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Intervention de Daniel Shek

Réunion du 13 janvier 2009 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Daniel Shek :

Monsieur Lecoq, Israël ne commet pas de crimes de guerre, et je ne considère donc pas comme très inquiétante votre menace à peine voilée d'une saisine des tribunaux français. Pour avoir bien lu les manuels de droit international, je sais qu'Israël est dans son droit – mais les Français qui souhaiteraient intervenir auprès des tribunaux le seraient bien évidemment aussi.

Puisque vous avez mentionné les soldats franco-israéliens, permettez-moi de vous en citer un : Gilat Shalit, emprisonné dans des conditions insoutenables au regard du droit international depuis des années.

Quant à la théorie selon laquelle Israël serait responsable de la création du Hamas, je vous ferai remarquer qu'il n'y a pas un pays musulman dans le monde qui n'a pas vu se développer depuis quelques décennies des mouvements islamistes extrémistes. Je ne vois donc pas en quoi la société palestinienne devrait être différente et pourquoi l'existence du Hamas devrait être la faute d'Israël alors que le même phénomène se produit en Algérie, au Pakistan, en Arabie saoudite et même en Syrie.

Le Hamas est né de la branche la plus radicale des Frères musulmans, la même mouvance s'étant développée en Egypte et dans d'autres pays – M. Sammy Ravel ici présent, ministre plénipotentiaire, connaît fort bien ces questions pour avoir vécu dans le monde arabe.

Une fois cette organisation créée, reste à savoir ce que l'on en fait. En l'occurrence, il s'agit essentiellement d'un problème palestinien, voire d'un problème de vases communicants entre la force du Hamas et la force des modérés du Fatah. En tout cas, venir défendre les islamistes du Hamas qui cultivent le culte de la mort et des attentats suicides, qui pratiquent la polygamie, qui défendent la discrimination à l'encontre des femmes, qui persécutent les homosexuels, qui viennent de voter dans le code pénal de Gaza une application de la charia impliquant des amputations ou encore des coups de fouet, me semble un exercice périlleux et pas nécessaire alors qu'à cent kilomètres une société moderne et démocratique se construit.

Par ailleurs, si le gouvernement à Gaza est aujourd'hui entre les mains du Hamas c'est à la suite d'un coup d'Etat sanglant avec l'élimination de centaines de membres du Fatah – à ce propos, on parle, au cours des hostilités actuelles, de quatre-vingts exécutions sommaires de gens soupçonnés de collaboration avec Israël, lesquels, miraculeusement, se révèlent tous être des membres de la direction du Fatah restés dans la bande de Gaza !

Je ne crois pas non plus qu'Israël vive dans l'impunité. J'estime plutôt qu'Israël subit depuis très longtemps le regard critique du monde et de ses instances internationales, et qu'elle a systématiquement coopéré avec ces dernières. Nous payons le prix d'être une société démocratique et transparente, mais nous le payons de bon coeur. Je ne regrette pas le choix effectué par Israël en 1948 de devenir une société ouverte, pluraliste et démocratique. Je suis fier qu'en soixante ans d'existence nous ayons pu, en dépit d'un état de guerre presque permanent, préserver les principes de notre démocratie alors que, historiquement, les situations de guerre sont pleines de tentations pour les gouvernements et les sociétés d'opérer, pour le moins, certains compromis avec les principes de la démocratie voire d'engendrer des dictatures.

Monsieur Boucheron, je veux vous libérer de votre sentiment de responsabilité historique quant à la création d'Israël. C'est un fils de déportés qui vous le dit – mes parents étaient à Auschwitz : ce n'est pas le degré de souffrance d'un peuple qui lui donne droit à l'autodétermination nationale. C'est un droit inné que tous les peuples du monde possèdent. C'est pourquoi j'estime qu'Israël à droit à l'indépendance et que les Palestiniens ont droit à un État libre et indépendant.

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