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Intervention de François Loncle

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Loncle :

Les rapports qui viennent d'être présentés confirment que, en comparaison avec d'autres missions, certains domaines de l'action extérieure de la France sont relativement épargnés. Mais des « points noirs » ont été mis en évidence, comme l'inquiétante situation de l'enseignement français à l'étranger, et de l'action culturelle en général. Cela fait des années que nous déplorons une telle dégradation – je me souviens en particulier du rapport d'Yves Dauge à la fin des années quatre-vingt-dix. La situation de l'audiovisuel extérieur, que vient de décrire Mme Delaunay, est tout aussi accablante.

Dans les circonstances actuelles, ce budget est également marqué par des incertitudes concernant son application. Plus que d'autres années, on peut se demander si les engagements pris seront tenus. Ainsi, est-il raisonnable d'annoncer aux familles scolarisant leurs enfants à l'étranger un accroissement de 11,5 % de l'enveloppe qui leur est allouée en 2010 ?

Si l'on met à part l'augmentation de 2,3 % à laquelle je faisais allusion, il s'agit donc d'un budget médiocre. J'insiste, comme M. Mancel, sur le fait que la modernisation du Quai-d'Orsay a été entreprise bien avant la RGPP, il y a dix ans. En dépit de cet effort, et alors qu'il s'agit, du point de vue budgétaire, d'un petit ministère, le ministère des affaires étrangères continue à subir des coupes claires, notamment des suppressions d'emplois. Vous en perdez 190 cette année – à moins qu'ils ne soient compensés par quelque tour de passe-passe administratif, certaines ambassades, modernisées et devenues de deuxième ou de troisième catégorie, n'ayant plus besoin d'autant de personnels qu'auparavant.

Je remarque par ailleurs que la part des dépenses incompressibles, d'une part, et les contributions aux actions internationales, de l'autre, donnent à ce budget un effet de trompe-l'oeil : elles représentent 43,6 % du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde ». Je ne suis pas le premier à m'en inquiéter, puisqu'en juillet notre collègue Jean-François Mancel exprimait les mêmes préoccupations.

Dans un contexte de grande incertitude économique, et malgré certains points très positifs de la présidence française de l'Union européenne – je tiens à le souligner par souci d'objectivité –, la diplomatie française nous semble floue. On ne sait pas – ou plutôt on ne le sait que trop bien, hélas ! – quels sont les vrais pilotes. Quel que soit le lieu où ils se trouvent, ce n'est probablement pas au Quai-d'Orsay.

Je donnerai quelques exemples d'une diplomatie qui souffre de tangage et qui semble chercher son cap. Le Chef de l'État a multiplié les voyages pour dynamiser ce que l'on doit appeler « l'acte II du processus de Barcelone » – et non pas l'UPM, hélas ! Plus de trois mois après le show du Grand Palais, aucun des problèmes posés n'a été réglé. Autre exemple : le Chef de l'État a invité en urgence, alors qu'il préside une Union européenne à vingt-sept, trois de ses homologues, suscitant une légitime préoccupation chez les vingt-trois autres. Cette inquiétude a été accentuée par la volonté unilatéralement affichée de présider l'Eurogroupe. L'Espagne, huitième puissance économique du monde, souhaitait ainsi être associée aux réflexions des Quatre et assister à la réunion de Washington. Elle a reçu, dans ce but, des appuis extérieurs, y compris de la part du Brésil ou du Mexique. Je voudrais savoir ce que lui a répondu la présidence française.

À quelques semaines de la fin de cette présidence, le président français, qui a effectué – et heureusement – beaucoup de déplacements, a par contre négligé, voire boudé presque totalement l'Amérique latine. Il a notamment refusé de se rendre au sommet Europe-Amérique latine.

De quelle crédibilité les multiples discours officiels de la France sur les pays émergents peuvent-ils jouir, quand nous pratiquons dans le même temps la politique de la « chaise vide » ?

D'autre part, la politique de la France en Afrique a visiblement perdu sa boussole : depuis un an, du discours de Dakar à celui du Cap, tout a été dit et son contraire, et notre politique d'influence en Afrique semble désormais relever du ministre de l'identité nationale.

Enfin, selon certaines informations, la présidence française pourrait proposer d'envoyer une mission militaire dans l'Est de la République démocratique du Congo, au Kivu. Si c'était confirmé, on peut supposer que la France y contribuerait en hommes et en moyens financiers. Est-ce intégré dans les documents budgétaires qui nous ont été remis ?

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