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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 11 octobre 2007 à 10h00
Groupe de suivi du « grenelle de l’environnement

Hervé Morin :

On observe en effet un accroissement global de la population mondiale. Mais celui-ci sera extrêmement modéré, dans la mesure où les populations intègrent un certain standard de niveau de vie et de civilisation qui se traduit par une limitation des naissances. Le problème démographique est bien réel, mais je crois que le spectre démographique n'est pas l'objet principal.

Il est possible actuellement de résoudre les problèmes fondamentaux de la faim. Ce qui empêche de les résoudre, ce sont des conditions politiques, des phénomènes de corruption dans les différents pays qui ne permettent pas d'acheminer les produits qui permettraient de la supprimer.

Le problème se pose au niveau politique et planétaire. Vous avez raison de penser que, ne serait-ce que sur le plan écologique, il faut une instance de gouvernance. Or cette instance n'existe pas. C'est ce qu'avait tenté la réunion de Paris en février dernier.

Les pays comme l'Inde, la Chine et la Russie sont en effet réticents. Ils ne voient pas pourquoi on leur imposerait des restrictions, alors que les autres pays sont déjà développés – et pas eux.

Ce n'est pas ainsi qu'il faut prendre le problème. Il faut passer par l'aide aux énergies renouvelables. La Chine, par exemple, pollue énormément avec ses centrales à charbon. Sans compter le redoutable problème des centrales nucléaires. Celles-ci ne sont pas polluantes dans l'immédiat, mais à long terme – que faire des déchets ? Et surtout, elles sont dépendantes des sources d'uranium, qui sont lointaines et qui peuvent échapper à tout contrôle. Disons que dans l'état actuel des choses, des centrales nucléaires en Chine pourraient au moins servir de relais.

L'aide à la fourniture d'énergies renouvelables permettrait à ces pays d'imaginer un avenir sans restrictions énergétiques. Il ne s'agirait pas de leur imposer des économies d'énergies, mais de leur fournir des énergies.

S'agissant de l'alimentation, il faut parler de l'élevage marin. La plupart des poissons que nous prenons sont domestiqués. Il faut seulement veiller à leurs conditions d'élevage.

En Afrique, on a détruit une agriculture de subsistance qui permettait à des familles de vivre dans une pauvreté aléatoire, mais digne, avec un minimum d'autonomie. Ces populations ont été déportées dans les bidonvilles, au profit des grandes exploitations. Cela a créé de grandes misères et des dépendances absolues.

Il faut essayer d'intégrer toutes ces considérations pour tenter de penser le problème.

En Russie, quand on parle de réchauffement climatique, les dirigeants imaginent avec plaisir qu'ils pourront faire pousser des vignes et des palmiers en Sibérie. Mais cela n'éloigne pas le danger, qui intéresse plus collectivement l'humain. L'élévation du niveau de la mer causera des dommages en Russie même.

Tous ces problèmes peuvent être vus comme des obstacles, mais ils peuvent être traités si on adopte cette voie.

Je remarque que nous recevons ici des agneaux de Nouvelle-Zélande, qui coûtent très peu là-bas, mais dont le transport nécessite de grandes quantités de carburants et véhiculent de grandes quantités de polluants. On a oublié l'alimentation de proximité. Quel intérêt a-t-on à faire venir en hiver des produits de printemps et d'été de l'hémisphère boréal ? Développer partout l'alimentation régionale et de proximité est important.

Tout cela pour vous dire à quel point ces problèmes doivent être pensés, articulés. Comme ces problèmes sont multiples, divers et reliés les uns aux autres, on a peur de le faire. J'aimerais que sorte de cet évènement une instance de réflexion permanente sur toutes ces questions.

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