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Intervention de Stéphane Gompertz

Réunion du 14 octobre 2009 à 11h15
Commission des affaires étrangères

Stéphane Gompertz, directeur d'Afrique et l'Océan indien au ministère des affaires étrangères et européennes :

Madame, messieurs les députés, je ne vais pas vous apprendre grand-chose sur une situation que vous connaissez aussi bien que nous. Je voudrais simplement insister sur le caractère quelque peu paradoxal, voire contradictoire, du dossier gabonais.

Le Gabon est un petit pays d'environ 1,5 million d'habitants qui a cependant, grâce à la personnalité très forte, même si elle fut controversée, d'Omar Bongo, joué un rôle important sur le continent. C'est aussi un pays à la fois très riche et très pauvre, un pays pétrolier dont la population vit dans un grand état de pénurie, faute d'une redistribution des richesses. C'est un pays qui connaît des réussites indéniables, que la presse a parfois tendance à occulter, mais aussi des insuffisances. Sa principale réussite, surtout si on le compare à d'autres pays du continent, est d'avoir jusqu'à présent, grâce à l'habileté de ses présidents successifs, largement évité la cassure ethnique. Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de divisions ethniques, mais ces tensions ne sont jamais allées jusqu'à l'affrontement.

L'élection présidentielle a obéi, dans une certaine mesure, aux clivages ethniques, chaque candidat réalisant ses meilleurs scores dans la province où il jouissait de la meilleure assise, qu'il s'agisse d'Ali Bongo dans le Haut-Ogooué, de Pierre Mamboundou dans l'Ogooué-Lolo ou de l'ancien ministre de l'intérieur, André Mba Obame dans l'Estuaire. On constate cependant que les autres candidats ont fait des scores honorables dans chacune de ces régions. S'il y a donc bien eu une certaine polarisation ethnique, elle est restée limitée. C'est un des résultats de la politique d'équilibre suivie jusqu'à présent ; il faut espérer que ce sera toujours le cas.

J'évoquais le contraste entre la richesse potentielle de ce pays et la pauvreté de sa population due à l'absence de redistribution des richesses, à son manque d'équipements collectifs et à l'étendue de la corruption. Il est certain que le Gabon a d'immenses progrès à faire dans le domaine de la gouvernance.

Une dernière contradiction, et non des moindres, oppose la perception qu'on a parfois du rôle de la France, et son rôle réel. Beaucoup de fantasmes circulent à propos des liens du Gabon avec la France, de l'importance des réseaux maçonniques, des liens personnels de tel ou tel avec tel ou tel haut personnage de la République, du parti que la France aurait pris en faveur de tel ou tel : tout cela, c'est de la supposition. La France est restée neutre. Ce qui nous intéresse, c'est que le Gabon soit stable. Notre préoccupation était que l'élection se passe aussi bien que possible, et dans l'ensemble cela n'a pas été trop mauvais, même s'il y a des insuffisances.

Il faut se rappeler que pour la France, le Gabon est un tout petit partenaire, puisqu'il n'est que notre soixante-quatorzième partenaire commercial. Nous avons bien sûr des intérêts là-bas, mais cela reste limité. Les investissements français au Gabon représentent 0,14 % des investissements français à l'étranger. Cela dit, il ne faut pas nier les liens que nous avons avec ce pays francophone, stable jusqu'à présent et qui ont contribué à la stabilité régionale. Nous espérons donc qu'au-delà de cette période un peu difficile, le Gabon pourra se développer d'une façon plus équilibrée, plus harmonieuse.

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