Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 18 mars 2009 à 11h45
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Certes. Mais, pour ce qui est des personnalités politiques, les thèmes sont très précis. Lorsque Michel Rocard était Premier ministre, il a élaboré avec son homologue norvégien, Gro Harlem Brundtland, la première convention sur l'Antarctique. Je faisais partie de son gouvernement et je me souviens avec émotion de cet épisode. D'importantes réflexions doivent être menées, notamment sur les voies que la fonte des glaces va ouvrir dans l'Arctique. Michel Rocard est, à bien des titres, une personnalité incontestable. Sur ce sujet, il est en plus un pionnier. La première réunion avec les directeurs au Quai d'Orsay a été enthousiasmante.

Pierre Lellouche, quant à lui, a été nommé parlementaire en mission et son mandat ne peut excéder six mois. Après la nomination, pour les États-Unis, de Richard Holbrooke comme envoyé spécial en Afghanistan et au Pakistan, un ambassadeur britannique et un ambassadeur allemand ont été investis de fonctions similaires. Nous ne pouvions rester absents de ce dispositif, d'autant que, dans la perspective de la réunion sur l'Afghanistan qui se tiendra le 31 mars à La Haye, il sera important d'arrêter une position européenne commune. M. Pierre Lellouche a été nommé car il connaît bien ces sujets, sur lesquels il a beaucoup réfléchi et écrit.

Ces nominations traduisent aussi la volonté d'ouverture du Président de la République, tendance dont vous n'ignorez pas que je suis partisan. Pour autant, ces nominations ne sauraient se multiplier sans risquer de poser des problèmes de gestion et d'intendance au Quai d'Orsay. Pour l'Afghanistan, par exemple, cinq représentants de différents ministères travaillent en permanence avec Pierre Lellouche, en plus des diplomates placés dans la cellule interministérielle. La question de la vallée de la Kapisa est un sujet essentiel : on ne peut parler d'afghanisation sans parler des moyens que l'on met à la disposition des populations civiles. C'est ce que nous proposerons, avec notamment une gendarmerie européenne.

L'utilité des missions de Jack Lang, Michel Rocard et de Pierre Lellouche est évidente.

Un mot à propos de Cuba. Il fallait un envoyé spécial car nous nous sommes jusqu'à présent conformés à la politique très précise arrêtée par l'Europe : pas de visite de responsables si nous ne pouvons rencontrer des dissidents. Nous espérons que la mission de M. Lang fera évoluer ce pays vers des positions plus raisonnables.

J'en viens à la situation de Madagascar, qui est, comme vous le savez, très mouvante. Le président constitutionnel, M. Marc Ravalomanana, a désigné hier un Directoire militaire de onze membres, lequel Directoire a passé presque aussitôt les pouvoirs à l'ancien maire de Tananarive, M. Andry Rajoelina. La Haute cour constitutionnelle malgache, saisie par ce dernier, vient de le confirmer dans les fonctions de Président de la République de Madagascar pour une transition ne pouvant dépasser vingt-quatre mois – et M. Rajoelina s'était en effet engagé à ce que des élections aient lieu dans les vingt-quatre mois.

Était-ce un coup État ? Dans ce cas, un coup d'État appuyé par une partie du peuple et par l'armée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion