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Intervention de Christian Ménard

Réunion du 14 octobre 2009 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Ménard :

L'action des commandos marine embarqués sur les bateaux de pêche mérite toutes nos félicitations. J'espère qu'elle servira de leçon.

L'opération Atalanta risquant de durer quelques années, serait-il possible d'embarquer sur les vaisseaux de marine marchande des fusiliers marins réservistes ? La loi permet-elle de le faire ?

Djibouti, dont je reviens, risque fort de devenir une poudrière : on compte aujourd'hui 15 000 réfugiés « officiels » et 200 000 clandestins pour une population d'environ 800 000 habitants. Gardons-nous de sous-estimer les risques et de dégarnir cette base.

Amiral Pierre-François Forissier. Je ne voudrais pas sortir de mon domaine de compétence mais je dois dire que vous trouve bien sévère envers la France : nous sommes les premiers à avoir envoyé des pirates dans nos prisons. D'autre part, nos juristes travaillent d'arrache-pied pour que nous puissions juger nous-mêmes les pirates, et nous avons profité de la présidence française de l'Union européenne pour porter ce sujet au niveau européen. L'opération Atalanta repose aujourd'hui sur une base juridique beaucoup plus robuste que l'action menée par le reste de la communauté internationale : au lieu de remettre les pirates en liberté, nous les transférons aux États de la zone avec lesquels nous avons signé des accords. Notre dispositif reste sans doute perfectible, mais je fais partie de ceux qui estiment que le bilan est plutôt positif.

En ce qui concerne les atomiciens, je n'ai pas constaté de difficultés particulières de recrutement et de formation. Notre seule préoccupation concerne leur fidélisation, la filière nucléaire étant en plein développement. Comme nous l'avons fait hier avec les pilotes, nous travaillons avec les industriels pour répartir la ressource humaine dans l'intérêt de tous, à commencer par les ingénieurs eux-mêmes. L'hypothèse que vous envisagez, monsieur Le Bris, n'est pas à l'ordre du jour.

Pour des raisons géographiques et historiques, Djibouti constitue un point d'appui naval incontournable. Il n'a jamais été question d'abandonner cette implantation ou de réduire son importance. Les capacités offertes par Djibouti en matière d'escale en territoire étranger et de soutien logistique et technique présentent un intérêt vital. Pour s'en convaincre, il suffit de voir le nombre de pays présents dans ce port. La géographie est la même pour tous.

La montée en puissance de la base d'Abu Dhabi, initialement navale et aujourd'hui interarmées, s'explique par des raisons totalement différentes, qui relèvent des équilibres géostratégiques propres au golfe arabo-persique et de la défense de nos intérêts dans cette zone, située sur la route du pétrole. Ce besoin, qui a été identifié par le Livre blanc, justifie les efforts qui devraient encore s'accroître. Cela ne se fera pas au détriment de Djibouti mais grâce au prélèvement de capacités aujourd'hui projetées depuis la métropole, alors qu'il serait plus commode de les prépositionner là où le besoin s'en fait sentir.

Jusque-là rattaché au port de Toulon, alors qu'il était en réalité embarqué dans l'océan Indien, Alindien est désormais basé à Abu Dhabi d'un point de vue administratif, ce qui simplifie grandement la situation. Nous allons maintenant devoir trouver un équilibre entre sa présence à la mer et à Abu Dhabi. C'est un réglage de curseur à établir, sachant que les forces navales à la mer se commandent, par définition, à la mer.

Tous les commandos sont des fusiliers marins, mais tous les fusiliers marins ne sont pas des commandos – ces derniers relèvent des forces spéciales et exercent un métier très pointu, qui exige un véritable savoir-faire. Il n'est pas nécessaire, en revanche, d'appartenir aux commandos pour assurer la protection des bâtiments civils. Au demeurant, je ne suis pas certain que nous n'ayons pas déjà fait appel à des réservistes pour assurer cette mission. Cependant, l'actualité a montré que les intéressés peuvent se trouver dans des situations difficiles, nécessitant l'emploi des armes en application de règles d'engagement délicates : il faut donc des personnels dont la formation et l'entraînement soient irréprochables. Compte tenu des risques collatéraux, nous n'avons pas droit à l'erreur. Je vais étudier la question, mais il va de soi que les réservistes éventuellement concernés devront faire des périodes très fréquentes et qu'ils devront présenter de très fortes garanties de professionnalisme, ce qui me semble difficilement compatible avec des périodes limitées à trente jours.

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