Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 13 mai 2008 à 16h45
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

M. Marc Touati a raison de voir dans les crises une revanche de l'économie réelle sur l'économie financière. D'une certaine façon, la première ramène à des taux de rentabilité issus du monde réel et non à ceux qui sont anticipés par les spéculateurs.

Pour M. Xavier Timbeau, des sommes comme 300 milliards ou mille milliards d'euros ne sont pas considérables par rapport à la capitalisation. C'est vrai. Le problème de la crise, qui fait qu'on a du mal à en cerner les conséquences, est qu'on ne sait pas où sont les risques. Dans les crises traditionnelles, on arrive à peu près à les localiser et à les évaluer. Dans le cas présent, personne ne peut le faire. Avec la titrisation, les risques ont été dispersés. Il y a des périodes d'accalmie, comme actuellement, mais, dès qu'une banque annonce que des crédits ne sont pas évalués à leur vraie valeur, la crise rebondit. J'ai le sentiment que les économistes sont un peu désarmés. Autant on connaît bien la façon dont une récession aux États-Unis se transfère vers d'autres pays – à ce sujet, il me semble trop tôt pour dire que l'Amérique latine est épargnée –, autant on ne sait pas grand-chose sur les crises touchant le crédit. Je me souviens qu'à la fin des années 1980, tous les instituts de conjoncture et tous les économistes vantaient le système financier japonais. Or la crise financière, qui a des points communs avec celle que l'on connaît aujourd'hui à l'échelle mondiale, a plongé le Japon dans une grande crise pendant dix ans. Nous ne sommes peut-être pas à l'abri d'un tel risque, la confiance étant un facteur clé du fonctionnement d'une économie de marché.

Ma question porte sur la régulation. Un rapport ancien du Conseil d'analyse économique a mis en évidence qu'on trouve toujours à l'origine des crises des établissements de crédit qui ne sont pas des banques et qui ne sont pas soumis à la régulation bancaire. La première chose à faire ne serait-elle pas d'étendre les principes de régulation bancaire à tous les établissements de crédit ?

J'ai compris que Bâle 2 permettait de mieux prendre en compte la titrisation dans les bilans des banques, le problème actuel venant, en grande partie, de ce que les banques ont été poussées à améliorer leur situation financière apparente en recourant à ces instruments de titrisation. Y a-t-il des solutions pour mieux les maîtriser ?

J'ai apprécié que M. Timbeau nous explique qu'une partie de l'inflation est due à l'inégalité et à la mondialisation. Le fait que les prix alimentaires aient fortement augmenté a-t-il un lien avec la crise financière ou les deux phénomènes sont-ils complètement découplés ? Après tout, le mécanisme décrit par M. Timbeau s'est développé depuis une dizaine d'années, mais c'est dans la période récente, du fait sans doute de facteurs spéculatifs, qu'on a vu s'envoler les prix mondiaux des produits agricoles.

Enfin, nous sommes confrontés à la fois à une crise bancaire mondiale dont on ne connaît pas bien les conséquences sur l'économie réelle et à un choc pétrolier presque aussi important que les deux précédents. À cela s'ajoute, en Europe, une montée sans précédent de l'euro. Tout cela ne crée-t-il pas une situation dont on ne maîtrise pas toutes les conséquences réelles ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion