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Intervention de Alain Joyandet

Réunion du 7 janvier 2009 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Alain Joyandet, secrétaire d'état chargé de la coopération et de la francophonie :

C'est avec plaisir que je réponds à votre invitation, madame la présidente. Je sais que votre Délégation est très active et, comme vous le savez, j'ai pris l'engagement dès mon entrée en fonctions d'agir en faveur des femmes dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique. Aujourd'hui, l'expérience de terrain que j'ai acquise en me rendant dans une quarantaine d'États me permet d'avoir une vision plus globale. Au-delà de la grande diversité des situations, on peut dégager quelques tendances fortes.

Il reste un nombre immense de femmes qui ne disposent tout simplement pas de la liberté – liberté d'aller et venir, de conduire son propre destin, liberté en matière civique, éducative et de santé, liberté de s'occuper comme elles le souhaiteraient du destin de leurs enfants… Pourtant, même dans les pays qui connaissent les plus grandes difficultés, on constate que là où les femmes jouissent d'une certaine liberté individuelle, elles deviennent très vite le facteur majeur de l'évolution de la société. Au Kenya, par exemple, dans le bidonville de Kibera (800 000 habitants), ce sont les femmes qui animent la vie sociale et économique, en pratiquant notamment l'agriculture vivrière urbaine. A contrario, en Afghanistan, les femmes doivent porter la burka et disparaissent dès qu'un homme entre dans la maison et on ne peut avoir que des hommes comme interlocuteurs.

Plusieurs chiffres attestent à la fois le rôle central joué par les femmes dans les sociétés en voie de développement et les injustices flagrantes dont elles sont victimes : les femmes reçoivent 10 % des aides alors qu'elles effectuent 90 % des heures travaillées. Ce sont elles qui sont le plus touchées par le sida. Par ailleurs, 90 % des microcrédits sont sollicités et obtenus par des femmes, qui remboursent les mensualités à 95 %. Lorsque l'aide publique au développement parvient entre leurs mains, 95 % profiteront immédiatement à la famille. L'effet de levier pour atteindre les objectifs du millénaire est évident : les enfants sont alors nourris, soignés et scolarisés.

Voilà pourquoi la liberté des femmes est un axe majeur du développement. Il est primordial d'aider les femmes qui sont aujourd'hui privées de cette liberté à trouver une forme d'existence socio-économique et éducative propre à faire progresser la société de façon exponentielle.

J'en viens au dispositif que nous avons mis en place pour contribuer, à notre mesure, à un effort aussi bien bilatéral que multilatéral. Parmi les huit chantiers que j'ai ouverts à mon arrivée un chantier spécifique est consacré aux femmes. Il tend tout d'abord à intégrer les femmes dans tous les projets et dans les stratégies du ministère des affaires étrangères, dans les ambassades, au sein de l'Agence française du développement (AFD) et au niveau des ONG. Nous mettons en place des sessions de formation destinées aux collaborateurs pour qu'ils prennent systématiquement en compte la notion transversale de genre. Nous avons constitué un réseau d'experts et au sein du ministère des affaires étrangères, une conseillère, Mme de Matha, est spécialisée sur ces questions. Enfin, nous avons confié à une mission parlementaire, présidée par Mme Chantal Bourragué, le soin d'analyser nos engagements en ce domaine et de formuler de nouvelles propositions.

Sur le plan budgétaire, nous consacrons 20 millions d'euros à ce sujet, dont 14 millions transiteront par l'AFD. Sur ces 20 millions, 10 sont consacrés à deux dossiers principaux : une maternité en Afghanistan et une importante opération hydraulique gérée par des femmes au Burkina Faso. J'ai en effet voulu éviter le saupoudrage pour privilégier des actions importantes qui pourront servir de référence par la suite. Nous réservons par ailleurs 4 millions d'euros à des projets spécifiquement tournés vers les femmes proposés par des ONG françaises. Un appel à projets est lancé dans cette perspective Nous avons également délégué 3 millions d'euros aux ambassades, à qui nous demandons de faire émerger des projets en faveur des femmes.

C'est incroyable ce que les femmes aidées par les ONG peuvent réaliser avec seulement 10 000 euros ! Cela vaut mieux que tous les discours.

Enfin, nous avons consolidé 10 millions d'euros au microcrédit.

Même s'il est toujours possible de faire mieux, nous nous efforçons de mener une politique volontariste au plus près du terrain. Toutes les idées et suggestions des membres de la Délégation seront à cet égard bienvenues.

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