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Intervention de Stéphane Gompertz

Réunion du 14 octobre 2009 à 11h15
Commission des affaires étrangères

Stéphane Gompertz, directeur d'Afrique et l'Océan indien au ministère des affaires étrangères et européennes :

Il y a eu effectivement une irruption localisée de sentiments anti-français, qui s'est traduite par les événements de Port-Gentil : je ne pense pas qu'il s'agisse d'un phénomène profond et durable. Avec le recul, il apparaîtra clairement, et il apparaît déjà, que, contrairement à ce que certains ont voulu faire accroire, peut-être parce que c'était leur intérêt, la France n'a pas pris parti pour tel ou tel candidat.

Certes la France avait des relations étroites avec Omar Bongo, et Ali Bongo était reçu en tant que ministre de la défense, ce qui est normal. Mais le Président de la République a dit dès le début – et cela a été l'attitude constante des pouvoirs publics français – que nous ne prenions parti pour aucun candidat. Paris a reçu tous les grands candidats qui le souhaitaient. Nous avons gardé une sorte d'« équidistance » vis-à-vis de tous. Je crois qu'on commence à s'en rendre compte, maintenant que la fièvre de contestation post-électorale est tombée, même si tout n'a pas été parfait dans cette élection. Le fichier électoral est certainement très imparfait : il est bien connu que le nombre des électeurs était nettement supérieur à ce qu'il aurait dû être en toute équité. Je remarque en passant qu'aucun des candidats n'a contesté ce fichier sans doute surdimensionné, probablement parce que tous pensaient en tirer avantage. Il y aura certainement là quelque chose à revoir, notamment pour les élections législatives.

Voilà pourquoi ce sentiment anti-français, très localisé, ne devrait pas perdurer. En Côte-d'Ivoire même, où il a été beaucoup plus intense, et alimenté, la France est de nouveau en faveur, en raison des liens que nous avons avec ce pays, et aussi parce qu'il est de l'intérêt bien compris de ces pays de garder avec nous des relations fortes.

En ce qui concerne les conditions dans lesquelles la présidence d'Ali Bongo se déroulera, nous ne sommes pas devins, nous ne pouvons qu'émettre des souhaits de bon sens.

Il faut rétablir un certain consensus, et il y a là un équilibre difficile à observer. Comme l'a dit Hugo Sada, il faut des règles du jeu, et donc un dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Mais il n'est pas sûr que ce dialogue doive aller jusqu'à la fusion de l'opposition au sein du pouvoir, ce qui était la politique pratiquée en virtuose par Omar Bongo. Il n'est pas sain en effet qu'un pays ne compte pas d'opposition véritable. Il faut cependant se mettre d'accord sur des règles du jeu, et que, sur certaines grandes questions, majorité et opposition trouvent un terrain d'entente. Cela ne sera pas facile.

L'autre grand défi d'Ali Bongo, qui l'a évoqué dans son programme électoral, sera naturellement de « résorber la fracture sociale ». Il est inconcevable que dans un pays pétrolier, la richesse soit aussi mal distribuée, les équipements aussi lamentables et la pauvreté aussi grande. C'est une question de gouvernance. Il ne s'agit pas de taper sur Omar Bongo maintenant qu'il a disparu : son oeuvre est immense, ne fût-ce que pour maintenir la paix dans son propre pays et dans la région. Mais il est vrai que beaucoup reste à faire en matière de gouvernance économique et sociale.

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