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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 14 octobre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour le financement de l'économie — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Gilles Carrez a eu une idée géniale, comme souvent, certes, mais disons qu'il en a eu de meilleures. Il propose que les parlementaires ne participent pas à ces « sociétés » – après tout, aligner des chiffres, c'est loin de leurs préoccupations… Les questions économiques et financières seraient trop complexes pour eux. De Clemenceau, Gilles Carrez a bien retenu que lorsque pose un problème qu'on ne veut pas régler, on crée une commission. Mais comme il se doutait que, par un réflexe de Pavlov, on penserait immédiatement à Clemenceau, il a préféré parler de « comité de suivi ». Ce comité sera aux nouvelles « sociétés » ce qu'un directeur de conscience est à un pécheur impénitent dans la sainte église catholique : il le sait inredressable. À l'évidence, le comité de suivi ne servira que d'alibi.

Mes chers collègues, le Président de la République, qui décidément nous prend pour ce que nous ne sommes pas, a déclaré que « le contribuable sera gagnant du montant des commissions encaissées sur les garanties souscrites ». Mais que restera-t-il de ces commissions quand l'établissement bénéficiaire aura mangé la grenouille ? Il faut vraiment avoir peu de considération pour nos compatriotes pour leur vendre de telles billevesées !

Qui est responsable ? Nous, nous voulons préserver le système bancaire de l'effondrement pour en faire un levier du développement économique. Pour ce faire, il faut remplacer la logique du dividende par celle de l'intérêt général et du développement économique, faute de quoi nous sommes condamnés à retomber dans les mêmes ornières. Nous préférons la guérison à la rémission.

Il faut également sortir de la spéculation sauvage et de l'économie virtuelle, qui détruit l'économie réelle. Il faut un texte qui garantisse les banques, mais aussi l'économie, en investissant dans le logement et les infrastructures ; or, là-dessus, vous n'avez rien dit – je ne reviens pas sur les propositions de la semaine dernière. Vous donnez des garanties aux banques, mais où sont les garanties pour les salariés de Renault-Sandouville, que vous et votre ami Carlos Ghosn réduisez au chômage ? (Protestations sur les bancs du groupe UMP - Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Tout cela doit être placé sous le contrôle de la nation. Or qu'est-ce que la nation ? C'est l'État, le Parlement, les syndicats et les usagers. Il faut constituer un pôle financier public, placé sous la protection de la représentation nationale, des salariés des établissements financiers et, le cas échéant, des déposants.

Unir, a dit le Premier ministre. Oui, il faut unir notre peuple contre ceux qui le ruinent, unir ceux qui travaillent face à ceux qui profitent, unir les tenants de la morale républicaine face à ceux du « tout bizness » et de l'affairisme, rassembler dans l'action ceux qui sont fidèles à la Déclaration des droits de l'homme, à l'héritage de 1848, de la Commune, du Front populaire et de la Résistance ! Ensemble, préparons l'avenir ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Les Bastille existent toujours ; rendons à notre peuple l'espoir de les prendre et de faire reculer les privilégiés dont, aujourd'hui, les figures emblématiques s'appellent Nicolas Sarkozy et Laurence Parisot ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

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