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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Monsieur le ministre, j'observerai à mon tour que ce budget n'est pas à la hauteur des ambitions affichées par le Président de la République et par vous-même. Toutefois, il correspond peut-être à vos véritables choix : nous nous alignons en effet sur l'OTAN, dont vous utiliserez peut-être les moyens plutôt que ceux relevant de votre ministère. En Afghanistan, nous nous alignons également sur les États-Unis, tandis qu'en Afrique, c'est le ministère de l'intégration qui semble tenir lieu de diplomatie française. Lors de son audition en commission, M. Hortefeux relevait ainsi avec satisfaction que la langue française progressait au Cap-Vert.

Je m'inquiète également de l'impact que pourrait avoir une classification des ambassades françaises. Nos partenaires pourraient en conclure qu'il existe des super-ambassades, des ambassades ordinaires et des sous-ambassades, même si ce ne sont naturellement pas les termes que vous employez. Faisons attention aux signaux que nous émettons, car nos interlocuteurs ne les comprennent pas nécessairement de la façon souhaitée.

Du point de vue historique, il est vrai que nos ambassades n'ont jamais été à égalité et qu'elles n'ont jamais joué le même rôle. Leurs objectifs, le personnel dont elles disposent et leurs interventions ont toujours différé, mais elles étaient toutes, au même titre, des ambassades. Établir publiquement des catégories risque d'être mal perçu. J'aimerais donc quelques explications à ce sujet.

J'en viens à la baisse des effectifs du ministère. Vous utilisez bien sûr le langage diplomatique – vous parlez de « rationalisation de l'outil », de « rénovation », de « fusion », et jamais d'abandon, de réduction, de fermeture, de suppression ou de recul. C'est pourtant de cela qu'il s'agit, notamment en matière de médias, d'enseignement du français et de culture.

J'observe en outre que, contrairement à la majorité des promesses du Président de la République, l'engagement de prendre en charge à 100 % les frais de scolarité à l'étranger a été tenu.

Puisque l'on peut parler en Conseil des ministres, paraît-il, j'espère que vous en profiterez pour dire à vos collègues que cette mesure est totalement injuste, monsieur le ministre. Il n'est tenu aucun compte des ressources familiales et la scolarité devient totalement gratuite, ce qui n'est pas le cas en France. Chacun le sait bien !

Si l'on se réfère aux ambitions que vous affichez, nous avons également l'impression que notre diplomatie ne pèse pas suffisamment en Afghanistan, malgré la forte présence militaire des pays européens. Nous ne savons certes pas tout, mais il ne semble pas qu'il y ait de véritable dynamique européenne.

De même, nous voyons mal le résultat de l'engagement français et européen sur la question israélienne. Alors que le Président de la République avait évoqué la création d'un État palestinien avant la fin de l'année 2008, la situation semble évoluer dans un sens tout à fait opposé.

Si vous voulez faire avancer le projet d'Union pour la Méditerranée, il faudrait pourtant progresser sur la question palestinienne, ainsi que sur celle du Sahara occidental, qui oppose le Maroc et l'Algérie. La France détient sans doute la clef d'un règlement du conflit, mais une fois encore son action n'est pas à la hauteur de vos déclarations, ni sans doute de vos espérances.

Au total, vous allez sans doute nous expliquer qu'il s'agit d'un budget correct. Or, selon nous, c'est au contraire un mauvais budget : il est en recul et il n'est pas à la hauteur des ambitions de la France.

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