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Intervention de Benoît Bougerol

Réunion du 2 juillet 2008 à 10h00
Commission des affaires culturelles, familiales et sociales

Benoît Bougerol, président du Syndicat de la librairie française :

Nous avons beaucoup de mal à boucler les fins de mois et je peux vous ouvrir mes bilans. La librairie d'Yvetot qui fait 25 euros de bénéfice, est plus rentable que la librairie de Rouen – les bilans sont publics.

D'une façon générale, la rémunération moyenne des salariés est de 1 900 euros bruts par mois tandis que celle des cadres et entrepreneurs de librairie est, selon l'enquête nationale publiée l'an dernier, de 2 900 euros bruts par mois, soit un peu plus de 2 000 euros nets. La situation est, je le répète, extrêmement fragile pour tous et c'est d'ailleurs pour cette raison que le projet de labellisation a été lancé.

Lorsque je suis devenu libraire, après avoir été ingénieur commercial à IBM – ce qui m'a d'ailleurs valu un contrôle fiscal car l'administration se demandait pourquoi mes revenus étaient inférieurs à ceux de l'année précédente –, un éditeur, Henri Causse, m'avait dit que la loi n'était pas là pour légitimer les libraires, mais que c'étaient au contraire les libraires qui légitimaient la loi. La diversité culturelle naît du travail des libraires et de leurs conseils.

La profession en tout cas, discute beaucoup. Elle a encore signé jeudi dernier avec le syndicat des distributeurs de loisirs culturels, dont font notamment partie la Fnac et Virgin, et avec le syndicat national de l'édition, un protocole d'accord définissant plus particulièrement les critères qualitatifs. L'article 2 de la loi du 10 août 1981 prévoit en effet que les rémunérations « prennent en compte la qualité des services rendus par les détaillants en faveur de la diffusion du livre ». C'est ainsi que je dispose à Rodez de conditions commerciales proches de celles de la Fnac, ce qui me permet tout juste de tenir. Les grandes surfaces peuvent parfois avoir des remises inférieures aux nôtres, sans marge arrière à notre connaissance, car la logique des éditeurs est de développer un réseau de proximité le plus large possible en essayant de faire vivre aussi les plus petites des librairies. Les difficultés économiques de ces dernières peuvent être graves : sur nos 550 adhérents, plus de 100 chefs d'entreprise vivent avec moins que le SMIC.

Il ne faut pas voir là de revendication de type poujadiste, mais un simple rappel du contexte dans lequel nous travaillons, celui d'une économie fragile. Toucher à celle-ci demande à tout le moins un bilan sérieux de la situation, bilan auquel nous sommes prêts à participer.

À cet égard, pourquoi faudrait-il supprimer le délai de délai de garde de six mois avant de pouvoir solder ?

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