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Intervention de Jérôme Cahuzac

Réunion du 14 octobre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour le financement de l'économie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Cahuzac :

Alors, nous prendrons en effet nos responsabilités, en évitant que ce texte ne souffre d'une lenteur excessive de nos débats, car l'urgence est là. Pensez-vous cependant, chers collègues de la majorité, que le groupe socialiste peut vous suivre unanimement sur cette voie, quand vos orateurs nous le demandent dans les termes qui ont été les leurs et quand vous ne faites rien, par ailleurs, pour résoudre la crise économique et sociale, pourtant aussi douloureuse pour les Français que la crise financière, pour laquelle vous mobilisez 360 milliards d'euros ?

Vous en appelez à la responsabilité de l'opposition ; nous en appelons à celle de la majorité. La grande différence entre vous et nous, c'est que vous n'avez pas besoin de nos voix pour mettre en oeuvre votre politique, tandis que les voix de l'UMP seraient nécessaire pour vous en faire changer. Or ce changement est indispensable pour sortir le pays de la crise économique et sociale.

Plutôt que d'entamer un débat de fond qui permette d'évaluer l'efficacité réelle des mesures du paquet fiscal, vous préférez l'invective à l'endroit de la gauche, attitude tout à fait déplorable que vous condamniez lorsque vous siégiez dans l'opposition mais qui vous amuse aujourd'hui.

Vous en appelez à la responsabilité et à l'unité nationale. L'union nationale est une bonne chose à condition de ne pas la convoquer à tort et à travers. Le dernier à l'avoir invoquée, c'est Jean-François Copé, hier sur le perron de l'Élysée, ce qui pourrait ressembler à une anticipation fantasmatique, dont seul l'avenir nous dira si elle se concrétisera…

Quoi qu'il en soit, soyez bien certains que, qu'il soit sincère ou qu'il s'amuse, quand il appelle à l'union nationale, Jean-François Copé ne peut être crédible à nos yeux, encore moins après le geste qu'il a fait tout à l'heure, après le rejet par notre assemblée de l'exception d'irrecevabilité. Ce n'était ni digne d'un parlementaire ni a fortiori du président du groupe majoritaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Nous ne sommes pas sur un terrain de sport en train de disputer un match amateur entourés de pom pom girls pour les encouragements ! C'est une attitude tout à fait inadmissible, d'autant plus regrettable que ce n'est pas la première fois.

Sans trop d'originalité, vous avez, vous aussi, madame Lagarde, appelé à l'union nationale. Je ne saurais trop vous conseiller cependant d'être prudente en matière de formules. Vous avez indiqué que ce projet de loi marquerait un tournant historique. Mais vous nous aviez presque dit la même chose à l'été 2007 avec le paquet TEPA ; vous avez eu des propos quasiment définitifs sur la hausse des matières premières, vos affirmations sur l'inflation ne se sont jamais avérées et, il y a quelques semaines encore, vous prédisiez que la croissance se situerait légèrement en dessous des 2 % : il a fallu l'intervention du Premier ministre en personne, dans les heures qui ont suivi votre déclaration, pour que la vérité officielle corresponde à la vérité réelle.

Si j'ai l'air de vous accabler, madame Lagarde, c'est que vous êtes ministre de l'économie et de l'emploi et qu'à ce titre vos responsabilités sont éminentes. Souffrez donc que nous attachions du prix à vos déclarations, et acceptez que nous vous mettions en garde contre des formules qui, sur l'instant, peuvent paraître dictées par l'enthousiasme, la sincérité et votre certitude de bien faire, mais qui, depuis un an et demi que vous êtes ministre, ont souvent été cruellement démenties par les faits.

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