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Intervention de Michèle Delaunay

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Delaunay, rapporteure pour avis de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, pour le programme « Rayonnement culturel et scientifique :

Afin d'éviter de répéter une partie de ce que viennent d'exprimer les autres rapporteurs sur les crédits du programme « Rayonnement culturel et scientifique », je me bornerai, monsieur le ministre, à vous faire part des préoccupations de ceux qui, au quotidien, contribuent au rayonnement de la culture et de la recherche françaises dans le monde. Je vous poserai trois questions qui seront autant d'interrogations sur la capacité de la France à adopter une stratégie de long terme en faveur d'une action culturelle, scientifique et linguistique. Notre pays ne peut en effet prôner dans les instances internationales l'importance de la diversité culturelle et linguistique et donner l'impression qu'il n'a plus les moyens de sa diplomatie culturelle.

Un des axes forts de votre politique – et nous le soutenons – est de faciliter la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs. Je voudrais donc vous interroger sur les missions et les moyens attribués à CampusFrance. Pourquoi élargir les compétences de cette nouvelle structure – vous avez annoncé qu'elle reprendrait les attributions de France coopération internationale – alors qu'elle n'est toujours pas opérationnelle pour traiter de la mobilité internationale des étudiants ? Où en est l'évolution du statut juridique de l'agence, qui fonctionne toujours sous forme de groupement d'intérêt public, qui n'a toujours pas mené à bien l'intégration d'Egide ni des CROUS, et qui ne dispose pas d'antennes régionales dans les universités pour faciliter l'accueil des étudiants étrangers ? N'est-il pas paradoxal d'annoncer une extension de ses compétences tout en réduisant les moyens mis à sa disposition ? Les subventions du ministère de l'enseignement supérieur et du ministère des affaires étrangères atteindront en effet 3,1 millions d'euros en 2009, alors qu'elles étaient de près de 3,4 millions en 2008.

Ma deuxième question concernera l'audiovisuel extérieur. Comment, monsieur le ministre, promouvoir la culture française et renouveler nos stratégies d'influence si le Quai se désengage de ce secteur ? L'évolution intervenue dans la gestion des crédits relatifs à l'audiovisuel extérieur nous paraît tout à fait regrettable. Alors que, jusqu'à la loi de finances pour 2006, ils relevaient du programme « Rayonnement culturel et scientifique », ils sont rattachés depuis 2007 à la mission interministérielle « Médias », tout en restant sous votre responsabilité – à l'exception des crédits consacrés à France 24. Et, en 2009, le ministère des affaires étrangères ne participera plus au financement de l'audiovisuel extérieur. On peut dès lors se demander de quels moyens d'influence disposera votre ministère sur la holding « Audiovisuel extérieur de la France », qui chapeaute les sociétés France 24, RFI et TV5 Monde. Un tel désengagement est incompréhensible quand on sait que l'influence de la culture française est largement déterminée par sa présence dans les médias internationaux.

Enfin, monsieur le ministre, nous sommes tous les deux médecins, et vous comprendrez que la santé soit pour moi une priorité. Dans la partie thématique de mon rapport, je me suis intéressée aux relations franco-roumaines. Il a paru intéressant de faire le point sur l'évolution de l'influence française un an après l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, et alors même que les deux États ont signé, en février 2008, une déclaration de partenariat stratégique qui devrait conduire à un renforcement des relations bilatérales entre les deux pays. Ce partenariat stratégique a donné lieu à une série d'accords de coopération portant notamment sur la sécurité civile, la gouvernance locale et l'énergie nucléaire, mais on peut s'étonner que rien n'ait été prévu dans le domaine sanitaire, contrairement aux préconisations du Livre blanc de M. Alain Juppé sur la diplomatie sanitaire. La Roumanie a pourtant des besoins criants dans le domaine de la santé. Elle occupe ainsi la dernière place de l'Union européenne pour son taux de mortalité infantile, et les équipements hospitaliers y sont totalement inadaptés à une médecine moderne.

Lorsque je me suis rendue en Roumanie en septembre dernier, j'ai rencontré de jeunes médecins qui m'ont convaincue de l'urgence d'une initiative française pour renforcer la coopération technique bilatérale dans ce domaine. Notre ambassadeur est lui aussi conscient de l'impact que pourrait avoir un engagement de la France pour améliorer le réseau de soins, resté très vétuste et complètement à l'écart du mouvement de modernisation qu'a connu le pays pendant la période précédant l'adhésion à l'Union européenne. Êtes-vous prêt, monsieur le ministre, à soutenir une telle initiative, qui répond à une forte attente des praticiens roumains et de la population, laquelle souffre de multiples problèmes d'accès aux soins ? Quels crédits pourriez-vous consacrer à cet objectif ?

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