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Intervention de Daniel Garrigue

Réunion du 5 novembre 2007
Délégation pour l’union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Garrigue :

a demandé si l'Europe pouvait prévoir des règles et des outils pour se prémunir contre le risque de contagion lié au développement de nouveaux instruments financiers et a évoqué les relations de l'euro avec le dollar et le yuan.

Dans la perspective ouverte par le Grenelle de l'environnement et les déclarations du Président José Manuel Barroso sur la question climatique, M. Jérôme Bignon a demandé des précisions sur l'incidence des politiques de lutte contre le réchauffement climatique sur la croissance et évoqué la nécessité de mettre en oeuvre un nouveau modèle économique.

Relevant que les mémoires de l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, M. Alan Greenspan, montraient la variété des éléments pris en compte pour la politique monétaire, M. Hervé Gaymard s'est demandé si la Banque centrale européenne ne devrait pas également, outre le critère essentiel de l'inflation, tenir compte du niveau de l'activité et de l'emploi.

En réponse, M. Joaquin Almunia s'est attaché à apprécier, avec un relatif optimisme, le risque de contagion de la crise du subprime sur l'économie européenne. Le risque principal est celui d'une forte décélération de la croissance américaine, qui devrait cependant exercer un effet limité sur l'Union, bien protégée par la cohérence, le dynamisme et le caractère unifié de son marché intérieur et la solidité de l'euro. Dans ce contexte de moindre vulnérabilité aux échanges extérieurs, les deux risques réels sont :

- le développement d'une crise de confiance à l'égard du système financier, en quelque sorte une contagion du pessimisme, susceptible de fragiliser les conditions de financement de l'économie ;

- la constatation de pertes financières importantes sur de nombreux produits financiers incluant des subprimes titrisées, qu'il est encore un peu tôt pour apprécier mais qui pourrait être importante dans la mesure où les banques européennes semblent exposées.

Pour faire face à ces risques, le Conseil « Ecofin » a défini une feuille de route prévoyant un renforcement de l'évaluation des produits financiers complexes, une meilleure transparence, la définition de critères mieux à même de fiabiliser l'information des agences de notation et de réduire leurs éventuels conflits d'intérêt et enfin un saut qualitatif dans la régulation et la supervision financière en Europe. S'il semble malheureusement encore prématuré de mettre en place un superviseur unique à l'échelle de l'Union, des progrès sont accessibles dans la coordination des agences dédiées des Etats membres.

Abordant ensuite la problématique du taux de change de l'euro, M. Joaquin Almunia a tenu à relativiser les critiques sur l'appréciation de la monnaie unique. La très forte valorisation de l'euro face au dollar entre 2001 et 2006 n'a pas empêché une nette amélioration concomitante de la performance extérieure de l'Union, grâce à deux facteurs positifs : un effet « quantité » selon lequel le renchérissement des produits européens a été plus que compensé par une très forte croissance de la demande extérieure adressée à l'Europe ; un effet « qualité » lié à la solide spécialisation de certaines économies de l'Union qui jouissent d'une compétitivité relativement insensible aux changes. Ce n'est malheureusement pas le cas de tous les Etats membres, notamment de la France.

Faut-il pour autant ignorer une telle évolution des taux de change ? Probablement pas, dans la mesure où le dollar approche ses limites historiques, des minima du milieu des années 80 et des années 90. En outre, cette fois-ci, le yuan, qui a une importance croissante, mais aussi le yen, semblent sous-évalués.

Les solutions sont complexes. La condition sine qua non reste néanmoins que l'Union parvienne à parler d'une seule voix, en particulier dans les instances pertinentes au niveau monétaire international. Il s'agit au premier rang du G8, au sein duquel les positions françaises, italiennes et même britanniques – l'expérience montre que le Royaume-Uni ne peut rester indifférent à l'évolution de l'euro à laquelle la livre est étroitement liée depuis le début des années 2000 en dépit d'un récent décrochage – sont trop souvent divergentes. Cela passe sans doute par un renforcement de l'Eurogroupe, grâce notamment à l'adoption de mandats clairs confiés à son Président. Cela passe aussi par une stratégie plus vaste, associant, le cas échéant, le Japon à cette revendication commune. L'absence de la Chine au G8 exige d'intervenir autrement. L'exemple récent des initiatives américano-chinoises, qui ont permis une certaine réévaluation de 10 % du yuan et surtout l'intensification de la présence commerciale américaine en Chine, plaide pour une politique européenne active.

M. Joaquin Almunia a ensuite estimé que la redéfinition du mandat de la Banque centrale européenne (BCE) relevait d'un faux débat. Son expérience, en particulier comme observateur aux réunions du Conseil des gouverneurs, lui permet de confirmer que les préoccupations réelles des dirigeants de la BCE sont, dans les faits, très proches de celles animant leurs homologues de la Réserve fédérale américaine. Bien sûr sont-ils rigoureusement attentifs à la stabilité des prix : mais c'est une nécessité vitale pour nos économies. Cela ne les rend pas pour autant sourds aux nécessités de renforcer la croissance et dynamiser le marché du travail. Le vrai problème est l'inégale efficacité des marchés du travail dans les pays de l'Union.

S'agissant enfin de l'incidence du contrôle des émissions de CO2 sur notre modèle économique, l'Histoire invite à l'optimisme : l'efficacité énergétique de l'Europe a été doublée ces trente cinq dernières années. Et l'Union a les moyens de devenir l'économie leader en matière de technologie environnementale, ce qui lui donnerait un avantage compétitif comparable à celui détenu dans le passé par les premiers qui ont maîtrisé, par exemple, les technologies de la communication ou celles du chemin de fer.

Comme Mme Monique Papon, sénatrice, M. Pierre Bernard-Reymond, sénateur, a évoqué la question des taux de change, avec la Chine en particulier. Puis il a demandé des précisions sur le bilan du processus de Barcelone, le Grenelle de l'environnement, les chocs technologiques et les initiatives susceptibles d'être prises en faveur des pays émergents.

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