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Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 22 octobre 2008 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Je sais que des discussions ont été engagées entre la marine – qui est la seule à avoir conservé un mode d'approvisionnement en combustible et de distribution autonome – et le service des essences des armées, le SEA. Où en sont-elles ? S'oriente-t-on vers un schéma d'interarmisation ?

Amiral Paul-François Forissier, chef d'état-major de la marine. Je serai franc. Je n'étais pas partisan d'un rattachement de la marine au service des essences des armées pour la bonne raison que, ce dernier ne traitant pas des combustibles navals, il ne détient aucune compétence en la matière. La compétence se trouve dans la marine. Les instances supérieures ont décidé que nous devions rentrer dans le rang, c'est donc ce nous ferons. Autrement dit, les personnes qui s'occupent des combustibles navals dans la marine intégreront le SEA.

Le dispositif de la marine est constitué de la manière suivante : un bureau d'achat à Paris, composé de cinq spécialistes de l'achat de pétrole sur le marché spot à Rotterdam ; des ouvriers qui s'occupent du stockage et de l'entretien de nos dépôts d'hydrocarbure. Cela représente en tout 148 personnes : 115 dans le service du commissariat de la marine nationale et 33 au service de soutien de la flotte. En dehors de cinq managers, tous ces personnels sont des ouvriers. J'espère – et je serai très vigilant sur ce point – que le service des essences des armées sera capable de la même performance, autrement dit qu'on ne viendra pas me demander davantage d'argent et de personnels, et qu'on me fournira la même qualité de service que dans le système actuel. Il ne faudrait pas que là où cinq spécialistes suffisent pour acheter du pétrole à Rotterdam, il en faille quinze dans dix ans au SEA.

On m'accuse parfois de faire du corporatisme et de mettre en avant la spécificité de la marine pour le plaisir ou pour préserver je ne sais quel avantage. Ce n'est pas ma faute si la mer mouille et si elle est salée, ce qui fait qu'il n'est pas possible de lui transférer les concepts de fonctionnement s'appliquant à terre. C'est ainsi, nous n'y pouvons rien. Il n'y a pas de vie en mer. Les êtres humains sont des terriens organisés pour vivre à terre. Les marins sont des gens un peu fous qui vivent autrement – et c'est pourquoi ils sont marins avant tout. La différence entre un pêcheur à la ligne et un pêcheur en mer, c'est que le second est marin avant d'être pêcheur. De même, les marins aviateurs sont marins avant d'être aviateurs. Ils font de l'aviation parce qu'ils ont trouvé plus intelligent de monter dans un avion plutôt qu'au sommet du grand mât pour voir au-delà de l'horizon, mais c'est un besoin de marin, pas d'aviateur.

Pour autant, nous connaissons bien le SEA puisque, étant spécialisé dans les combustibles aéronautiques, il travaille sur toutes nos bases aéronautiques navales et sur nos porte-aéronefs. Et il travaille bien puisqu'il est dans son coeur de métier. Toutefois, il va devoir intégrer à celui-ci un élément qui n'en faisait pas partie puisque les combustibles navals ne se trouvent pas à la pompe normale. Acceptons-en l'augure. Je fais confiance à son personnel et j'espère que l'expérience va fonctionner. De plus, nous avons besoin de travailler collectivement sur un certain nombre de choses.

Il faut réussir ce défi, comme cela a été le cas avec le service de santé des armées. C'est un joyau national qui nous rend un service colossal. Chaque fois que nous avons un problème, il est là et répond à la perfection à nos sollicitations. L'hôpital Sainte-Anne 2000 de Toulon n'aurait jamais vu le jour sans lui. Si nous étions restés avec un service de santé de la marine, cette dernière aurait trouvé 50 000 raisons pour affecter son argent sur ses bateaux. Le service de santé des armées est une interarmisation qui a réussi ; on sait donc qu'intellectuellement et pratiquement, c'est possible. Malheureusement, les autres expériences d'interarmisation n'ont pas toujours été aussi probantes.

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