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Intervention de Daniel Shek

Réunion du 13 janvier 2009 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Daniel Shek :

Viable et vivant en bon voisinage avec Israël. C'est la raison profonde de notre négociation avec les Palestiniens, fondée sur le principe de deux États pour deux peuples.

Quant à savoir si nous allons poursuivre l'offensive jusqu'à tuer le dernier militant du Hamas ou anéantir la dernière des roquettes, permettez-moi de rappeler l'objectif de l'opération : il n'est ni de détruire le Hamas, ni d'en finir avec toutes les roquettes. Ce ne serait pas réaliste. L'objectif est simple : il est de rétablir la normalité dans la vie des Israéliens, ce qui passe par de la pression militaire et par une action diplomatique et, en définitive, par de bons arrangements.

Pour ce qui est de l'allusion au Sud-Liban, je sais tout ce qui a été dit à ce propos : défaite israélienne, débâcle, catastrophe, etc. Le déroulement de cette guerre a certainement fait apparaître nombre de problèmes du point de vue israélien, mais la bottom line, comme disent les Américains, est que depuis deux ans et demi, pas une roquette n'a été tirée par le Hezbollah alors que jamais il n'y avait eu là-bas une telle tranquillité. Ce qui est considéré comme une défaite militaire a engendré la dissuasion. On peut donc imaginer qu'à Gaza aussi, faute de pouvoir détruire le Hamas et tous ses moyens militaires, il est possible d'atténuer la volonté de ce dernier de tirer des roquettes, et que des arrangements vérifiables, avec une participation internationale, apporteront peut-être à Gaza et au sud d'Israël une longue période de tranquillité.

Monsieur Muselier, les civils sont l'arme de ces organisations. Voyez ce qui se passe en Afghanistan, en Irak et, dans une certaine mesure, dans les Balkans. Quand une organisation non étatique, incrustée dans la société civile, part en guerre, les civils représentent pour elle une double arme, qu'il s'agisse des civils vivant de l'autre côté et qu'elle vise avec un certain succès, ou des civils vivant de son propre côté qu'elle utilise pour se cacher, ce qui je le répète, est un crime de guerre. Il n'y a pas d'ambiguïté sur la question. Selon le droit international et tous les manuels de guerre, si un combattant se cache dans un lieu protégé par le droit de la guerre, il ne gagne pas l'immunité.

Le drame humanitaire n'inquiète pas moins les Israéliens que les autres. Des milliers de tonnes de produits de première nécessité passent depuis le premier jour de l'opération militaire, ce qui est assez inédit, d'autant que les images prises à Gaza permettent de se rendre compte que lorsqu'un convoi d'aide humanitaire arrive sur une place publique, les premiers à se servir, assez généreusement d'ailleurs, sont les gens du Hamas : nous ravitaillons donc nos ennemis, mais nous le faisons tout de même.

Il en va de même des couloirs humanitaires, ces trois heures par jour pendant lesquelles nous cessons les tirs. Si quelqu'un en bénéficie, ce sont les gens du Hamas, puisque, ces derniers jours, l'essentiel des tirs de roquette a eu lieu pendant cet intervalle de trois heures, sachant que l'armée israélienne ne répliquera pas. Si l'on assiste à une baisse importante du nombre de roquettes tirées (vingt qui sont tirées aujourd'hui par jour contre quatre-vingts au début), plus de la moitié le sont pendant la trêve humanitaire.

Pour ce qui est de la durée de l'opération, je ne peux vous donner un laps de temps. Si la diplomatie réussit, on arrêtera ce soir. Mais ni l'investiture d'Obama, ni les élections israéliennes, ou que sais-je encore, ne sont des paramètres qui décideront de cet arrêt. Celui-ci ne sera effectif que lorsqu'un vrai changement sera assuré dans la vie du sud du pays et de la bande de Gaza.

S'agissant de savoir si le Hamas peut être un interlocuteur, cela ne peut être le cas aujourd'hui. Ce n'est pas là une décision israélienne, mais du quartette pour le Moyen-Orient selon lequel le Hamas ne peut devenir un interlocuteur que s'il répond à trois conditions : la reconnaissance d'Israël, le renoncement à la violence et le respect de tous les accords déjà signés entre Israéliens et Palestiniens.

Je ne suis pas ceux qui déclarent que jamais ils ne parleront au Hamas. Simplement, aujourd'hui, il n'est pas un interlocuteur valable compte tenu du fait qu'il n'accepte aucune de ces trois conditions, Il faut parler avec ses ennemis, dit-on. Encore faut-il avoir un sujet de conversation. Pour le moment, nous n'avons pas de sujet commun avec le Hamas.

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