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Intervention de Jean-Louis Borloo

Réunion du 8 octobre 2008 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Question préalable

Jean-Louis Borloo, ministre d'état, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Monsieur Letchimy, j'ai eu l'occasion, dans des fonctions antérieures de ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine, de constater que vous aviez le goût de la cohésion sociale. Je vous remercie d'avoir commencé comme vous l'avez fait. Vous vous êtes ensuite évadé vers de grands sujets stratopolitiques mondiaux. (Sourires.) Vous avez parlé de la gouvernance mondiale de l'environnement : vous soutenez, nous soutenons, le Gouvernement soutient cette idée, lancée en son temps par Jacques Chirac. Nous n'avons eu de cesse que de vouloir imposer, contre vents et marées, ce gouvernement mondial de l'environnement, dans le cadre de l'ONU. Mais il ne suffit pas de le dire et cela ne se fait pas tout seul : cela se fait avec les autres. Nathalie Kosciusko-Morizet et moi-même avons parcouru le monde pour en parler. Nous étions encore au Brésil, il y a peu, pour tâcher de trouver de nouveaux alliés. Nous progressons. Ce gouvernement est une absolue nécessité, comme le regroupement de diverses institutions qui, vous le savez, sont parfois émiettées, quand elles ne sont pas concurrentes.

Ce que vous avez dit sur l'outre-mer m'a touché, monsieur Letchimy. Dans mon intervention liminaire, pour montrer que le mouvement est déjà lancé, j'ai évoqué la montagne de Kaw. Je rappelle que Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République, s'était déclaré favorable à une mine, et que le Président élu, dans le cadre des engagements qu'il avait pris, a finalement dit non au projet. Vous le savez, du point de vue social et économique, le choix n'était pas si évident. Il en est de même pour le projet d'université de l'environnement, que nous menons, sur place, avec nos amis brésiliens. Ce texte sur le Grenelle et celui qui suivra sont extrêmement attentifs au sujet, à telle enseigne que nous approuvons et défendons votre proposition sur l'expérimentation, qui est d'ailleurs assez similaire à celle du rapporteur Christian Jacob.

Je suis allé à l'île de la Réunion pour recevoir l'ensemble de l'outre-mer français, à l'occasion de la conférence de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Sur les questions de biodiversité, l'outre-mer français se sent abandonné depuis longtemps. J'ai promis que, dans ce cadre-là, nous ne céderions pas sur les sujets de biodiversité, car le Grenelle ne se contente pas de prendre acte des nouvelles raretés, il découvre les nouvelles abondances. Or, s'il est un endroit au monde où un grand État peut faire en sorte qu'une partie de son territoire soit autonome du point de vue énergétique, protège sa biodiversité et soit socialement, démocratiquement et écologiquement exemplaire, c'est bien l'outre-mer français.

L'outre-mer est situé au milieu de la mer et des océans. D'une certaine manière, la France a tourné le dos, non pas à la mer et aux océans, grâce à ses marins et à sa littérature, mais à la connaissance intime de ce que ce milieu peut apporter à l'homme en matière scientifique, pour la santé, pour la pharmacopée ou pour l'énergie. Nous sommes au tout début de la découverte réelle de ce qui couvre 80 % de notre planète. C'est pour cela que, du point de vue de la biodiversité, la véritable avant-garde de notre pays, c'est l'outre-mer.

Je suis allé deux fois à la Réunion pour signer, avec le président Vergès et Nassimah Dindar, la première convention technique opérationnelle baptisée GERRI – Grenelle de l'environnement à la Réunion – Réussir l'innovation –, qui a fixé comme objectif une autonomie énergétique de 50 % dans les douze ans. Du reste, vous le savez bien, monsieur Letchimy, puisque vous faisiez partie du groupe de travail. Aujourd'hui, la nouvelle technologie française, ce sont les éoliennes qui se penchent en moins de dix minutes lorsque le vent se lève. C'est dans les DOM-TOM que l'on découvre la possibilité de puiser de l'eau à 5 degrés pour en finir avec les climatisations infernales. C'est une avant-garde technologique et de progrès. Croyez-moi, sur ce point, nous serons toujours derrière vous.

Pardonnez-moi de vous dire que tout cela est bien la preuve que ce texte mérite un débat à l'Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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