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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 18 mars 2009 à 11h45
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Je défends l'idée de deux États depuis 1975 ! Cela dit, que faire lorsque l'on a demandé dix fois l'arrêt de la colonisation ?

S'agissant des élections libanaises, les responsables politiques, avec lesquels je suis en contact permanent – encore hier soir –, ne sont pas inquiets. La campagne commencera en mai et tous les partis, Hezbollah compris, devraient y participer. En dépit d'une modification des circonscriptions, la grosse difficulté, c'est cette loi qui prévoit une élection à un tour sur liste mélangée. Pour le moment, on ne constate pas de tensions, sauf au sein des listes elles-mêmes et des groupes, en particulier dans le sud du pays.

Les élections afghanes sont quant à elles prévues pour le 20 août. À partir de la fin du mois d'avril s'ouvre une période transitoire que les Afghans doivent assumer eux-mêmes. C'est probablement le président Karzaï qui exercera le pouvoir jusqu'au vote, mais il faut que le Parlement le lui permette.

À Cuba, M. Lang s'est longuement entretenu avec Raul Castro, ainsi qu'avec le ministre des affaires étrangères Felipe Perez Roque lequel ne fait plus aujourd'hui partie du gouvernement ! Je rappelle que c'est la présidence française de l'Union européenne qui a mis en oeuvre le rétablissement des relations économiques avec Cuba, tout en maintenant les exigences concernant le sort des dissidents. La mission de M. Lang a pour objet de relancer les relations bilatérales. Je rappelle toutefois que la France n'a jamais pris part au blocus, pas plus que le Mexique. Nous évoquerons ces questions au G20 avec le Président Obama, le Président Calderon et M. Zapatero. Les signes en provenance des États-Unis sont relativement encourageants. Même s'il ne faut pas s'attendre à une levée immédiate du blocus, je pense que c'est un objectif à moyen terme. Nous attendons aussi, bien entendu, des résultats en matière de droits de l'homme.

Les Alliances français sont un élément essentiel de la diplomatie dite d'influence. Elles sont autonomes mais reçoivent une aide financière et sont en rapport constant avec le ministère. J'espère, monsieur Asensi, que vous approuverez la réforme du Quai d'Orsay qui sera annoncée le 25 mars et qui prévoit de rendre toute sa place à la culture.

Monsieur Clément, trois juges de la CPI – dont une Ghanéenne –, au vu de l'enquête menée pendant plusieurs années par le Procureur sur les crimes commis au Darfour, ont pris une décision collective. Ils ont conclu à la délivrance d'un mandat d'arrêt contre le Président Béchir. Une fois le mandat délivré, il n'y a plus aucun moyen de s'y opposer.

Depuis trois ans, nous avons tout essayé pour le Darfour. J'ai consacré à ce sujet ma première réunion au Quai d'Orsay. Avec Mme Rice, nous avons élaboré la résolution adoptée par le Conseil de sécurité. Hélas, cela n'a pas été suivi d'effets sur le terrain.

Je suis bien placé, monsieur Labaune, pour savoir que l'action humanitaire et l'action politique peuvent entrer en contradiction. Je crois qu'il faut faire triompher les droits de l'homme à titre préventif par le biais de la justice internationale, même s'il est toujours nécessaire d'assister les populations. Cela prendra des années, mais on arrivera un jour, j'en suis persuadé, à une politique de prévention en matière de droits de l'homme.

Au Darfour, le conflit a fait 2,5 millions de réfugiés et entre 250 000 et 300 000 morts. Les ONG sont tout à fait dans leur rôle quand elles protestent et il est exclu de les régenter. Les gouvernements sont dans une situation différente : on peut avoir pour exigence de faire respecter le mieux possible les droits de l'homme mais, à un moment donné, il faut prendre des décisions politiques. Voilà pourquoi je souhaite que ce progrès de la justice internationale n'aggrave pas une situation humanitaire qui pourrait devenir intolérable.

Ni la France ni l'Union européenne n'exigent un changement de régime au Soudan. Elles demandent seulement une amélioration des conditions de vie, la protection des victimes et la fin des violations des droits de l'homme au Darfour. La CPI ne demande pas non plus un changement de régime : elle demande seulement que M. Béchir réponde des crimes dont on l'accuse. Pour des raisons différentes, Mme Clinton comme M. Tourabi ont également formulé cette exigence.

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