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Intervention de Jacques Attali

Réunion du 23 janvier 2008 à 16h00
Commission des affaires économiques

Jacques Attali :

s'est également déclaré ravi de poursuivre le dialogue avec la commission des affaires économiques.

La commission pour la libération de la croissance a voulu avant tout formuler des préconisations qui « marchent » car c'est cela qu'attendent les citoyens, indépendamment de toute considération idéologique ou politique. Elle a travaillé librement, sans aucun parti pris, et a reçu nombre d'approbations, certaines personnes regrettant par avance de ne pas pouvoir la soutenir publiquement, voire, de devoir la contredire à leur corps défendant, y compris sur la question des départements.

La commission a également essayé d'oeuvrer dans le sens de la justice - des propositions ont été formulées concernant les taxis ou les coiffeurs, mais aussi s'agissant du recrutement des grands corps de l'État - notamment en faveur des personnes les plus fragiles et des jeunes, afin que ces derniers ne supportent plus le poids de la dette ou des déséquilibres écologiques qui leur sont légués. Enfin, elle a travaillé de façon pragmatique avec les administrations, les associations, les syndicats.

Toutes ses propositions sont réalisables et finançables sans augmentation des prélèvements obligatoires et dans le cadre de la poursuite de la baisse des dépenses publiques. Il n'est certes pas question de les accepter ou de les rejeter en bloc puisque ce sera au Gouvernement et au Parlement de prendre leurs responsabilités, néanmoins la commission préfèrerait qu'elles soient toutes retenues car lever les freins à la croissance suppose d'agir sur tous les fronts, dans le sens d'une plus grande liberté et d'une plus grande justice. L'efficacité des mesures préconisées repose en effet sur un équilibre d'ensemble : des taxis aux départements, tout est lié.

La France est un îlot de relatif déclin dans un monde en pleine croissance. Les perspectives de la croissance se situent en l'occurrence dans l'économie de la connaissance, la formation, la recherche fondamentale et appliquée ainsi que dans un nouveau positionnement sur des secteurs majeurs : le numérique, la santé, les ports et les aéroports, les industries de l'environnement, du tourisme, de la finance, des services à la personne, de l'énergie. Les différents acteurs doivent être mobiles géographiquement, socialement - renouvellement des élites -, économiquement, internationalement, c'est-à-dire avec l'accueil des étrangers pour gagner la « guerre des cerveaux ». La sécurisation des emplois est également fondamentale, la commission étant par exemple opposée à la rupture du contrat de travail à l'amiable si elle ne s'accompagne pas de mesures de stabilisation des conditions de rémunération de ceux qui sont à la recherche d'un accompagnement pour trouver un nouvel emploi. De même, il est absurde de renforcer la liberté de la concurrence dans la grande distribution sans conforter la situation du petit commerce et des fournisseurs indépendants.

L'État et les collectivités territoriales doivent participer à ce mouvement en se modernisant. La réduction du nombre de niveaux de collectivités territoriales, pour se rapprocher de la situation de la plupart des autres pays, accélèrerait les prises de décision et permettrait de réduire les dépenses. Comment, par ailleurs, des élus du peuple pourraient-ils demander aux Français d'accepter des réformes si eux-mêmes ne se remettent pas en question ?

Il est également possible de réaliser de formidables économies : chambres de commerce et de métiers, organisations de formation professionnelle ou d'assistance technique, offices d'HLM, tribunaux de commerce sont autant de sources de gaspillages qui favorisent de surcroît le développement d'une société de connivence et de privilèges.

Il faut agir vite, après les élections municipales et avant les élections régionales et européennes, soit entre avril 2008 et juin 2009. Ce qui ne sera pas lancé à ce moment-là ne le sera plus et le retard de la France se sera encore accru. En outre, il n'est pas une mesure proposée qui ne soit déjà appliquée dans l'un ou l'autre des pays concurrents.

Ce rapport, enfin, est politique, au sens noble du terme, car il doit permettre de décider de ce qui est bon pour la France indépendamment de toute considération partisane : si, par exemple, la France peut faire aujourd'hui de Roissy le premier aéroport d'Europe, c'est grâce à l'action successive et déterminée de MM. Pons, Gayssot et de Robien.

Ce rapport a été adopté à l'unanimité ; il y a urgence.

M. Attali a ensuite présenté plusieurs membres de la commission : M. Mario Monti, M. Théodore Zeldin, M. Jean Kaspar, M. Jacques Delpla, M. Pierre Ferracci, M. Hervé Le Bras, M. Éric Labaye, M. Jihade Belamri, Mme Dinah Weissmann, M. Luc-François Salvador, M. Arnaud de Belloy, M. Stéphane Boujnah, M. Bruno Lasserre. Il a également salué le travail de Mme Josseline de Claussade et de M. Emmanuel Macron, respectivement rapporteur général et rapport général adjoint de la commission.

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