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Intervention de Hind Khoury

Réunion du 13 janvier 2009 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France :

Les détails de ces négociations sont maintenus secrets, car il est important de négocier loin des médias. On en connaît néanmoins les grandes lignes : les positions des deux parties restent très éloignées, même si des progrès ont été réalisés depuis les négociations de Camp David.

La question des réfugiés est la plus difficile pour Israël, qui n'accepte même pas l'idée de leur retour, sinon pour quelques centaines de réfugiés, surtout du Liban, qui ont, il est vrai, connu des situations particulièrement difficiles. Encore devraient-ils s'établir sur les territoires échangés contre des colonies. La question de la reconnaissance du mal fait aux réfugiés est cruciale. Il ne s'agit pas seulement de leur garantir des compensations qui ne seront jamais à la hauteur des pertes subies : il faut laisser à la diaspora la liberté de choisir.

En ce qui concerne les colonies, les négociations sont allées au-delà de ce qui avait été obtenu à Camp David, mais les positions restent éloignées : les Israéliens parlent de 6,8 %, les Palestiniens pas même de 2 %. Les colonies israéliennes sont établies sur moins de 2 % du territoire de la Cisjordanie, mais Israël réclame en outre, de nombreuses terres pour leur développement futur, ce que nous n'acceptons pas.

En ce qui concerne les frontières, il s'agit de celles de 1967, ce qui suppose l'échange de presque 2 % de territoires pour prendre en compte les colonies déjà établies et qui resteront sous la souveraineté d'Israël. En revanche, le mur ne sera jamais accepté comme frontière.

Le principe du retour aux frontières de 1967 vaut également pour Jérusalem-Est, qui est un territoire occupé tout autant que l'est Gaza. La question de Jérusalem reste très compliquée, en dépit de tout le travail accompli à Camp David. Malheureusement, Israël veut toujours se référer aux paramètres de Clinton, alors que les colonies se sont considérablement étendues à la périphérie et à l'intérieur de Jérusalem.

Il faut continuer ces négociations. L'un des plus grands obstacles est le refus d'Israël de discuter sur la base du droit international. À nos yeux, le droit international est la seule référence : on ne peut pas négocier dans le vide.

Nous voulons que la communauté internationale définisse d'une façon plus sérieuse et responsable le calendrier de ces négociations : le calendrier d'Oslo n'a pas été respecté et on a lancé un autre plan de paix en 1999. La feuille de route, qui prévoyait l'établissement d'un État palestinien en 2005, n'a pas été davantage respectée.

Cette question du calendrier est d'autant plus importante que la possibilité d'établir un État palestinien en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza devient de jour en jour plus virtuelle, du fait de la poursuite de la colonisation, de l'établissement de routes de contournement et de la démographie elle-même : de nombreux Palestiniens quittent la Cisjordanie ; à Jérusalem, beaucoup perdent leur carte d'identité et leur permis de résident. Jérusalem elle-même, à l'intérieur comme à l'extérieur du mur, n'est déjà plus viable. Je connais une zone très fertile, au nord de Jérusalem, dont les paysans exportaient leur production vers le Koweït. Aujourd'hui les villageois ne cultivent plus cette zone. En effet, ils n'ont pas le droit d'utiliser la route réservée aux colons : ils ne peuvent utiliser qu'un minuscule tunnel pour se rendre à Ramallah, à deux heures de là. Une fois parvenue à Ramallah, leur production, dont le prix est encore grevé par le coût du transport, doit affronter les produits israéliens vendus à bas prix : elle n'est plus rentable.

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