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Intervention de Dominique Méda

Réunion du 23 octobre 2007 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Dominique Méda :

a répondu que la sphère privée n'est pas sans répercussions sur la sphère professionnelle. Elle s'est interrogée sur les raisons pour lesquelles un véritable plafond de verre pèse sur ces questions et a rappelé que le Conseil d'analyse stratégique avait récemment publié un rapport selon lequel il était nécessaire de mettre en oeuvre un service public de la petite enfance qui semblait avoir été difficilement discuté dans les différentes instances administratives pour finalement se perdre dans les sables. La question de la garde des enfants est toujours sous-évaluée, car elle est considérée exclusivement comme un investissement improductif sous prétexte que rien ne viendrait prouver que les femmes aient réellement le désir de travailler ou que le travail féminin soit bénéfique à la société. Le fait que nos taux de fécondité soient meilleurs que ceux du reste de l'Europe de même que nos taux d'activité féminins moyens fait passer la question des inégalités au second plan.

Une enquête menée dans les pays de l'OCDE : l'International social survey programme a porté, en 2002, sur le rôle de la famille. Elle a montré les contradictions existant entre des aspirations modernes, notamment en matière de partage des tâches domestiques entre les hommes et les femmes, et le rôle traditionnel toujours dévolu à la mère de famille : de faibles pourcentages répondent que s'il y a un enfant d'âge préscolaire la mère doit travailler à temps plein. En revanche, nombreux sont ceux qui pensent qu'elle doit travailler à temps partiel ou rester à la maison. L'idée selon laquelle les mères sont les mieux placées pour s'occuper du jeune enfant reste encore profondément ancrée dans les mentalités et les croyances.

Les syndicats – il convient de le reconnaître – ne se sont sans doute pas suffisamment emparés de cette question. Telle est la raison pour laquelle un pessimisme relatif est justifié : l'emploi des femmes reste en grande parti un sujet tabou. A l'occasion des différentes réformes de la politique de la famille on a bien vu que la seule administration qui portait la voix des femmes actives ou désireuses de l'être était le Service des droits des femmes et de l'égalité. Aucune coalition d'intérêts suffisamment importante ne s'est jusqu'à présent formée pour promouvoir l'emploi des femmes.

La lutte pour les talents ainsi que l'augmentation des besoins de recrutement en emplois qualifiés dans les années à venir, comme le révèle le rapport conjoint de la DARES et du CAS : Les métiers en 2015, représentent pour les femmes une véritable chance qu'elles doivent saisir, d'autant qu'elles sont aujourd'hui plus qualifiées que les hommes et que la population active se stabilise. Certaines grandes entreprises commencent à mener une politique en ce sens, comme Schlumberger, qui recrute en proportion de la présence des filles dans les écoles d'ingénieurs (20 % de femmes). Cependant encore faut-il que le nombre de femmes ingénieurs augmente. Or, une récente enquête IPSOS, effectuée à la demande de Total, révèle qu'une majorité de lycéennes de 1èreS et de Terminale S considèrent que le métier d'ingénieur n'est pas pour elles, trop repoussant, le portrait de l'ingénieur étant celui d'un homme ennuyeux qui passe à côté de l'existence. Il convient donc de travailler sur l'orientation.

Si l'on regarde du côté des « modèles » qui marchent, nous en présentons dans notre ouvrage deux types. Le premier est le modèle nordique, qui engendre toutefois une trop grande segmentation entre un secteur public favorable aux femmes mais dont les salaires restent modestes et un secteur privé moins protecteur et aux salaires plus élevés, mais davantage réservé aux hommes. Aux États-Unis, en revanche qui constituent un second modèle, les femmes peuvent accéder à toutes les professions car elles ont cessé de se limiter aux filières éducatives traditionnellement réservées aux femmes pour investir des filières rentables – les professions libérales et l'encadrement notamment – après avoir misé sur l'amélioration de leur formation. Des mesures anti-discrimination en termes d'éducation et d'embauche ont assurément joué un rôle très positif. Toutefois, ces progrès ne signifient pas que les salaires des femmes aient rejoint ceux des hommes.

Pour en revenir au modèle nordique, la nouvelle mesure imposant en Norvège 40 % de femmes dans les conseils d'administration a eu un effet très positif.

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