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Intervention de François Lamy

Réunion du 29 octobre 2008 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Lamy, rapporteur :

En complément de l'exposé de Pierre Lellouche, j'aborderai quelques points qui me semblent essentiels à la compréhension du tableau général de l'Afghanistan.

En premier lieu, nous assistons à une réelle dégradation de la situation sur le plan sécuritaire. En 2007, 9 000 incidents ont été recensés, soit une moyenne de 25 par jour. La moitié d'entre eux provient des engins explosifs improvisés qui causent une part importante des pertes alliées à côté des accrochages militaires. Cette détérioration met en lumière la nouvelle tournure prise par le conflit dont il faut prendre ici la mesure. Il ne s'agit plus de déloger les Talibans de Kaboul, mais de contrer une insurrection aux visages multiples : éléments d'Al-Qaïda, Talibans, chefs de guerre, etc. Dans ce contexte, les deux prochains rendez-vous qui s'annoncent revêtent une signification particulière : les élections présidentielles prévues en 2009 d'une part, et l'annonce du retrait des forces canadiennes en 2011 qui pourrait être suivi par celui des contingents britanniques et néerlandais.

En deuxième lieu, la situation afghane révèle la complexité du fonctionnement de l'OTAN en temps de guerre. À cet égard, je note, comme en Bosnie, que le caractère multinational des états-majors est un réel obstacle à la conduite des opérations et se révèle in fine une source de complication extrême sur le plan pratique. Lorsque nous avons sollicité le général Stollsteiner pour la communication d'informations, c'est un officier roumain qui a nous a servi d'intermédiaire. En Afghanistan, cette particularité est renforcée par l'existence de deux organisations distinctes, la FIAS et Enduring Freedom. L'idée de coupler le fonctionnement de ces deux structures pourrait constituer une solution mais ne résoudrait pas pour autant les problèmes de coordination dont nous avons été témoins.

En troisième lieu, l'afghanisation constitue un moyen de résolution du conflit. 63 000 soldats afghans sont actuellement formés. Pour remplir l'objectif de 122 000 qui a été fixé, il importe de renforcer le nombre d'OMLT à hauteur d'une vingtaine. Pour autant, il faut rester prudent quant aux chances de réussir ce processus. La composition des forces armées reste encore hétéroclite : il n'existe pas de réelle unité. On estime qu'il faudra une génération pour y parvenir. Songez que l'armée afghane abrite d'anciens cadres formés par les moudjahiddines ou par l'armée soviétique. La question de la rémunération des soldats et de leur équipement pose aussi problème : le rapport entre la solde reçue par un soldat afghan et celle d'un taliban est de 1 à 10.

Enfin, nous ne disposons toujours pas de moyens permettant d'identifier nos ennemis. Les insurgés compteraient 25 000 hommes, mais il est particulièrement difficile de faire la part entre ses différentes composantes. Nous ne sommes donc pas en mesure de savoir si nous avons effectivement ébranlé les structures d'Al-Qaïda ou si celle-ci s'est retirée au Pakistan.

Tous ces éléments doivent pouvoir être éclaircis car nous serons certainement confrontés à de nouvelles pertes. Notre devoir est d'apporter des éléments utiles à la compréhension du conflit pour nos concitoyens.

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