Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Raoul Briet

Réunion du 21 mai 2008 à 10h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Raoul Briet, Président du Fonds de réserve pour les retraites :

Je vous remercie de nous donner l'occasion, avec Antoine de Salins, d'évoquer la situation du FRR.

Si l'existence comptable de ce dernier a commencé à la fin des années quatre-vingt-dix, la loi a consacré son existence en 2001 et il n'a vraiment été opérationnel qu'à la fin de 2002 ; les premiers investissements sur les marchés ont quant à eux commencé en juin 2004.

À la fin 2007, les actifs s'élevaient à 34,5 milliards ; nous sommes un peu en deçà de ce chiffre aujourd'hui, la performance des quatre derniers mois ayant été négative. Les excédents de la Caisse nationale d'assurance vieillesse – CNAV – et du Fonds de solidarité vieillesse – FSV –, qui s'élèvent à 6 milliards, participent de l'alimentation du FRR, de même que le montant de cessions d'actifs – qui est à peu près identique – et le prélèvement social qui représente 10 milliards – ce dernier a constitué d'ailleurs la presque totalité des « recettes » du FRR en 2006 et 2007. Les abondements de 2005, en revanche, ont intégré la contribution exceptionnelle de la soulte des industries électriques et gazières (IEG). On constate donc une irrégularité forte des abondements et une tendance à ne plus bénéficier que de la seule recette fiscale affectée au FFR.

L'augmentation de la valeur des actifs du Fonds procède à parts égales des résultats de la gestion financière et des abondements supplémentaires, étant rappelé que notre comptabilité est mark to market.

L'allocation stratégique demeure majoritairement constituée d'actions. Nous avons ouvert en 2006 une catégorie active de diversifications financières – immobilier, matières premières, capital investissement – mais également géographiques. L'allocation devrait permettre au Fonds de faire, avec une probabilité de 80 %, mieux que le coût de la ressource – soit 4,4 %. Nous avons choisi un investissement en actions sur le long terme, comme le font nos homologues suédois, irlandais ou canadiens. Le Fonds a fait une hypothèse prudente quant à la prime de risque, en la situant aux alentours de 250 points de base, avec la contrepartie d'une certaine volatilité, que l'on a d'ailleurs expérimentée brutalement au premier semestre 2008.

Depuis le démarrage de ses investissements, en juin 2004, jusque fin 2007, la performance nette annualisée du Fonds a été de 8,8 %. Pour la seule année 2007, elle s'est établie à 4,8 %, ce qui est un peu supérieur à nos homologues, notamment norvégiens – 4,3 % –, suédois – 4,2 % – et irlandais – 3,3 %. Sur plusieurs années, la performance moyenne annuelle est comparable. Les coûts de fonctionnement se situent, quant à eux, en deçà de 19 à 20 points de base. Avec 17 points, ils étaient en 2007 un peu inférieurs au benchmark – qui est de 19 points. Cela signifie que pour investir 100 euros, nous dépensons 17 centimes, le placement par une structure collective étant beaucoup moins onéreux que les placements individuels qui s'effectuent pour au moins 150 points de base. J'ajoute que deux tiers de nos coûts correspondent aux commissions versées aux gérants et aux frais financiers divers.

Les trois premiers mois de 2008 ont donc été très difficiles, la performance ayant été de moins 9,6 % au 21 mars – ce qui a conduit la performance nette annualisée depuis juin 2004 à 5,4 %. Au 2 mai, la perte était de 4,4 % et la performance nette actualisée de 6,8 %. Lorsque nous avons arrêté l'allocation stratégique, la trajectoire tendancielle espérée était à 6,3 % par an. Après avoir été nettement au dessus en 2006 et 2007, nous nous situions un peu en dessous au premier trimestre mais, depuis peu, nous repassons légèrement au-delà.

S'agissant des perspectives, nous allons poursuivre la diversification : l'appel d'offres sur les matières premières est en voie d'achèvement, des travaux sont en cours en matière immobilière et infrastructurelle, de même que des investissements dans les pays émergents. Nous allons revoir la structure des mandats en essayant de concentrer la gestion active sur les classes d'actifs où la recherche de gérants susceptibles de produire de la sur-performance relative est la plus évidente. Enfin, nous allons réexaminer l'allocation stratégique, facteur déterminant pour le FRR au-delà de l'allocation tactique et de l'« alpha » des gérants.

Notre stratégie d'investissement responsable passe par la poursuite de la politique d'exercice actif des droits de vote et la prise en compte des critères d'analyse extra-financière dans certains mandats ainsi que dans le lancement de mandats « investissements socialement responsables » – ISR. Nous veillons aussi à mobiliser de nouveaux leviers avec, par exemple, l'analyse des impacts possibles du réchauffement climatique sur la politique d'investissement et nous allons mettre en place un comité pour l'investissement responsable chargé d'apprécier les risques extra-financiers qui peuvent avoir un impact sur la réputation du Fonds – des mesures de désinvestissement concernant quatre entreprises ne respectant pas la convention d'Ottawa sur le mines anti-personnel ont ainsi été prises suite à la présentation du reporting extra-financier du portefeuille.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion