventis et la mise à disposition éventuelle sur le terrain, attendre sept ou huit ans. En outre, il ne pourra s'agir d'un vaccin efficace à 100%.

Dans ce domaine, nous sommes en train de réfléchir à un élargissement de notre stratégie. Que se passe-t-il en effet quand une entreprises « startup » a mis au point un médicament ou un vaccin donnant des résultats satisfaisants sur l'animal ? Comme il lui faut plusieurs millions d'euros pour passer aux essais sur l'homme, elle est obligée de se tourner vers un grand laboratoire mondial, lequel exige, en contrepartie du financement apporté, de prendre le contrôle du capital ; et ensuite, la diffusion ne se fait que dans les pays riches. Je crois qu'UNITAID pourrait apporter des financements aux « startup », à condition qu'elles s'engagent à fournir les vaccins à prix coûtant dans les pays pauvres – les prix dans les pays riches ne nous regardent pas. Patrice Debré s'emploie à convaincre les Britanniques, les Norvégiens, les Chiliens et les Brésiliens de la nécessité d'infléchir notre stratégie dans cette direction, qui me semble conforme à la vocation d'UNITAID.

Monsieur Terrot, j'ai lu comme vous la presse spécialisée, mais je ne peux pas imaginer un seul instant, compte tenu des résultats obtenus, que la France diminue son effort en faveur d'UNITAID, surtout au moment où d'autres pays nous rejoignent. Les organisations non gouvernementales, qui croient au multilatéralisme, ont toutes fait savoir qu'elles ne souhaitaient pas que l'on retire de l'argent à UNITAID.

Je comprends bien l'idée que la France doit être plus visible ; qu'elle le soit à travers des opérateurs multilatéraux ! Je serais très heureux qu'il y ait, dans notre pays, un acteur comparable à la fondation Clinton. Notre conseil d'administration serait le premier à financer ses programmes, après consultation de nos experts. Vous pourriez utilement suggérer au Quai d'Orsay de s'intéresser à la santé publique, qui est un véritable enjeu politique au niveau international.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion