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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 22 juillet 2009 à 12h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi :

Je vous remercie de votre accueil et je vous prie à mon tour de bien vouloir excuser mon retard.

Je tiens tout d'abord à vous présenter mon nouveau directeur de cabinet, M. Alexandre de Juniac, M. Stéphane Richard devant quant à lui prendre très bientôt de nouvelles fonctions au sein d'un groupe de télécommunications.

Je souhaite, ensuite, vous faire part de deux anecdotes significatives : à l'occasion des travaux du G 20, j'ai pu noter combien l'actuel Président des États-Unis et son prédécesseur avaient chacun souligné le choix intelligent et visionnaire du secteur nucléaire par les différents gouvernements qui se sont succédé dans notre pays depuis les trente dernières années ; et il en a été de même avant-hier, à Milan, où le Président Berlusconi a fait un commentaire élogieux de notre politique énergétique et de l'indépendance qui en est résultée.

AREVA a un triple atout : industriel – avec l'excellence de son savoir-faire –, énergétique – les ressources pétrolières iront en diminuant – et, enfin, environnemental – avec l' « autosuffisance décarbonée ».

Le programme d'investissement prévu par le groupe pour la période 2009-2012 s'élève à 9 milliards d'euros – dès lors qu'est exclu le milliard nécessaire à la filiale Transmission et Distribution (T&D) –, lesquels sont destinés à la modernisation et à l'augmentation de ses capacités industrielles ainsi qu'au développement de ses ressources minières. L'essentiel de ce financement est affecté à l'amont du cycle : 6,5 milliards aux projets de développement des mines – 2,5 milliards d'investissement sont ainsi prévus pour les mines au Niger, en Namibie, au Kazakhstan ou au Canada – et à la modernisation des capacités d'enrichissement de l'uranium avec la construction de l'usine Georges-Besse II sur le site du Tricastin – où 3 milliards seront investis de 2009 à 2016. Ce sont par ailleurs 2,1 milliards qui seront dévolus au pôle Réacteurs et Services afin de moderniser et d'augmenter les capacités de fabrication des gros équipements des centrales nucléaires, notamment à Saint-Marcel, Jeumont, Creusot-Forge et Creusot-Mécanique. À l'aval du cycle, ce sont cette fois 600 millions d'euros qui seront consacrés à la modernisation de l'usine de La Hague et au maintien de notre avance technologique dans le traitement et le recyclage du combustible usé.

La question des financements, ouverte à la fin de 2007, a été examinée pendant l'année suivante et est devenue plus urgente dès l'annonce par Siemens, en janvier dernier, de son retrait de la filiale d'AREVA alors que la crise économique et financière que nous traversons devait avoir un impact de plus en plus considérable sur les marchés. C'est dans ce contexte que Jean-Cyril Spinetta a été nommé président du conseil de surveillance d'AREVA et a travaillé avec la présidente du directoire, Anne Lauvergeon, à la mise en place de ce plan de financement. Arrêté par le conseil de surveillance du 30 juin 2009, ce dernier permettra de financer intégralement le programme d'investissement que je viens d'évoquer, mais également le rachat de la participation de Siemens au capital d'AREVA NP et le désendettement d'AREVA, la dette financière nette du groupe s'élevant à 5,5 milliards – et, enfin, la reconstitution d'une marge de flexibilité financière pour faire face à ses besoins de développement dans un contexte d'augmentation de la demande et de constitution d'alliances et de partenariats entre de nombreux compétiteurs.

Ce plan comporte quatre volets.

Le premier concerne le recentrage sur le coeur du métier et implique la cession d'actifs non stratégiques tels que T&D. Je rappelle qu'AREVA avait été « fortement et amicalement » encouragée à acheter cette activité dans le cadre du plan de sauvetage d'Alstom tel que la Commission européenne l'avait homologué, Alstom ayant dû alors se délester de la transmission et de la distribution. Outre que cette activité – qui représente un tiers du chiffre d'affaires du groupe – s'exerce essentiellement à l'étranger, la cession n'aura aucune conséquence dans la réalisation des ambitions nucléaires d'AREVA. En effet, pour reprendre la formule qu'a employée M. Spinetta devant les représentants du personnel, « T&D est utile mais pas indispensable à AREVA ». D'aucuns ont certes fait valoir que cette structure était une véritable « machine à liquidités », une « vache à lait » pour le groupe, mais cela n'est plus vrai depuis 2008 car T&D a désormais besoin de l'ensemble de ses fonds afin d'assurer son propre financement. Par ailleurs, dans le contexte des partenariats que j'ai déjà évoqué, il est nécessaire de céder des actifs permettant de réaliser des plus-values. Les opérateurs intéressés, qu'ils soient industriels ou financiers, sont quant à eux nombreux ; la cession s'effectuera sous forme d'un appel d'offres ouvert, large, non discriminatoire, et elle sera, nous l'espérons, effective avant la fin de l'année. Cette cession devra se faire sur la base de critères certes financiers, mais également industriels – maintien de l'outil de travail –, et sociaux – maintien de l'emploi. Les institutions représentatives du personnel seront consultées comme, s'il le faut, pour des raisons de concurrence, la Commission européenne.

Des cessions de participations au sein d'ERAMET – dont AREVA détient 26 % du capital – et de ST Microeletronics (STM) – AREVA en détient 11 % – sont également prévues, lesquelles pourraient rapporter environ 2 milliards d'euros de trésorerie et une plus-value significative. Je précise que la présence d'AREVA au sein de ces deux entreprises s'explique par des raisons contingentes et non nécessaires – quelles synergies entre le secteur nucléaire et les nanotechnologies ou avec les extractions minières de nickel en Nouvelle-Calédonie, de manganèse au Gabon ou d'autres aciers spéciaux ? Néanmoins, ERAMET et STM étant des sociétés stratégiques pour la France, ces participations demeureront dans le giron de l'État, vraisemblablement grâce au fonds stratégique d'investissement, le FSI.

Deuxième volet : la mise en place de partenariats capitalistiques avec une ouverture minoritaire du capital d'AREVA de l'ordre de 15 %. Nous assistons donc au rapprochement d'un certain nombre d'acteurs qui jusqu'à présent ne travaillaient pas nécessairement ensemble : Toshiba avec Westinghouse, Hitachi avec General Electric et Siemens avec Rosatom. Parce que l'ouverture du capital d'AREVA s'inscrit dans cette logique, nous devons négocier avec des partenaires industriels ou des investisseurs de long terme. En l'état, Mitsubishi Heavy Industries – qui travaille déjà avec AREVA – s'est porté candidat, de même que deux, voire trois fonds souverains du Moyen-Orient. Par ailleurs, à ce stade, une augmentation pure et simple de capital ou bien la cession, notamment par le CEA, d'une petite partie de ses titres, sont également envisagées – étant entendu qu'il ne s'agit en aucune manière d'une privatisation d'AREVA, l'actionnariat public devant demeurer largement majoritaire. Je précise, enfin, que nous sommes également favorables à une ouverture du capital aux salariés de l'entreprise.

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